Azadée Nichapour – Parfois La Beauté (archives)

Sorti en 2008, ce recueil de poésie de la femme de lettres Azadée Nichapour aura attendu bien des années pour venir fortuitement jusqu’à nous ; l’occasion de rendre un discret hommage aux belles lois du hasard. Riche de deux segments intitulés « Exils » et « Beauté », Parfois la beauté est une promenade à travers une psyché, celle d’une jeune femme inconsolable de la vie ou plutôt de la mort mais aussi celle d’une femme et d’un corps en mouvement vers soi comme vers l’autre.

« Ne pleure pas après les bateaux qui partent »… Azadée Nichapour est une enfant de l’Iran, pays qu’elle quitta avec sa famille aux premières heures de la révolution. Le déracinement est une composante forte de son travail sans pour autant, loin de là, qu’on puisse l’y circonscrire. Car bien plus que la thématique de l’exil c’est la notion d’absence au sens le plus large qui transparait de l’ensemble. Absence du pays des premiers jours certes, absence de l’enfance elle-même tout autant mais absence aussi de l’autre, absence de la vie également et présence forte a contrario de la mort au bout de notre chemin. L’itinéraire, le voyage, voilà un autre trait qui déborde de ces pages, voyage tant intérieur qu’extérieur :

«  On se croit arrivé depuis longtemps
mais la route continue
A présent je marche en moi-même
Epuisée du chemin qui me sépare de moi »
« Si tu tombes comme une fleur dans une tombe »… Plus viscéral peut-être, le rapport au corps, le rapport des corps. Souvent évoqué au fil des rimes plus ou moins riches de la poésie de toujours, la tectonique des corps[1] produit ici quelques-unes des meilleures pages. C’est une observation obsessionnelle de tous ceux passant devant la terrasse de café pour y traquer les signes de l’absent[2], c’est un jeu dans le clair-obscur de l’intimité, c’est un rapport tangible en tous les cas, bien réel et très loin de quelques tournures sémantiques qui, en voulant tutoyer le ciel des Idées cher à Platon, se vautrent lamentablement sitôt lancées.
Nous donnant à lire une femme d’aujourd’hui à travers le regard qu’elle porte sur son histoire, nous donnant à découvrir une femme d’aujourd’hui avec ses désirs et son œil acéré sur ce qui l’entoure, le recueil contient son lot de maximes et de citations possibles, de formules poétiques nourrissantes. Une bien jolie découverte pour un auteur multiformes (conte, roman, poésie, bientôt chanson) que nous suivrons désormais avec délice.
« Un rêve qui s’arrête
c’est la vie faisant grève
à l’usine du quotidien
Reprenons le travail.
Rêvons »

 


[1] Pour reprendre la superbe expression de Philippe Pigeard, chanteur du groupe Tanger
[2] On pense à cette superbe ligne de Nino Ferrer « Combien de fois dire ton nom pour qu’il ne soit plus ton nom à toi ? »

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