Collectif – Revue DONG ! #10 (Actes Sud Junior)
Mais quelle fantastique initiative que la revue trimestrielle Dong, complètement passée sous nos radars et découverte ce printemps pluvieux. Son ambition est simple: petite sœur de La Revue Dessinée et Mook, elle rêve de perpétuer l’art du reportage, mais à destination des collégiens.
Au programme (au menu ?) du numéro que nous avons pu consulter, par exemple : un grand florilège autour de la cuisine, avec entre autres focales un reportage sur les coulisses et explications du pourquoi la cantine est si triste, son exact opposé grâce à l’initiative du collège de l’Isle Jourdain, une interview de Thierry Marx, des recettes de stars « jeunes » ou d’instagrammeurs, la rencontre d’un maraîcher ou le témoignage d’un jeune garçon en formation chez Ferrandi, ses ambitions et ses rêves.
La force de la revue ? Oser parler aux collégiens sans pontification inutile, mais sans pour autant sacrifier au cool qui sabrerait le sérieux de la démarche. Chaque article ose les chiffres et emploie une terminologie précise. Faire ressentir aux collégiens qu’un reportage, c’est une ouverture sur le monde autant qu’une bonne histoire : ainsi le reportage des cantines, pondéré et fouillant chaque strate de la chaine (sur près de 10 pages, tout de même), le regard de Thierry Marx expliquant en quoi cuisine et lien social sont liés, ou les pages sur Ferrandi qui ouvrent des portes souvent inconnues ou méprisées par des jeunes adolescents.
Et mine de rien, en agençant cela dans un chemin de fer ludique et coloré (qui n’oublie pas les respirations comme ce reportage BD sur le tacos ou la tendresse de la lettre d’une grand-mère à ses petits-enfants) et en organisant ses textes dans une mise en page aérée et attirante, Dong parvient à rendre passionnant son sujet et, comme en douceur, à inviter les jeunes de demain à la lecture et au journalisme, et à forger leur esprit critique. Passionnant. (JNS)
Corinne Dreyfus et Charlotte des Ligneris – » C’est l’histoire… » (Seuil Jeunesse)
Il y a des livres qui, par la puissance de leur proposition narrative et graphique, sont bouleversants de justesse. « C’est l’histoire… », de Corinne Dreyfus et Charlotte des Ligneris est de ceux-là.
Oh, c’est une histoire de rien : une vieille dame meurt. C’est tout. Mais l’intelligence absolue des autrices, c’est de créer une dialectique puissante, en quelques pages, pour rattacher ce moment, non à la tristesse, non au drame, mais au cycle de la vie qui s’écoule, revient, continue, s’ignore, se construit.
C’est d’abord une dizaine de pages figées, la façade d’un immeuble où, comme au théâtre, la vieille dame tire le rideau et se prépare, pas à pas, ôtant ses chaussons, s’approchant du lit, se déshabillant. Cela, c’est le texte qui nous le dit, la laissant hors champ, juste là, derrière la page, tandis que s’agite tout autour, comme dans la poésie urbaine d’un Tati, la vie sous verre : une famille joue, des copains grattent une guitare, des amoureux se préparent à faire l’amour, au-dessus, on déménage.
On peut bien ouvrir, si on les remarque, les petits rabats de sa fenêtre, mais derrière, il n’y a que pénombre et les objets qui s’accumulent et dont elle se débarrasse sur la chaise au coin du lit.
Puis, brusquement, le livre et l’intimité s’ouvrent, dans un second mouvement bouleversant : aux rabats fermés, le corps diffus de la vieille dame, et, quand on ouvre, des paysages magnifiques, puissants, vivants, peuplés d’enfants et d’amoureux, des mers et des montagnes, dont on ne sait plus trop s’il s’agit du monde ou des souvenirs. Progressivement, le dessin de la vieille dame s’y fond, les montagnes contaminent les rabats, et son histoire, comme le livre, est « finie ».
Bouleversant de pudeur et d’émotion, impressionnant de douceur et d’intelligence tout à la fois narrative, visuelle et même expérientielle (les pages mêmes du livre, leur manière de s’ouvrir ou se refuser font partie de l’expérience et du ressenti), « C’est l’histoire… » vient avec brio et courage (il faut oser parler de la mort aux tout-petits sans chercher des métaphores ou des contes mais dans une frontalité pudique) affronter ce qui doit l’être dans un geste total et humble, et nous laisse repartir, non le cœur vide, mais plein de cette certitude : un jour, tout finira. Qu’importe : la vie, d’une manière ou l’autre, continuera. (JNS)
Sylvaine Jaoui / Anne Crahay – » Je suis un arbre » (Albin Michel Jeunesse)
C’est un peu comme si cet album avait été spécialement créé pour des êtres tout juste venus au monde, voire pas encore tout à fait nés. Quand on entrouvre le livre, ça chuchote, ça murmure, ça gazouille. Peut-être parce que « Parler est le meilleur moyen d’être entendu », comme l’écrivait Sylvaine Jaoui dans « Il en faut peu pour être heureux ». Mais ici, ce qui se dit est aussi comme le jour qui étire son rai de lumière sur la peau. L’organique est végétal, l’organique est humain. Les deux sont cousins, cousins d’avoir poussé ensemble, cousins frères de lait. L’arbre et le petit enfant. Alors ils se causent :
-« Je suis une graine. »
-« Moi aussi ! »
-« J’ai besoin d’eau pure. »
-« Moi aussi ! »
Ces deux-là se racontent par leurs besoins, c’est à dire par ce qu’ils connaissent le mieux d’eux-mêmes et du monde. Ils découvrent ensemble cette évidence : leurs besoins sont identiques. Besoins physiques, besoins affectifs. La Vie les anime tous deux pareillement. Le monde de l’un s’ouvre au monde de l’autre. Et le papier s’incline : il se troue ici et là pour qu’un passage se fasse. Pour que le langage s’élargisse. Le petit lecteur apprend par ce livre que la nature a besoin de soin. Par un petit détour de réflexion, il saisit vite que toute créature vivante à besoin de soin, comme lui-même a besoin de soin. Et que pour donner du soin, il suffit d’aimer. Ou que pour aimer, il suffit de donner du soin.
L’atmosphère mise en place autour du personnage et de la nature luxuriante nous accueille dans un monde intime. Anne Crahay a inventé un monde presque cotonneux, totalement douillet. Si les aplats sont réalisés à la tempera à l’œuf – une technique née au Moyen Age en Europe – chaque motif semble enveloppé d’un halo de couleurs fondues, frottées dans la peinture. Halo de crayons de couleur aquarellable peut-être. Ou de pastels. Les techniques picturales à l’eau offrent des surprises inattendues. Ici elles permettent une mixité et un partage naturels (thématique centrale dans cet album). Les fondus si tendres et accueillants de l’artiste sont revigorés à chaque page par des motifs suggérant le mouvement de l’eau. L’eau suggérant l’eau, qui porte la vie. Quel travail de mise en images cohérent !
Prendre soin de la nature est une question de vie ou de mort, nous ne cessons de l’apprendre douloureusement depuis des années. Il est heureux que de nombreux auteurs jeunesse s’emparent de ce sujet pour ne jamais cesser d’alerter les parents. Afin de les aider à éduquer leurs enfants. Avec « Je suis un arbre », ce but est atteint avec finesse et sensibilité. (PV)
Edouard Manceau – « Toutou Toc-Toc, La Pêche » (Albin Michel Jeunesse)
Des dessins aux contours noirs bien épais, des teintes faites d’aplats de couleurs vives, jaune primaire, magenta, cyan, rose… le fond blanc remplit son rôle, que dis-je, il fait même mieux que ça : son rôle, il le joue. Les personnages sont comme chez Edward Gorey dessinés de face, on se croit tout de suite au théâtre, sur une scène bien large réservée aux grandes vedettes. Chaque double page occupe l’horizontalité de l’espace tout naturellement, sans forcer. Chez Edouard Manceau, ça s’installe comme ça et ça coule de source. L’œil roule et rebondit sur chaque forme, revient, repart et puis revient. Tranquille. La pêche à la ligne dans le fourbi de la salle de bains ? Qu’à cela ne tienne, c’est parti. Il y a beaucoup de poissons, de la friture pour toute la vie, jusqu’à la fin des vacances au moins ! Un slip-slip ? Ah mais pas de problème, Philippe Etchebest n’aura qu’à en prendre de la graine ! Et la Mère Denis aussi ! Et Petit Bateau tout autant ! Bref, un album réjouissant, un album à rire aux éclats, un album qui a le sens de la forme, et qui sait commencer et terminer son spectacle avec une verticalité impeccable, assurément plus fraîche que chez Buren ! (PV)
Elsa Delachair et Alex Viougeas – » Il est une tradition… » (La Martinière Jeunesse)
L’Unesco et son patrimoine mondial sont bien connus, ornant de monuments, vestiges et souvenirs de vacances la vie de chacun. Mais plus discret est son «patrimoine mondial immatériel », tout aussi précieux, et qui répertorie et protège pas moins de 492 pratiques culturelles ou artisanales de 128 pays.
C’est à ce voyage autour du monde et au cœur des hommes et de leur manière de faire culture et société que nous invite ce magnifique ouvrage parcouru de dessins hors du temps (souvent traités en bichromie, rappelant les travaux des affichistes du milieu du siecle). A travers des découvertes parfois bien connues, comme le sauna estonien, le reggae jamaïcain ou le jour des morts au Mexique. Découvertes parfois poétiques et porteuses d’histoires, comme les plongeuses de l’île de Jeju en Corée, où seules les femmes vont sous l’eau pour la pêche, ou la cueillette de la germandrée en Bosnie, plante à l’origine d’un rite entre chrétienté et animisme qui soude la communauté.
On y chantera le fado et dessinera dans le sable au Vanuatu, on dessinera des charpentes en France ou on traversera les bruits de la place Jama El Fna, pour, appelé par le langage sifflé de Turquie, aller cuire une pizza napolitaine avant d’assister à une joute de blagues en Ouzbékistan. On ressort de ce voyage organisé en petits chapitres, l’esprit chargé d’histoire, et regonflé, non tant d’exotisme, mais d’émerveillement face à la puissance des Hommes et de leur Histoire.
On s’émeut, alors, non de ce qui nous sépare, mais de ce qui court sous ces rites et créations parfois séculaires, millénaires, perdues à des milliers de kilomètres : de manière sous-jacente, quand il s’agit des jeux, des croyances, des amulettes et prières, ou de façon claire, quand le spectacle de marionnettes saute en une page du Cambodge à la Syrie, l’Indonésie ou le Sri lanka, que les carnavals éclatent autour du globe.
Et quand on referme ce grand voyage immobile, on comprend : la plupart, sinon tous les exemples de ce livre se pratiquent en groupe, que ce soit directement pour les festivités, ou dans le lien et la transmission, par la cuisine, l’artisanat. Pas étonnant alors, que dans un dernier clin d’œil, le livre s’achève sur la rénovation du pont Q’Eswachaka, au Pérou : un pont millénaire, remontant aux Incas et que, chaque année, la communauté rénove avec les mêmes techniques trois jours durant. Le temps, le pont, le lien : dans cet acharnement au rite, il y a l’acharnement à l’autre, il y a ce qui fait communauté, ce qui fait « nous ». (JNS)
Catherine Barr / Jenni Desmond – » Quatorze loups » (Albin Michel Jeunesse)
En 1995, la ville de Yellowstone a décidé de réinstaller des loups dans son immense parc de 9000 m², un parc qui a vu le jour en 1872. Il y a des décennies, les loups en avaient été chassés par l’Homme. La disparition du loup s’est révélée être, avec le temps, une catastrophe écologique stupéfiante. En effet, les wapitis (grands cerfs) se sont multipliés, et ont commencé à tout dévorer. Herbe, feuilles, pousses. Si bien que petit à petit, les arbres ne sont plus arrivés à se renouveler. Tout doucement, la prairie s’est mise à jaunir et la terre à s’appauvrir. Imperceptiblement, les oiseaux n’ont plus pu faire leur nid dans le parc de Yellowstone. De nombreuses espèces sont parties s’installer sur d’autres territoires pour survivre.
Après vingt ans de polémique entre l’administration, les scientifiques et les protecteurs de l’environnement, il a été décidé de réintroduire des loups à Yellowstone. Ce merveilleux album raconte l’histoire de leur retour. Grâce à un texte très clair, plein d’explications abordables, les jeunes lecteurs pourront apprendre et comprendre ce qu’est une biodiversité. Qui aurait pensé que des loups avaient une place si essentielle dans un écosystème ? Les images créées par Jenni Desmond sont d’une grande beauté. Sa technique virtuose, à la fois dessinée et peinte est d’un réalisme personnel attachant. Grâce à l’artiste, on entre dans le monde des loups sur la pointe des pieds, on ne fait pas de bruit pour ne pas déranger. Et on lit, et on regarde. Autant Catherine Barr que Jenni Desmond on fait de cet album un outil didactique d’une grande efficacité. Un outil précieux, qui permet d’ouvrir la porte à la curiosité, à la compréhension d’autres mystères écologiques, d’autres spectacles invisibles (ou presque) du monde. Quatorze loups est un album qui devrait être étudié dans toutes les classes. Un grand merci pour ce travail prodigieux et remarquable. (PV)
Alice Liénard / Marine Schneider – » Le chant des loups » (Albin Michel Jeunesse)
On connaît le travail de Marine Schneider. L’un de ses derniers albums « Tu t’appelleras lapin » nous la faisait découvrir autrice et illustratrice à la fois : c’est peut-être dans cet exercice « complet » que les artistes graphiques se révèlent le mieux et qu’ils sont le mieux en contact avec leur public. L’inspiration de Marine Schneider semble aller de soi, avec une contemporanéité très identifiable. On pense un peu à Ghislaine Herbéra, un peu à Kitty Crowther, Margaux Othats, Mélanie Rutten, etc. Le point commun de cette contemporanéité très picturale, c’est sans doute la manière de mixer les techniques, de donner un rôle phare à des couleurs isolées, de souligner les contrastes de textures et de trait, le plus épuré cohabitant parfois avec le plus sophistiqué. Il y a également cette particularité de superpositions des couleurs et des transparences. Si on se retourne en arrière, on pense malgré soi à Munch, à Félix Vallotton et Henry Darger. Rien n’est plus enthousiasmant que la peinture appelant la peinture. Toute cette créativité vive et fine, à l’affut du beau et incessamment réactualisée, fait grand bien.
Ici, Marine Schneider a mis sa peinture au service d’un texte d’Alice Liénard, dont c’est la première publication jeunesse. Le chant des loups est une histoire de loups chassés par les humains. Et qui en disparaissant ont laissé un monde obscur et désolé, si désolé que l’urgence est de vite faire revenir les loups chassés. Mais pour les décider à revenir, il va falloir être convaincant. C’est la mission que s’est donnée une petite fille courageuse et une vieille ourse sage. Dans une langue ciselée et poétique, l’autrice nous raconte l’événement avec beaucoup de délicatesse. Cette même délicatesse mise en oeuvre par Marine Schneider pour servir le texte. Le duo formé d’elles-deux est très heureux.
Le chant des loups fait écho à ce qui est arrivé au parc de Yellowstone aux Etats Unis, et qui a fait l’objet récemment d’un autre album jeunesse, mais documentaire, publié par les éditions Albin Michel Jeunesse : » Quatorze loups » de Catherine Barr et Jenni Desmond. Si l’édition jeunesse s’empare ainsi des actions essentielles à relayer pour le bien-être de tous, sans doute que la planète peut retrouver un peu d’espoir. Les choses sont graves, certes, mais par bonheur, la jeunesse d’aujourd’hui est mieux informée que celle d’hier. Nous avons envie de pousser un grand « ouf » de soulagement. Il paraît certain que viendront bientôt d’autres albums de cette qualité et de cette importance. (PV)
Fanny Dreyer – » La colonie de vacances » (Albin Michel Jeunesse)
Sans doute inspirée par des photos de ses colonies de vacances, Fanny Dreyer a eu l’idée de saluer une part d’enfance vécue par presque tous, en s’emparant du réalisme photographique pour le décliner dans une autre dimension, celle du souvenir et de la nostalgie. Pour cela, elle a probablement utilisé de la gouache, des feutres, des crayons de couleur. Avec une liberté inspirée, elle a redonné vie à l’atmosphère de la colonie de vacances. Le stress du départ, les découvertes d’un endroit accueillant autre que celui du logement familial, la joie des rencontres, des découvertes.
On retrouve dans « La colonie de vacances » un concentré de ce que peut être l’enfance s’émancipant de la sécurité familiale et du quotidien. Les couleurs choisies sont celles, un peu désaturées, de photos ayant pris de l’âge, et pouvant correspondre à diverses époques. Il y a dans ce travail de Fanny Dreyer, une universalité incontestable. La personnalité de cinq enfants est mise en lumière par petites touches brèves. C’est court mais précis. Les activités principales sont détaillées par ce qui les définit le mieux. Les angoisses, les goûts, les talents des enfants y sont racontés avec humour et tendresse. En peu de mots, on perçoit très vite le talent narratif de l’autrice, dialogues compris.
Des bouffées de souvenirs remontent à la surface des pages, on croit sentir l’odeur d’un dortoir, le grillé d’une saucisse en montagne, le goût de la glace au bord de la piscine. Il est temps de refermer ce beau grand album de 120 pages et de le poser contre le mur comme un tableau – afin de pouvoir le rouvrir souvent, et pas seulement après l’été. (PV)
Et aussi.
Marika Maijala – » Rosie court toujours « (Hélium)
A la dernière page du livre, l’autrice remercie les inconnus et proches « pour nos rencontres enrichissantes en chemin ». Ainsi en pourrait-il être de Rosie, lévrier de course, mécaniquement élevé pour gagner, et qui un jour, décide de ne plus s’arrêter de courir : de ville en mer, de villa en cirque, de pages en pages, c’est tout un monde que le drôle de trait de Rosie traverse, fuselé et fuyant, vers un éden possible.
Et tout le jeu de l’ouvrage, bien que somme toute classique, va se nouer dans le rapport entre la vitesse folle du texte, et la naïveté toute relative des dessins enfantins au pastel, qui appellent, par leurs traits incertains et leur foisonnement, à l’arrêt et à la contemplation, au détail. Mais vite, une scène supprime l’autre, Rosie court vers la droite de la page : cours, Forrest, cours.
Cet éloge à la liberté et à la découverte au drôle de rythme diffuse une musique tendre et un univers étonnamment poétique, dans le boitillement de sa narration et de son trait : quelque part, il y a un endroit rempli d’amis, qui sent l’herbe fraiche et le bonheur. (JNS)
Angélique Villeneuve et Marta Orzel – » S’appeler Raoul « (Actes Sud Junior)
Pas facile, même quand on est un ours, de s’appeler Raoul. C’est un nom ridicule, un nom qui sent la moquerie, un nom que rien ne viendrait poétiser, pas même les sorties sur le lac en patins ou le vols des hirondelles, pas même l’amour de Jacquotte, qui a un si joli prénom, elle.
Car derrière se livre amusant aux dessins clairs, derrière ce drôle de prénom, c’est toute la difficulté de s’aimer et la haine de soi qui s’infiltre : celle qui nous fait vouloir être autre, et ne plus jamais devoir porter soi. Et c’est bien, au fond, la conclusion de cette jolie ritournelle : peu importe le prénom, si, quand on appelle, c’est un ami tendre qui arrive. (JNS)
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