Nouveau rendez-vous ici : les rencontres à l’American Cosmograph à Toulouse, le plus vieux cinéma du futur ! Pour leur Fanzine n°18, voici parmi tous leurs nombreux événements, les rencontres qui se déroulent avec une ou plusieurs personnes de l’équipe de film :
MARDI 27 FEVRIER à 20h30 : projection unique du film L’Amour et la révolution, suivie d’une rencontre avec le réalisateur Yannis Youlountas.
« Le monde n’a jamais changé du fait d’une majorité. En Grèce, nous assistons à une véritable gestation depuis neuf ans, bientôt dix. Nous sommes passés par toutes les étapes. La leçon de cette période exceptionnelle est sans doute qu’une seule façon d’agir ne suffit pas, que la diversité est notre richesse, que le respect mutuel parmi ceux qui luttent devrait nous accompagner partout et qu’on ne sait pas d’où viendra la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Mais une chose est certaine, c’est que pour sortir de l’impasse mortifère, changer profondément la société et sauver la vie, nous n’avons pas d’autre choix que l’amour et la révolution. » Yannis Youlountas.
DIMANCHE 4 MARS à 11h : projection unique du film La Terre et le lait, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Jeanne Bourgon.
Trois portraits, tout en finesse, d’irréductibles paysans dont le savoir faire, à contre-courant de l’évolution de l’agriculture et des modes de consommation dominants, respecte les équilibres naturels…
Miren, bergère basque au fromage unique élève seule ses brebis. Henri-Daniel et Aimée perpétuent la fabrication de leur fromage de vache dans les Alpes suisses. Les pétillantes sœurs Marie et Bénédicte s’occupent de leurs chèvres dans un hameau retapé de l’Aveyron. Au fil de leur parole singulière, les cadres soulignent la belle énergie de leurs gestes et de leurs visages.
LUNDI 5 MARS À 21h : soirée d’ouverture du Festival Ciné-Palestine Toulouse Occitanie : projection unique du film Ghost hunting, suivie d’une rencontre avec le réalisateur Raed Andoni.
En 2009, dans Fix me, Raed Andoni, atteint de migraines, filmait sa psychanalyse et laissait affleurer les causes de sa « prise de tête » : le conflit israélo-palestinien. Dans Ghost hunting, il imagine un dispositif pour faire émerger la parole de Palestiniens qui, comme lui et un quart de la population masculine, ont été détenus dans une prison israélienne. Acteurs, plombiers, maçons : les volontaires qui répondent à son annonce viennent préparer un film et avant tout construire son décor – la prison d’al-Maskobiya, ré-imaginée à partir de leurs souvenirs lacunaires puisqu’on leur y bandait les yeux. La construction donne à Andoni comme au petit groupe un « support » qui contourne la solennité du témoignage. Mais c’est le jeu de rôles – et surtout leur inversion – qui produisent de véritables moments de catharsis, comme lorsqu’un ancien prisonnier se laisse emporter par sa violence en jouant un interrogateur.
Peu à peu, le cinéaste met aussi les hommes palestiniens devant l’impératif d’héroïsme qui les entrave implicitement. À mesure que les murs de la fausse prison s’élèvent, ceux du passé tombent et les participants évoquent leur vie amoureuse. Enfants et compagnes apparaissent même dans ce décor soudain plus vivant, remplaçant opportunément les fantômes exorcisés. (D’après Charlotte Garson • Cinéma du Réel)
https://youtu.be/xX3bPiVYWi0
MARDI 6 MARS À 20h30 : projection unique du film Mariannes noires, suivie d’une rencontre avec la co-réalisatrice Mame-Fatou Niang.
Mariannes noires suit sept françaises d’origine africaine et caribéenne. Elles sont artistes, entrepreneures ou intellectuelles, et nous parlent de leur quotidien et de leurs aspirations. Mariannes Noires, ce sont sept récits qui s’enlacent et se font écho afin de lever le voile sur une histoire, celle d’une France multiculturelle qui n’est plus à imaginer, une France qui doute et s’épanouit dans la vie de jeunes femmes aux parcours à la fois atypiques et ordinaires. En évoquant des thèmes aussi divers que la famille, l’école, la beauté, le cheveu, l’entrepreneuriat, la place des minorités dans les arts, la littérature ou le monde académique, ce documentaire lève un coin du voile sur la vie d’Afro-Françaises et montre la réalité d’identités indubitablement métisses.
DIMANCHE 11 MARS À 11h : projection unique du film Ce qui nous est arrivé, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Cécile Lateule.
L’autogestion concrétise un désir d’organisation égalitaire mais est-ce réellement viable dans le monde professionnel ? Dans ce film, la réalisatrice nous donne à voir sa mise en application par l’APIAF, association toulousaine de lutte contre les violences faites aux femmes. Leur expérience autogestionnaire, instaurée par les fondatrices en 1981, demeure encore aujourd’hui la seule pratique imaginable pour ses 17 salariées. Et trente ans plus tard, à l’heure de la transmission, ce choix de gestion « utopique » semble toujours faire sens.
MARDI 13 MARS à 21h : soirée de clôture du Festival Ciné-Palestine Toulouse Occitanie avec la projection unique du film La Palestine du fil en aiguille, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Carol Mansour.
La réalisatrice Carol Mansour donne la parole à douze Palestiniennes aux itinéraires très différents, qui recomposent la toile de leur lutte en évoquant… la broderie, cet art qui a survécu à l’occupation. La robe traditionnelle d’une Palestinienne, le thawb (l’habit en arabe), allie l’art de broder à celui de narrer. Peindre à l’aiguille des figures abstraites ou symboliques propres à la culture palestinienne, c’est aussi donner matière à des récits inspirés de l’esthétique du vêtement.
Des poussières de vies disparates se tissent alors devant nos yeux… En exil, une artisane incorpore des soupirs de douleur à son ouvrage, avec la conscience de ressusciter une image de sa patrie. Une relique transportée de Palestine et pétrie d’une Palestine nouvelle, ré-imaginée au gré de mémoires « transmises ». La broderie est de ces choses qu’un persécuté emmène avec lui et remodèle. Comme le souvenir. Avec le même désir de le ranimer. Dans ce joli documentaire, le thawb devient l’objet le plus apte à assouvir cette obsession, ce rêve qu’un « orphelin » se fait de ses parents. À travers cette pièce de tissu et les destins des femmes qui l’évoquent, Carol Mansour dresse un portrait de l’histoire d’un pays qui ne cesse de se recoudre. (D’après Sandra Noujeim • L’Orient-Le Jour)
DIMANCHE 18 MARS À 13h40 : projection unique du film Brooklyn Village, suivie d’une rencontre avec la comédienne Paulina García.
« Dans le septième long-métrage d’Ira Sachs, porté par un casting d’une exceptionnelle justesse, tout fait écho, tout glisse, même la douleur, même la violence, même la fin. Exercice de style majeur, Brooklyn Village nous confronte à un réel cadré selon Ozu et au bonheur du cinéma qui n’oublie pas ses maîtres, notamment Pialat ou Cassavetes dans Opening Night. » Critique de Danielle Lambert à lire en entier sur notre site.
DIMANCHE 18 MARS À 20H15 : avant-première du films Les Bonnes manières, suivie d’une rencontre avec le co-réalisateur Marco Dutra.
« Ana est une future maman fashion, vivant dans un appartement tout droit sorti d’un magazine de décoration, et à la recherche d’une nounou. Se présente Clara. Jeune infirmière réservée, en proie à des difficultés financières et mentant sur ses références, elle est cependant engagée suite à un concours de circonstances médicales. C’est surtout qu’un courant particulier a circulé entre les deux femmes. Leur relation sera l’un des axes du film, faisant évoluer Ana la délurée et Clara l’intériorisée. Si Les Bonnes manières n’est pas une comédie, on y notera toutefois de-ci-delà un ton quelque peu décalé, comme un mystérieux point d’achoppement entre deux personnalités très différentes, qui se rejoignent. Avant que le fantastique ne s’immisce par l’entremise des mystérieuses crises de somnambulisme de Clara. » Critique d’Audrey Jeamart à lire en entier sur notre site.
https://youtu.be/hLUZbc54afQ
JEUDI 22 MARS À 20h30 : projection du film Mala junta, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Claudia Huaiquimilla.
Tano, un ado difficile, est envoyé dans l’extrême sud du Chili chez son père qu’il n’a plus revu depuis des années. C’est la dernière étape avant la maison de redressement, solution dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle aurait des effets dévastateurs sur le jeune homme… Les retrouvailles avec ce père « étranger » et l’adaptation à un nouvel environnement sont semées de difficultés… Rapidement, Tano fait la connaissance de Cheo, victime de discriminations au lycée à cause de son appartenance sociale : il est Mapuche, une communauté aborigène en lutte dans le sud du Chili pour préserver ses terres ancestrales contre l’exploitation industrielle de cellulose…
De manière très subtile, le récit nous amène à prendre de la hauteur et la grande Histoire s’immisce peu à peu dans les préoccupations de Tano et Cheo… Claudia Huaiquimilla, jeune réalisatrice chilienne et mapuche, s’est inspirée de sa propre adolescence pour construire ses personnages, ainsi que de divers événements liés au conflit pour enrichir son scénario. Entre film initiatique, sur le passage à l’âge adulte et la quête d’identité, et film politique, engagé à dénoncer une forme d’injustice sociale, Mala junta est une œuvre touchante et sensible dont les différents propos parviennent à atteindre une forme d’universalité sans jamais tomber dans la caricature.
SAMEDI 24 MARS à 14h : dans le cadre du Festival Pink Paradize, projection unique du film Quand la mer monte, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice et actrice Yolande Moreau.
Au fil d’une tournée en one woman show dans le Nord de la France, Irène choisit chaque soir son « poussin » au sein du public, celui qui l’entraînera sur « les cimes enchantées de l’amour ». Un jour, c’est Dries, un gars nature, blagueur et candide qui est désigné… Après le spectacle, va s’esquisser entre eux une romance timide dessinée par petites touches, avec beaucoup de générosité et de pudeur. Balancement entre l’illusion et la réalité, entre l’excessif et le presque rien, émerge de cette histoire un drôle de désarroi, doux, distillé par la « grande Yolande ». Elle est l’âme poétique de ce film qui réhabilite l’élégance du cœur. (D’après Jean-Claude Loiseau • Télérama)
DIMANCHE 25 MARS À 11h : avant-première du film Après l’ombre, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Stéphane Mercurio.
Stéphane Mercurio travaille depuis longtemps sur la thématique carcérale. Après À côté ou À l’ombre de la république, elle filme ici la parole de « longues peines » suite à leur sortie de prison, parole mise en scène par Didier Ruiz dans un projet théâtral, artistique mais aussi cathartique. Cette initiative naît de la sémantique : comment raconter une longue peine ? Il est étrange que la même expression évoque une punition carcérale et un chagrin difficilement surmontable…
Les répétitions commencent avec André, Annette, Éric, Alain et Louis. Ils ont vécu de longues années de prison (ou suivi un proche depuis l’autre côté du mur), ils ont connu l’incompréhensible et l’indicible et ils avancent fébrilement vers cette parole difficile à exprimer, à assumer et à déclamer. Ce qui se joue dans ce dispositif est assez formidable, parce que le théâtre a une valeur thérapeutique. Les personnes/personnages qui évoluent devant nous et racontent leurs histoires se transforment, s’affirment… Grâce aux regards de leurs partenaires de jeu, ils prennent finalement conscience des atrocités qu’ils ont pu vivre. Après l’ombre est un documentaire extrêmement émouvant et absolument essentiel pour comprendre un peu mieux ce qu’est la prison, ce que crée la prison et pourquoi, inévitablement, elle ne peut pas être une solution socialement acceptable aux pires crimes et aux pires délits.
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