Le groupe d’études interdisciplinaire sur le Venezuela, le Geiven, organise le 12 Juin une projection de Shawantama’ana, lugar de espera à la Maison de l’Amérique Latine. Derrière la caméra pour ce documentaire produit par Jannaky Tsioros, une jeune vénézuélienne, Yanilú Ojeda. Filmer le quotidien des populations andines, c‘est ça qui la motive. Tout comme sa consoeur colombienne, Priscila Padilla. Exemple avec El Noticiero Indígena, 32 reportajes documentales qu’elle réalise entre 2004 et 2006. Pour Shawantama’ana, lugar de espera, elle part à la rencontre des Wayúu. Cette société matrilinéaire connue pour sa production de textiles de grande qualité, entre autre les chinchorros, occupe des territoires frontaliers en Colombie et au Venezuela. Pour des raisons économiques, la plupart ont migré dans des zones urbaines.
Shawantama’ana, lugar de espera est un riche documentaire aux plans originaux, et à la photographie somptueuse. Il sera projeté à 21:00. Sera présente à cette occasion Yanilú Ojeda, la réalisatrice auteur des précédents documentaires : Mea Culpa (2000), Hijos de la Tierra (2002), Yo soy Luis Terán (2003), Los Lienzos del Pueblo (2004), Al otro lado del río (2005), El Hospital (2005), El terminal de Pasajeros de Maracaibo (2006), El Noticiero Indígena, 32 reportajes documentales (2004-2006) y Alirio Díaz Corazón de Guitarra (2008). Shawantama’ana, lugar de espera suit le retour dominical des Wayuu sur la terre de leurs ancêtres, dans la péninsule de la Guajira au nord du Venezuela. Une terre semi-désertique mais magique que certains habitent encore en communautés dispersées.
Ce pèlerinage débute dans un débarcadère de marchandises au Nord de Maracaibo. Là, chaque dimanche, hommes, femmes, enfants, personnes âgées s’entassent à bord de camions de fortune pour gagner la péninsule. Un voyage épique qui permet à ces voyageurs de renouer avec leur culture. Une culture orale, pastorale menacée, comme malheureusement beaucoup d‘autres. Des dispositions internationales tentent d’y remédier comme le programme de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel mené par l‘UNESCO. Depuis 2002, les Wayuu reçoivent le soutien d’une fondation dédiée, la fondation Wayuu Taya créée par le mannequin et actrice d’origine Wayuu, Patricia Velasquez. C’est notamment grâce à cette dernière et au festival de la culture Wayuu qui se déroule chaque année à Urubia en Colombie, qu’ils font perdurer leur culture. Ce qui ne les empêche nullement par ailleurs de s’adapter à la modernité, et de répondre positivement à la pluralité culturelle tout en gardant leur identité comme le prouve cette réflexion de l’ethnologue Michel Perrin.
« A chaque retour de terrain, lorsque, venant de lieux où « la tradition » semblait préservée, je séjournais aux marges du territoire indigène ou dans les faubourgs de Maracaibo pour visiter les descendants ou les parents exilés de ma « famille wayuu », j’éprouvais un choc : les institutions, les mécanismes que je m’étais efforcé de comprendre, les modèles que j’étais venu mettre à l’épreuve semblaient hors de propos ou dérisoires dans un monde où les contraintes nouvelles étaient telles que le système traditionnel devenait désuet… Face à ces contradictions l’ethnologue éprouve parfois solitude et lassitude. Il doit pourtant se défier d’une vision radicalement pessimiste, devenue de tradition dans les ouvrages ethnographiques et propre à la pensée immédiate qui oppose sans cesse le « de mon temps » à l' »aujourd’hui »… En 1893, revenant de chez les « Indiens goajires », le voyageur H. Candelier concluait son livre en affirmant qu’on ne les coloniserait pas, on les détruirait. Il leur promettait une décennie de survie. Plus de cent ans après, la culture wayuu s’est certes modifiée, mais elle est encore bien vivante ». (1)
(1) in Les practiciens du rêve, 1992, cité in conférence Minorités ethniques, interculturalité et mondialisation, le point de vue d’un ethnologue, Novembre 2009, Univ. de La Réunion.
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