Plus grand festival de cinéma de patrimoine au niveau mondial et plus gros événement du genre dans la métropole lyonnaise, la 13ème édition du Festival Lumière arrive à grands pas. Après un cru 2020 qui avait tenu bon en dépit de la mise en place d’un couvre-feu en milieu de manifestation et des jauges de salles réduites, cette année devrait – on l’espère – se dérouler dans des conditions moins contraignantes.
Tout un symbole, alors que Julia Ducournau est devenue en juillet dernier la deuxième femme de l’Histoire du Festival de Cannes à recevoir la Palme d’Or pour Titane, le Prix Lumière sera remis à sa prédécesseur , Jane Campion. Cinéaste néo-Zélandaise remarquée dès ses débuts dans le court-métrage (Meilleur film expérimental aux Australian Film Institue Awards de 1984 pour Passionless Moments, Palme d’or du court-métrage à Cannes en 1986 pour An Exercise in Discipline – Peel), elle marque les esprits en 1990 avec Un Ange à ma table. Grand prix du jury à la Mostra, adaptation des romans autobiographiques de Janet Frame, ce deuxième long-métrage la place au premier plan du cinéma mondial. Elle connait la consécration trois ans plus tard avec La Leçon de Piano (projeté en séance de clôture en présence de la réalisatrice), qui après son triomphe cannois remporte plusieurs oscars (meilleur actrice pour Holly Hunter, meilleur second rôle féminin pour Anna Paquin, meilleur scénario original) et le césar du meilleur film étranger. L’intégralité de ses longs-métrages seront diffusé au cours du festival ainsi que deux courts, An Exercise in Discipline – Peel et Le Journal de l’eau, cela inclut une exclusivité précieuse, la projection en avant-première de son dernier effort, The Power of The Dog. Lion d’argent de la meilleur réalisation à la Mostra début septembre, le film sortira en exclusivité sur Netflix le 1er décembre prochain, il s’agira donc de l’une des rares projections sur grand-écran en France.
Trois autres projets distribués par Netflix auront droit à leurs séances avant-première à l’occasion du festival, parmi lesquels les débuts en tant que réalisatrices de Rebecca Hall et Maggie Gyllenhaal, Clair-Obscur et The Lost Daughter. La Main de Dieu de Paolo Sorrentino, Lion d’argent – Grand Prix du Jury à la Mostra, complète ce panel d’AP de sorties SVOD en salles obscures. Le cinéaste italien fait également l’objet d’une invitation, il tiendra une masterclass le dimanche 10 Octobre au matin, tandis qu’une partie de son œuvre figure au programme. Outre les célèbres et grandioses Il Divo et La Grande Bellezza, qui ont largement contribué à sa reconnaissance internationale, on invite à découvrir son deuxième long-métrage, Les Conséquences de l’amour, drame policier délocalisé en Suisse, porté par son acteur fétiche Toni Servillo. On y trouve les prémisses du style flamboyant qui caractérisera le cinéma de son auteur et un alter égo dément dans le rôle titre. Au rayon des avants-premières, on retrouve également Julie (en 12 Chapitres) de Joachim Trier (en sa présence), prix d’interprétation féminine du festival de Cannes 2021, Cry Macho, le grand retour devant et derrière la caméra de Clint Eastwood, ainsi que Vortex de Gaspar Noé, qui viendra accompagné de ses comédiens, Dario Argento et Françoise Lebrun, présenter son film attendu pour 2022 en sortie nationale. Immense comédienne ayant travaillé avec Luis Buñuel, Rainer Werner Fassbinder, Claude Chabrol, Raoul Ruiz etc, Bulle Ogier a droit à une retrospective. Deux superbes films font partie de la programmation qui lui est consacrée, La Salamandre d’Alain Tanner, qui la révéla au grand-public au début des années 70 mais aussi, le très puissant Maîtresse de Barbet Schroeder, romance torturée entre une dominatrice SM et un provincial campé par Gérard Depardieu.
Cinéaste d’une Amérique bouleversée et paranoïaque (Les Trois jours du Condor), ou, à l’inverse, metteur en scène lyrique et purement hollywoodien (Out of Africa), Sydney Pollack est aussi l’auteur de pépites méconnues. Le Festival se chargera, cette année, de mettre à l’honneur certaines d’entre elles, à l’instar d’Un Château en enfer, film de guerre avec Burt Lancaster et Peter Falk, Propriété interdite, qui marque la rencontre entre Robert Redford, Natalie Wood et Charles Bronson, et surtout de Yakuza, polar écrit par Paul Schrader qui met la légende Robert Mitchum en tête d’affiche. L’Institut Lumière s’est depuis toujours, donné pour mission de valoriser le cinéma de patrimoine hexagonal. Cette édition 2021 du festival sera l’occasion de redécouvrir un auteur populaire à la carrière dense et variée : Gilles Grangier. Réalisateur de certains grands succès de Jean Gabin (Les Vieux de la vieille, Le Cave se rebiffe), il fit tourner les plus grandes stars (Lino Ventura, Bernard Blier, Fernandel, Arletty, Danielle Darrieux…) et posa un regard à part sur la France des années 50 et 60, à l’image du drame social Sous le signe du taureau. Véritable touche-à-tout, il était à l’aise dans tous les genres, de la comédie au polar (son inoubliable Maigret voit rouge) et l’événement verra certains de ses films méconnus (Gas-Oil, Train d’enfer) projetés en copies restaurées. Un incontournable. Première réalisatrice japonaise de l’histoire (elle signe Lettre d’amour en 1953), Kinuyo Tanaka sera également mise à l’honneur cette année. Après des premiers pas en tant qu’actrice chez Ozu, Naruse ou Mizoguchi (excusez du peu), elle se tourne vers la mise en scène et tourne six longs-métrages, dans lesquels les figures féminines (même les plus provocantes) se retrouvent centrales. Toutes ses réalisations seront projetées ainsi que Le Lis de mer, de Jacqueline Audy et Hard, Fast and Beautiful ! d’Ida Lupino (autre femme cinéaste à contre-courant) pour lesquels elle retrouve son métier de comédienne.
Parmi les événements notables, signalons les masterclasses accordées à Edgar Morin, Philippe Sarde et Edouard Baer (dont la dernière réalisation, Adieu Paris, sera diffusée en avant-première), un retour sur la mouvance Blacksploitation (et ses débuts en 1971 avec Sweet Sweetback’s Badasssss Song du regretté Melvin Van Peebles) ou encore la célébration des cinquante ans de carrière du grand Clint Eastwood. Diverses nuits seront également au programme, l’une dédiée à la saga Jurassic Park, en présence de Juan Antonio Bayona (réalisateur de Jurassic World – Fallen Kingdom) ou à la J-Horror (horreur japonaise) avec la projection de Ring, Audition et Dark Water. Un triptyque restauré par La Rabbia qui propose aussi de redécouvrir la trilogie Infernal Affairs en copies flambants neuves. Dans la section Lumière Classics, plusieurs pépites notables, parmi lesquelles on recommande chaudement Millenium Mambo d’Hou Hsiao Hsien et surtout, Passion d’Amour d’Ettore Scola, porté par le regretté Bernard Giraudau. Enfin, un hommage sera évidemment rendu à Bertrand Tavernier, directeur de l’Institut Lumière, disparu en mars dernier. On vous laisse désormais éplucher la programmation dans son entièreté et préparer soigneusement votre festival !
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