Si vous n’avez pas encore rencontré les Dolce, c’est le moment de dévorer le premier tome car la sortie du second est prévue début novembre. Brillamment inventive et réaliste à la fois, cette histoire de magiciens sait fédérer les amateurs de fantastique et les fans de sagas familiales, qu’ils fassent ou non partie du cœur de cible adolescent. Dernière lignée de la guilde des magiciens, affaiblie par la progression de leurs ennemis sorciers de la Guilde noire, la famille Dolce compte cinq membres et une souris. Ils ne peuvent pas boire de liquide, ne peuvent agir que sur les matières naturelles, vivent dans un bus londonien à deux étages qui change d’apparence lorsqu’il est sédentaire et savent lire dans les pensées. Obligés d’être discrets car ils vieillissent moins vite que les humains, cela vaut au grand-père Melkaridion d’avoir assisté au Moyen-Age, au père Rodolpherus d’avoir dû couper les ponts avec son ami d’enfance Philippe Delondres et à sa femme Melidiane de s’étonner : « tu t’en es bien tiré, chéri. Comment fais-tu pour m’étonner encore, au bout d’un siècle ? » Sans cesse en mouvement pour éviter de se faire repérer, les Dolce ont atterri dans l’anonymat relatif du brouhaha newyorkais, où ils commencent néanmoins à se faire des amis, surtout Antonius et Leamedia, les deux enfants adolescents qui aimeraient poser leurs valises. De confiance en imprudences, suite à l’exposition d’un vieux grimoire, les Dolce vont se mettre en danger et devront à nouveau prendre la fuite.
Tout en détails et rebondissements, ce roman ne fait pas ses cinq cents pages. Le lecteur est rapidement happé par l’originalité des Dolce, le croustillant de leurs pouvoirs et l’humour qui domine, en partie lié au personnage de Simone, la souris et mémoire vivante du grand-père : « ce serait bien de passer à l’informatique un de ces jours« . Quelques formules bien senties contribuent au rythme : « le guitariste repoussa sa chaise et s’éloigna avec la dignité blessée d’un bourgeois de Calais marchant au supplice« . Pas un mystère n’est laissé en suspens, on reconnaît ici l’art savant du scénario, premier métier de Frédéric Petitjean qui mène son récit avec habileté et enthousiasme, dosant à la perfection l’équilibre entre le récit et les dialogues. Les personnages sont extrêmement attachants, tels que dans une bonne série ou un film en plusieurs suites que l’on voudrait ne jamais voir finir.
Parfois comparée à Harry Potter ou encore aux récits de Tolkien, cette histoire s’en démarque notamment par son ancrage dans le monde d’aujourd’hui, via les questions environnementales, le milieu adolescent, la politique, la corruption, le journalisme ou les nouvelles technologies. Plus encore, le roman s’assortit d’une réflexion pertinente sur la société : « les humains, qui ne juraient plus que par l’esprit critique, avaient désappris cette arme redoutable (l’intuition), abandonnant toute idée d’instinct, comme la marque honteuse d’un passé animal« . Cela donne un nouveau sens au genre fantastique, propice à l’éveil imaginatif et à la naissance d’une identité propre pour l’auteur : une fantastique vraisemblance. Apparemment attaché aux valeurs familiales qui percent dans tout le roman, Frédéric Petitjean est visiblement bien parti pour créer un phénomène multi-générationnel, si l’on met de côté quelques passages d’émotion un peu mièvres qui ne feront peut-être pas l’unanimité des adultes. Quoi qu’il en soit, tous attendent le prochain tome avec impatience !
Paru le 03/11/11 aux Editions Don Quichotte.
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