Après sa courte incursion dans les années 70 pour Sweet Tooth, son roman de l’an dernier, Ian McEwan revient à notre époque avec aplomb et pessimisme. Le système juridique anglais est abordé à travers le personnage de Fiona Faye, magistrate aux affaires familiales depuis de nombreuses années. Loin de l’aura étrangement fantasmée du métier de juge pour enfants, le quotidien professionnel de Fiona est lourd, complexe et envahissant, ce qui l’arrange parfois.

Sans cesse, Ian McEwan passe d’une rigueur austère à une sensibilité pointue pour faire intervenir sa narratrice. Malgré le talent de l’auteur pour captiver immédiatement son lecteur et bien que le personnage de Fiona inspire respect et empathie, ce nouveau roman manque de rondeur pour être apprécié comme tel. Courte et elliptique, l’histoire navigue entre états d’âme, jurisprudence, métaphores, et laisse le lecteur sur sa faim.

Une maison vide, un couple en difficulté, une société qui perd ses repères et ses valeurs, des drames et des verdicts sans happy-end : la sombre addition tourne au cynisme. L’écrivain semble poser constamment la même question tout au long du livre : où se trouve la place du rêve dans notre société moderne ? Quelques fulgurances traversent son récit, notamment la musique et la poésie, un verre d’alcool, une promenade… sans toutefois réellement emporter ni convaincre.

Paru le 01/10/15 aux Editions Gallimard.