Comme rarement, le roman de Javier Marias débute dans la perfection : une thématique fascinante et mystérieuse, une narratrice attachante, une écriture accessible et sophistiquée. L’identification aux personnages fonctionne, le lecteur adhère au point de vue de Maria qui extrapole. Dès le départ, l’auteur introduit des digressions à partir de l’imagination de Maria qui invente les liens du couple Desvern, les réactions de Luisa suite à la mort de son mari, ou encore les dernières heures de Miguel. Sensé et sensible, le scénario de Maria est séduisant.
Puis, le récit progresse différemment avec l’intervention du personnage de Javier Diaz-Varela, le meilleur ami de Miguel Desvern devenu l’amant de Maria. Les digressions tournent alors à une théorisation de l’amour, basée sur la relecture du Colonel Chabert et des Trois Mousquetaires. On quitte alors trop souvent l’intrigue, au profit de longueurs qui étoffent une forme d’essai au sein du roman. Certains pourront s’y intéresser de près et s’adonner à la philosophie du sentiment amoureux, de l’amitié, de leurs frontières avec la mort. D’autres y verront une intellectualisation forcée à laquelle la fiction ne résiste pas. Perdu dans le fil théorique, le lecteur pourra y perdre tout à fait l’intérêt du récit.
Paru le 22/08/13 aux Editions Gallimard.
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