La Berlinale 2023 à peine terminée, nous avons appris avec la plus profonde consternation que Ruben Ôstlund allait présider le jury longs métrages de Cannes 2023. Qu’on aime ou non son cinéma controversé, c’est une chose, mais qu’on nous l’impose encore avec tous les plus grands honneurs comme une figure incontournable du cinéma, après deux Palmes d’Or très discutables en seulement six ans d’écart, cela ressemble à une lassante et épuisante provocation qui n’aurait que pour but d’agacer durablement les cinéphiles franchement peu convaincus par le suédois cynique qui se voudrait impertinent mais qui n’a en réalité rien de vraiment subversif. En tout cas, cela ne devrait pas être difficile pour lui et son jury de décerner un meilleur palmarès que Vincent Lindon l’année dernière.
Mais bref, passons à ce qui nous intéresse. Quels films feront partie de Cannes 2023 ? Jouons le jeu des pronostics, grâce à quelques sources bien informées tout de même. Evidemment, rien d’officiel ici.
Pedro Almodovar avait tout de même annoncé que son western gay de trente minutes, Strange Way of Life, avec Ethan Hawke et Pedro Pascal, y sera présenté. Peut-être en ouverture?
Rien d’officiel encore, mais il devrait y avoir des gros poids lourds en hors-compétition, cela semble bien parti pour Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese et Oppenheimer de Christopher Nolan qui devraient faire exploser la billetterie en ligne et mettre les festivaliers dans tous leurs états.
On ne serait pas surpris d’y retrouver Coup de Chance, le 50ème film de Woody Allen et son tout premier tourné entièrement en français. En revanche, on ne sera pas autant optimistes sur The Palace de Roman Polanski, qui semble presque persona non grata.
Bizarrement, aucun écho sur le très excitant Barbie de Greta Gerwig, qui y trouverait pourtant toute sa place, plutôt que les acrobaties du vieux Harrison Ford fatigué dans le cringe Indiana Jones 5 de James Mangold. Et enfin, Fast X du frenchie Louis Leterrier sera-t-il projeté au Cinéma de la Plage, comme le précédent? On y verrait bien aussi le Carmen de Benjamin Millepied ainsi que le Dogman de Luc Besson, qui semblent plus taillés pour le public de la plage que pour la presse exigeante.
En film de clôture (ou « dernière séance » comme l’a rebaptisé Frémaux), on met une pièce sur Une année difficile de Toledano-Nakache.
Maintenant, voilà les films qu’on est à peu certains de retrouver en compétition :
– Les Herbes Sèches de Nuri Bilge Ceylan (qui devrait durer 3h20)
– Poor Things de Yorgos Lanthimos
– The Old Oak de Ken Loach
– Limonov de Kirill Serebrenikov
– Club Zero de Jessica Hausner
– Monster de Hirokazu Kore-eda
– La Colline parfumée d’Abderrahmane Sissako
Sans oublier un nouveau et mystérieux Michel Franco, sans titre, tourné à New York avec Jessica Chastain.
Et le probable retour de vieux maîtres après plusieurs années d’absence.
– Les Feuilles Mortes d’Aki Kaurismäki
– Cerrar Los Ojos de Victor Erice
Et ceux-là, peut-être pour Un Certain Regard ou la Quinzaine ?
– Do Not Expect Too Much of the End of the World de Radu Jude
– MMXX de Cristi Piui
– Le Retour de Saturne de Jonas Trueba
– La Honte de Vladimir Perisic
Côté US, on devrait sans doute retrouver Asteroid City de Wes Anderson (sortie prévue le 21 juin). Les autres prétendants plus sérieux semblent être The Bikeriders de Jeff Nichols, Priscilla de Sofia Coppola et May/December de Todd Haynes. N’oublions pas le premier film solo d’Ethan Coen (toujours sans titre), un road-movie avec Margaret Qualley. Et pourquoi pas le Hitman de Richard Linklater ? Et Love Lies Bleeding de Rose Glass avec Kristen Stewart ? Quant à The Way of the Wind de Terrence Malick, il serait toujours perdu dans les limbes de la post-production.
Notons que l’Italie a cette fois quatre gros prétendants pour la compétition. Y seront-ils tous? Lequel sera sacrifié? Le mystère reste entier. Même si Alice et Marco semblent favoris.
– La Chimera d’Alice Rohrwacher (qui fera l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou en décembre)
– La Conversione de Marco Bellocchio
– Le Soleil de l’Avenir de Nanni Moretti
– Io Capitano de Matteo Garrone
Maintenant, passons aux incertitudes.
Cela fait un bout de temps qu’on est sans nouvelles de Selvajaria de Miguel Gomes et de Eureka de Lisandro Alonso, déjà espérés l’an dernier. Sont-ils enfin prêts?
Le très attendu How do you Live? de Hayao Miyazaki sortira en juillet au Japon mais voudra-t-il le présenter en première mondiale à Cannes, sinon à Venise ? Ou simplement ne faire aucun des deux. Rien n’est certain avec lui.
Enfin, on espère qu’Abdellatif Kechiche, après 38 427 remontages, aura enfin trouvé une forme définitive pour son Mektoub my Love : Canto Due. Une chose est sûre: on ne reverra plus jamais la version work-in-progress de Intermezzo projetée en 2019 dans un climat chaotique.
Et Jean-Luc Godard? Il était question de deux projets intitulés Scenario et Funny Wars. Sont-ils achevés à titre posthume et complétés par ses plus fidèles collaborateurs comme Fabrice Aragno? Seraient-ils des courts métrages qui feront l’objet d’une séance spéciale? Il est étonnant de n’avoir aucune information claire à ce sujet.
Et comme chaque année, c’est évidemment la sélection française qui reste toujours la plus incertaine à pronostiquer, Thierry Frémaux faisant son choix à la dernière minute, la veille de l’annonce. Et comme toujours, les prétendant-e-s français sont nombreux-ses. Qui y sera au final? Qui acceptera Cannes Première? Qui voudra accepter une invitation à Venise plutôt que d’espérer jusqu’au bout une confirmation dans le plus grand stress ?
Réalisatrices françaises :
– L’Été dernier de Catherine Breillat
– L’Amour et les Forêts de Valérie Donzelli
– Jeanne du Barry de Maïween
– Le Retour de Catherine Corsini
– Le Temps d’Aimer de Katell Quillevéré
– Le Consentement de Vanessa Filho
– Anatomie d’une Chute de Justine Triet
– Toutes pour une de Houda Benyamina
– Bernadette de Léa Domenach
Réalisateurs français :
– La Bête de Bertrand Bonello
– L’Empire de Bruno Dumont
– L’Île Rouge de Robin Campillo
– Le Bal des Folles d’Arnaud Des Pallières
– Le Règne Animal de Thomas Cailley
– Le Livre des Solutions de Michel Gondry
– Un métier sérieux de Thomas Lilti
– Daaaaaali ! de Quentin Dupieux
– Vincent doit mourir de Stephen Castang
– Et la fête continue de Robert Guédiguian
Sans oublier le belge Joachim Lafosse pour Un Silence.
Et enfin, pardon à tous les oublié-e-s qui me lisent. C’est le jeu.
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