Si vous avez aimé
« Dimanche » du même auteur, « Automne » vous plaira tout autant sinon plus. Dans les mêmes teintes bleutées et orangées, « Dimanche » approfondit cette douceur poétique dans un format plus grand et plus détaillé. Moins elliptique, il propose deux histoires de l’aube à la tombée de la nuit, une temporalité favorable ici encore au travail d’ombres, où décidément le dessinateur excelle.
Dans la première partie, on suit le trajet et la journée d’un jeune aide-cuisinier dans une maison de retraite. Quelques bulles de dialogues se font discrètes, toujours au profit des petits bruits de cuisine sur fond de radio et télévision. Là aussi, l’attention porte sur le déroulé du quotidien dans ce qu’il a de plus ordinaire et paisible. Des bulles de produit vaisselle à la vapeur d’un pot-au-feu, l’eau qui coule dans l’évier ou les épluchures de pommes de terre, le temps s’écoule tranquillement. Toujours abordés avec malice et ironie, quelques petits incidents ne troublent que ponctuellement cette immuabilité : un papillon qui se brûle contre les néons, la publicité intempestive, l’aigreur de certains pensionnaires… Imperturbables, les oiseaux cui-cui-tent et tchif-tchaf-ent, les écureuils sautent d’une branche à l’autre, pendant que la saison s’écoule.
La seconde histoire montre la fin de journée d’un collégien qui livre des journaux. Le contraste entre la nature environnante et notre monde moderne perce davantage dans les conversations du personnage avec un copain sur le dernier jeu vidéo à la mode, la nouvelle Volkswagen et dans la présence d’annonces publicitaires, le long d’un bus, sur un panneau de ville, des emballages… On croise ici un écureuil mort écrasé sous une voiture, encore la même recherche graphique dans la façon d’aborder la ville et la nature, d’autres bruitages, mais toujours l’évocation du rêve, jusque dans le jeu vidéo de la fin.
Trop réalistes pour se contenter d’une contemplation, les récits de Jon McNaught témoignent d’un regard poétique sur chaque détail de notre monde sans opposer nature et culture. Mélancolique sans être nostalgique, c’est un dessinateur qui vit avec son temps et suscite l’apaisement.
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