Promu à Alger dans un laboratoire de biologie, il s’épanouira véritablement dans cette ville où les classes sociales européennes se mélangent à l’abri du soleil et de la Méditerranée. (Pour l’anecdote, il fréquentera notamment un acteur jouant dans une compagnie de théâtre dont les traits se confondent avec ceux d’Albert Camus). L’avènement de la Seconde guerre mondiale viendra subitement tarir son bonheur. Il fuira les rafles des policiers de la France de Vichy et assurera sa survie dans un endroit reculé de ce vaste pays qu’est l’Algérie. Son amour en exil et ses amitiés passées ne résisteront pas à la force du temps.
Le récit ne manque pas d’attrait malheureusement le texte pèche par la simplicité d’écriture de l’auteur. Le manque d’épaisseur des personnages, la pénible transcription de leurs sentiments constituent une limite certaine à la qualité du roman et à sa puissance narrative. A notre grand regret, l’auteur a gardé la plume qui fonctionnait à merveille pour un enfant à la découverte de Paris (« Le Club des incorrigibles optimistes ») mais qui se révèle insuffisante pour mentionner les aléas de personnes adultes.La seconde partie du livre diffère quelque peu. Joseph Kaplan retourne en Tchécoslovaquie et se trouve confronté à l’oppression insinue d’un pouvoir sous tutelle soviétique démasquant sans relâche les pseudos « ennemis de la révolution ». Médecin de formation, il sera amené à soigner Ernesto Guevara dans la plus stricte confidentialité. L’histoire d’amour qui naitra entre le héros de la Révolution cubaine et sa fille assurera au récit une accélération du rythme lui permettant de trouver un certain souffle romanesque. Le final, émouvant, parfera ce sentiment. Cette uchrononie dans la vie du Che n’est pas totalement factice. En effet, ce dernier a réellement passé quelque temps en Tchécoslovaquie avant de perdre la vie dans l’ultime combat qu’il mena au sein de la guérilla en Bolivie. Il est notable d’observer également l’apparition de personnages déjà présents dans le premier roman de l’auteur.
Ainsi, un gout d’inachevé nous parcourt à la fin du récit. Jean-Michel Guenassia, auréolé du succès de son précédent livre, a peut être cédé à une facilité dommageable pour la qualité de son nouveau roman.
La vie rêvée d’Ernesto G.
un roman de Jean-Michel Guenassia,
paru aux éditions Albin Michel
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