Pour son nouveau programme allant de mai à juillet, la Cinémathèque de Toulouse consacre deux rétrospectives majeures à deux cinéastes états-uniens qui le sont tout autant : Gus Van Sant et Nicholas Ray. Présentation en deux temps de ces deux événements phares qui débutent ce vendredi 19 mai. Place cette fois à Nicholas Ray.
Si elle est restée célèbre pour une œuvre éminemment culte, La fureur de vivre (1955), et pour le mythe James Dean qu’elle contribua à faire naître, la filmographie de Nicholas Ray apparaît aujourd’hui comme l’une des plus atypiques de l’âge classique. Sans doute cela s’explique par le fait qu’elle ne correspond pas exactement à l’image que l’on se fait de ce cinéma connu pour ses happy ends. Ses films semblent en effet toujours empreints d’un léger décalage, d’une sorte de non-coïncidence avec le parcours balisé des protagonistes hollywoodiens. Que l’on songe seulement au Violent (1950) où la solidité habituelle d’Humphrey Bogart est minée par un trouble dont il ne parvient pas à se défaire, marquant ainsi une rupture nette avec le héros classique. Cette figure du rejeté, du misfit, se retrouvera dans la plupart de ses opus où affluent des rebelles sans cause portés par une même fureur de vivre qui se heurtent à un système enlaidi et corrompu. C’est ce conflit qui donne à certains de ses œuvres leur rage désespérée et leur vibration tragique.
Débutée en 1949 avec Les Amants de la nuit et terminée en 1963 avec Les 55 Jours de Pékin, l’œuvre hollywoodienne de Ray n’aura finalement duré que quatorze ans. Mais elle aura été particulièrement féconde puisque le réalisateur aura réussi à tourner vingt-quatre films durant cette courte période, affichant ainsi un même sentiment d’urgence que celui animant la plupart de ses héros. Arrêtant sa carrière en 1963 à la suite d’un arrêt cardiaque, Ray mène alors une existence difficile, fragilisée par son alcoolisme et par ses soucis financiers. Il revient ensuite au cinéma en 1973 par une voie que l’on pourrait qualifier de contre-culturelle – signe que l’époque a changé – en réalisant une œuvre inclassable avec ses étudiants de l’université de New York. Sa dernière incursion dans le septième art intervient en 1979 lorsque Wim Wenders filme les derniers moments de son existence avant qu’il ne s’éteigne, le 11 juin de la même année.
C’est donc sur cette filmographie enfiévrée et sans doute encore trop méconnue que la cinémathèque de Toulouse nous propose de revenir, à travers cette rétrospective qui s’étendra du vendredi 19 mai, avec la projection du Violent à 19h, au dimanche 2 juillet à 16h, avec la présentation de Secret de femme (1949).
L’ensemble de la programmation est disponible ici.
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