Kamui Fujiwara & Eiji Otsuka – « Unlucky Young Men T.1 »

Qui se souvient que le Japon a connu dans les années 1960 une vague sanglante due à des groupuscules révolutionnaires ? Qui se souvient que Takeshi Kitano (oui, oui, celui de Sonatine) a travaillé avec Norio Nagayama, personnage trouble, tueur de quatre personnes et condamné à mort, dans les années 1960 dans un bar appelé le Village Vanguard ? Pour qui voudrait se (re)plonger dans le Tokyo de la fin des années 60, assister à la création de l’un des groupes armés les plus craints dans le monde, l’Armée rouge unie (ARU), suivre ces jeunes qui cherchent une échappatoire à la sclérose ambiante, il faut absolument lire Unlucky Young Men. Et il faut le lire également pour la beauté graphique due au travail époustouflant de Kamui Fujiwara. Unlucky Young Men est simplement une pure merveille, aussi bien du point narratif que visuel.

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On connaissait Eiji Otsuka, notamment pour le scénario de l’une des plus grandes séries que le Japon nous ait offert, à savoir MPD Psycho. Nous le découvrons ici historien, mélangeant subtilement des événements réels avec de la pure fiction, construisant un récit fluide, d’une grande richesse, simplement magnifique. On y découvre (enfin en ce qui me concerne, peut-être certains ne feront que redécouvrir l’histoire politique du Japon des années 60) cette jeunesse nippone qui s’ennuie, confrontée à un système rigide, cherchant une échappatoire qu’elle va trouver dans une violence révolutionnaire et sauvage. On suit N (inspiré par le tueur Norio Nagayama) qui se lit d’amitié avec T (inspiré lui par Takeshi Kitano) et Yoko (personnage calqué Hiroko Nagata, qui deviendra la présidente de L’armée rouge unie). Et bien d’autres.

unlucky3Si la narration est parfaitement sublime, c’est aussi car elle servit par un découpage et un dessin tout aussi impressionnants. Si l’on en croit la petite histoire, une fois le scénario écrit, Kamiu Fujiwara en a tiré un premier story-board qu’il a tout simplement fait jouer à des acteurs pour photographier case après case, figeant chaque, pensant ainsi chaque expression et chaque unlucky6mouvement, afin de calquer son style sur un genre cinématographique propre au Japon, l’esthétique de l’ARG (Art Theatre Guild), société de production et de distribution foindée en 1961, productrice de l’essentiel du cinéma indépendant ou artistique dans les années 60 et 70 au Japon. Cela fournit un réalisme puissant aux dessins et un rythme soutenue à la narration.

En un mot comme en cent, Unlucky Young Men est LA bande dessinée de l’année. Passionnante, belle et terriblement envoûtante. Un véritable must.

Publié le 08/10/2015 aux Éditions Ki-oon

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A propos de Marc BOUSQUET

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