Il y a déjà un peu d’excentricité dans le format tout en hauteur de cet album jeunesse qui saura se faire remarquer sur l’étagère. A l’intérieur des pages, la poésie colorée de Françoise Laurent converse avec de jolis motifs signés par Bertrand Dubois. Leur thématique est celle des vêtements, tirés des penderies, malles et tiroirs pour une farandole de rimes au gré de l’humeur ou des saisons.De la tête aux pieds, c’est tout un vocabulaire qui défile pour décrire les couleurs, les étoffes, les longueurs et les époques, en venant se nicher dans l’imaginaire des enfants qui apprendront ainsi les nuances entre la douceur de la soie, le velouté du pilou ou le raffinement du brocart. Personnifiés dans les strophes comme sur les dessins, les habits, chapeaux et souliers font partie de la famille et possèdent chacun leur caractère adapté à toutes les situations : un rendez-vous galant, la brise estivale, l’heure du coucher…

Ceux qui ne lisent pas encore s’évaderont dans les illustrations délurées, peintes et rehaussées de pastel et de crayon, qui donneront immanquablement envie de dessiner aux petits artistes en herbe. Les plus hardis exploreront le dictionnaire pour y chercher de nouveaux mots propices à l’ornement des meilleures rédactions. La langue, actuelle et soutenue, s’amuse entre le conte et la comptine dans un ravissement sonore à la fois ludique et pédagogique.

On pourra peut-être trouver la typographie et la mise en page des textes un peu sages, par rapport à la malice des jeux de mots et l’éclat des peintures. « Ya des hauts y’a des bas » n’en est pas moins un beau bijou d’album, prêt à conquérir tous les enfants qui rouspètent pour s’habiller, les fétichistes monomaniaques qui refusent de démordre de la tenue d’avant-hier, les princesses au petit pois ou encore les fous de déguisements !

« Il était une fois, une robe de soie, qui pleurait dans le noir, tout au fond de l’armoire. Mais pourquoi ces sanglots, s’étonna le manteau, suspendu à côté de ce chagrin mouillé… »