Jacques Tourneur, ce génie des ombres, reste l’un des plus grands cinéastes de la peur, par sa conception d’une angoisse tapie dans l’obscurité, basée bien plus sur l’ellipse visuelle, le danger invisible, le rodeur tapi dans les ténèbres que sur l’explicite. Car c’est l’emprise de l’inconnu qui accélère le pouls chez Tourneur, nous éblouissant autant qu’il nous tourmente. On imagine un peu la tristesse de Tourneur visionnant atterré, les délires numériques qui ont emprisonné le fantastique de ces dernières années, arguant que puisque grâce aux nouvelles technologies, tout est montrable, il faut tout éclairé et laisser aucune part à l’obscurité. De la Féline à Vaudou, ce sont les bruissements, les visages non découverts, les silhouettes, tous les mouvements pouvant se dessiner contre un mur qui suscitent l’épouvante, une sensation anxiogène dont le lyrisme poétique n’a d’égale que la beauté expressionniste.
La fameuse apparition controversée du monstre sur les rails dans le final de Rendez-vous avec la peur (1957) n’en est que d’autant plus incongrue dans sa filmographie, comme un détail qui n’appartient pas au cinéaste dans un chef d’œuvre absolu du cinéma fantastique, à ranger aux côtés de Haunting de Robert Wise ou Les Innocents de Clayton. Portée par l’interprétation impériale de Dana Andrews, fabuleuse adaptation de « Casting the Runes » de MR James, Rendez-vous avec la peur et son parchemin magique dont chacun essaie de se séparer pour échapper à la malédiction est un conte fantastique magistral nourri à l’occultisme et à la démonologie doublé d’un des rares avatars réussis de surnaturel celtique.
L’édition que nous propose Powerhouse Films – Indicator restaurée en 2K est tellement saturée complète qu’elle nous coupe le souffle. Le film nous est présenté dans quatre versions différentes, accompagnées d’un livret de 80 pages, d’un poster double-face et d’une foule de suppléments. Jugez plutôt.
• Restauration 2K de 2013 par la BFI de la version de 96 minutes
• Version restaurée remastérisée de la version de 82 minutes
• Les 4 versions du film : Night of the Demon – version complète de 96 mins, le montage cinéma anglais de 82 mn; Curse of the Demon – le montage original US de 82 mn, ainsi que la re-édition de 96 mn US.
• Commentaires audio de l’historien du cinéma Tony Earnshaw, auteur de Beating the Devil: The Making of ‘Night of the Demon’
• Speak of the Devil : The Making of ‘Night of the Demon’ (2007): documentaire avec des interviews de Peggy Cummins, du production designer Ken Adam et des historiens du cinéma Tony Earnshaw et Jonathan Rigby
• Dana Andrews on ‘Night of the Demon’ : un rare interview audio de Dana Andrews par Scott MacQueen
• The Devil’s in the Detail (2018) : Christopher Frayling parle de Night of the Demon avec le production designer Ken Adam
• Horrors Unseen (2018) : une discussion autour de Tourneur avec Chris Fujiwara, auteur de Jacques Tourneur: The Cinema of Nightfall
• Sinister Signs (2018) : analyse par Kim Newman, auteur de Nightmare Movies
• Under the Spell (2018) : l’écrivain d’épouvante anglais Ramsey Campbell évoque la rencontre entre l’univers de MR James et celui de Tourneur.
• The Devil in Music (2018) : David Huckvale, auteur de Movie Magick: The Occult in Film, évoque la partition de Clifton Parker’s.
• The Devil Gets His Due (2018) : Scott MacQueen, historien du cinéma et conservateur, revient sur l’historique des différents montages de Night of the Demon
• The Truth of Alchemy (2018) : une discussion autour de M R James et de ‘Casting the Runes’ par Roger Clarke, auteur de A Natural History of Ghosts: 500 Years of Hunting for Proof
• Cloven In Two (2018) : ce petit supplément compare les 4 versions du films.
• Escape: ‘Casting the Runes’ (1947) : une pièce radiophonique adaptant la nouvelle originale de MR James
• Super 8 version : présentation de la version cut originale
• Musique et effets isolés sur la version US cinéma
• Bande annonce US originale de Curse of the Demon
• Image galerie photos : photographies de plateaux, esquisses préparatoires rares issues de la collection de Ken Adam de la Deutsche Kinemathek’s
• Sous-titres anglais pour sourds et malentendants
• Le livre de 80 pages comprend un nouvel essai de Kat Ellinger sur M R James et ses histoires de fantômes, un retour sur l’histoire de la production du film, un texte de Margaret Murray, consultante en sorcellerie, l’histoire des démêlés du film avec le BBFC, une comparaison des différentes versions du film, une évocation de la fin originale du scénario de Charles Bennett, ainsi qu’un choix des réactions critiques contemporaines.
Combo Blu-Ray / DVD édité par Powerhouse films
Les films possèdent des sous-titres en anglais uniquement.
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