Jean-Bernard Pouy – « Tout doit disparaitre »

Dans les volutes de fumée et les vapeurs d’alcool, Jean-Bernard Pouy et ses comparses auront marqué le polar français. Au milieu d’un groupuscule d’auteurs allant de Manchette à Fajardie en passant par Patrick Raynal, Jean-Bernard Pouy détonne. D’abord, par sa personnalité, il émane de lui un côté tête brûlée, comme un Buenaventura Durruti qui aurait croisé Charles Bukowski au détour d’une soirée d’émeutes. Ensuite, par son œuvre, Jean-Bernard Pouy (et ses divers pseudonymes) a écrit une cinquantaine de livres. Il a même créé un enquêteur libertaire, Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, qui, comble de malchance pour son créateur, a eu un succès dépassant le cadre du polar. Jean-Bernard Pouy n’avait d’autres choix que de le saborder, ce qu’il fit avec talent. Enfin, même s’il s’en défend, Jean-Bernard Pouy, c’est aussi un style d’écriture : rocailleuse, punk et populaire. « Nous sommes arrivés à Paule. Une toute petite ville sans particularité, avec une église toute moche, même pas bretonne, ou bien bretonne moderne, une place déserte, une cabine téléphonique, un café, une boucherie. La bonne sœur m’a débarqué sans avoir eu le temps de me parler de sa sainte occupation, heureusement, car je crois que j’aurais été capable de lui dire que je venais voir une pute, oui, parfaitement, faut de tout pour faire un monde. »

A travers la critique sociale, il construira ses intrigues. Les cinq romans rassemblés dans ce recueil à l’occasion de l’anniversaire de la Série noire sont un bon moyen de découvrir son œuvre. On passe d’une roman déjanté où une bande d’allumés rejoue la guerre de Cent ans avec Rimbaud en figure tutélaire, à un gang de voleurs d’enfants sur la Côte d’Azur, poursuivis par un gitan et son clan. On croise toutes sortes d’antihéros ordinaires qui basculent, le temps d’un instant, dans un tourbillon. Il en est ainsi pour cet adolescent bloqué sous une femme, lors d’un accident de train, qui passera le reste du roman à tenter de retrouver sa trace. Un humour noir à lire pour passer les longues soirées d’hiver.

Tout doit disparaitre

Jean-Bernard Pouy

Éditions Gallimard

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A propos de Julien CASSEFIERES

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