Les chiffres du Centre National du Livre sont parlants : les ouvrages jeunesse ont représenté 21% des exemplaires vendus par les éditeurs en France en 2009 (tous genres confondus), contre 24% pour les romans. C’est donc le deuxième pôle d’activité le plus important pour ces maisons qui, de ce fait, soignent leur jeune lectorat. Outre cet aspect économique, la littérature jeunesse est un secteur fourmillant de créativité, c’est pourquoi elle occupe une place importante dans les pages de Culturopoing.Nous vous proposons aujourd’hui un palmarès sélectif de la rentrée littéraire jeunesse :
10/10 – Le plus FASCINANT
« Saltimbanques » (à partir de 7 ans)
Marie Desplechin (texte) – Emmanuelle Houdart (illustrations)
Paru le 28 août 2011 aux Editions Thierry Magnier – 21,50€
Le très grand format de cet album est à la hauteur de son contenu : onze récits au ton contemporain sur le monde du cirque et autant d’illustrations magnifiques, à la fois rétro et modernes, truffées de détails absorbants. D’une rare complémentarité, les textes et les dessins présentent un à un des personnages hors-normes ou inadaptés, pleins de fantaisie, qui ont trouvé leur place sous le chapiteau : les sœurs siamoises Consolacion et Esperanza, Pavel l’homme-tronc, Gerda la femme à barbe, Alex le géant (en couverture), Odette la diseuse de bonne aventure… A chacun sa fable et sa leçon de vie narrées par Adrien Soie, un jeune homme conquis par cet univers aux attraits atemporels. L’incontournable de la rentrée, sans limite d’âge !
« Six hommes » (à partir de 5 ans)
David McKee (texte et illustrations)
Paru le 25 août 2011 aux Editions Kaléidoscope – 13 €
Coup de coeur pour ce petit album au format paysage sur l’absurdité de la guerre. Par petites quantités, le texte s’intègre discrètement parmi les dessins au trait créatif qui parle quasiment de lui-même, pour expliquer aux petits de façon basique l’origine des conflits, la cupidité, la défense et l’attaque. Fort et marquant même pour les adultes qui en accompagneront la lecture, c’est un ouvrage à l’audace hors normes qui reste ludique grâce à la naïveté et à la liberté des illustrations. Parfait pour aborder tout un tas de sujets liés à l’actualité.10/10 – Le plus FAVORI
« L’enfant » (7-10 ans)
Colas Gutman (texte) – Delphine Perret (illustrations)
Paru le 8 septembre 2011 à L’école des loisirs – 7€
10/10 – Le plus SURRÉALISTE
« Soixante choses impossibles à faire avant le déjeuner »
(4-10 ans)
Harriet Russell (texte et illustrations)
Paru le 25 août 2011 aux Editions Les Grandes Personnes – 16€
L’originalité est au rendez-vous avec ce recueil d’anecdotes, expressions et illusions d’optiques sur le thème de l’absurde. Chercher une aiguille dans une botte de foin, planter un crayon pour obtenir le dessin d’un arbre, distinguer un tatou invisible, arrêter le temps : soixante prétextes pour réfléchir, observer, s’éveiller et apprendre en s’amusant. Le graphisme est inventif et saugrenu, de quoi ravir tous les petits malins avides d’énigmes poétiques et les initier aux jeux d’esprit.
9/10 – Le plus CULTUREL
« Il se peut qu’on s’évade » (à partir de 14 ans)
Cathy Ytak (texte) – Gérard Rondeau (photos)
Paru le 21 septembre 2011 aux Editions Thierry Magnier – 9€
9/10 – Le plus POÉTIQUE
« La femme-nuage » (12-16 ans)
Jean-François Chabas (texte)
Paru le 8 septembre 2011 à L’école des loisirs – 8€
Ces trois nouvelles sont de véritables petits bijoux de littérature pré-adolescente, très travaillés dans l’écriture. Leur dénominateur commun est l’émotion, incontrôlable pour Vâ la femme-nuage qui s’évapore au gré de son ressenti, rugissante pour le Dévorateur qui a soif de vengeance devant un monde trop laid, contradictoire pour Glas le géant du lac bleu qui adopte une orpheline égarée. De vrais récits pour entretenir l’amour des mots, des contes et de la poésie, un véritable podium universel.
« La nuit des mis-bémols » (12-16 ans)
Manuela Draeger (texte)
Paru le 8 septembre 2011 à L’école des loisirs – 8€
Coup de foudre pour l’univers de Manuela Draeger qui mêle investigation et poésie dans ce récit aux accents absurdes. Les mis bémols ont disparu, les clafoutis mordillent et le temps s’écoule beaucoup trop vite dans l’immeuble de Bobby Potemkine, chargé de l’enquête avec ses amies Lili Nebraska et Lalika Gul. Drôlement spirituel, ce court roman invite à la fantaisie et décrit joliment un drôle de monde où chacun tente de trouver son rythme. A éviter toutefois pour les jeunes lecteurs en quête de vraisemblance.
8/10 Le plus RIGOLO
« A la rencontre » (jusqu’à 5 ans)
Claudine Morel (illustrations)
Paru le 14 septembre aux Editions Didier Jeunesse – 12,90€
8/10 – Le plus LOUFOQUE
« Le dico des bêtises et autres cacastrophes » (jusqu’à 5 ans)
Elisabeth Brami (texte) / Emile Jaoul (illustrations)
Paru le 7 septembre 2011 aux Editions Casterman – 14,95€
Ce répertoire de toutes les bêtises possibles et imaginables fera de vos bambins des enfants avertis qui ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus. Loin d’être menaçant, le ton est drôle et malicieux tout en étant pédagogique dans le concept. Tour à tour, deux compères garçon et fille illustrent une bêtise par lettre, suivis de près par une mouche joueuse. Le trait noir coloré de crayon et pastel imite un style enfantin et brouillon qui se distingue d’autres livres pour enfants un peu lisses. Une bible préventive qui ouvre aussi à la discussion.
« Amour, Brouille et Câlin » (2-4 ans)
Vincent Malone (texte) – Soledad Bravi (illustrations)
Paru le 22 septembre 2011 à L’école des loisirs – 9,50€
7/10 – Le plus JOLI
« Pêcheur de couleurs » (à partir de 3 ans)
Michel Piquemal (texte) – Eric Battut (illustrations)
Réédité le 1er septembre 2011 aux Editions Didier Jeunesse – 5,30€
On adhère immédiatement à ce petit livre carré dont les illustrations à la peinture sont tout simplement ravissantes. C’est l’histoire d’une vache nommée Dandine qui, lassée du vert, décide de parcourir le monde à la rencontre d’autres couleurs. Les textes ne manquent pas de poésie, un effort est à noter sur la mise en page et la typographie qui ne cèdent pas à la facilité. L’histoire est jolie, notamment l’issue poétique, mais le tout est un peu court et la limitation aux couleurs primaires est un peu décevante.
« Le Phare de l’Oubli » (7-10 ans)
Fabian Grégoire (texte et illustrations)
Paru le 8 septembre 2011 à L’école des loisirs – 12,50€
Le charme un peu désuet de cet album tient énormément à l’éclatante beauté des couleurs, dessinées au pastel et à la gouache sur papier Canson dont on aperçoit le grammage. Les illustrations des scènes de nuit sont particulièrement réussies, contrastant avec la rigueur d’un texte qui occupe sa place traditionnelle aux contours de l’image. Ce traitement talentueux de la lumière est bien à propos dans cette histoire de phare, propice à développer les valeurs de l’amitié et du respect. Les visages des personnages sont toutefois un peu durs et l’ensemble résolument sage. Quelques pages à la fin retracent l’histoire des phares, leur fonctionnement et leur sauvegarde, sans oublier les Papous qui jouent dans l’histoire un rôle secondaire.
5/10 – Le plus CONSENSUEL
« Personne ne bouge » (9-12 ans)
Olivier Adam (texte)
Paru le 15 septembre 2011 à L’école des loisirs – 9,80€
L’emploi du mot « frousse » à la première ligne de ce roman jeunesse présage d’un certain manque de naturel dans le ton du récit. Sans coller au langage plus familier des pré-ados ni proposer un style plus littéraire, l’auteur signe ici ce qui pourrait s’apparenter à une obligation de contrat. Un jeune garçon s’aperçoit un jour que le temps s’arrête autour de lui, il vit en bord de mer, il est amoureux de la grande sœur de son meilleur ami, celle-ci se moque de lui jusqu’à vivre avec lui la même expérience insolite, ils deviennent amis et l’espoir est permis. Correct, sans prise de risque.
« L’incroyable histoire de l’homme
qui avait trouvé un petit pois dans une huître » (3-6 ans)
Philippe Ciamous (texte) – Thomas Baas (illustrations)
Paru le 7 septembre 2011 aux Editions Père Castor/Flammarion – 10€
Toutes les chances étaient réunies au départ pour faire de cet album au titre à rallonge un favori de la rentrée : une découverte saugrenue, un personnage obstiné nommé Monsieur Monsieur, des illustrations rigolotes au charme rétro. Mais voilà, face au désintérêt des musées devant ce fameux petit pois, c’est auprès des médias que Monsieur Monsieur rencontre la gloire. Et parce que cette morale est un peu limite pour cette tranche d’âge un peu jeune pour le second degré, c’est non sans regret que l’on déclasse froidement cette histoire de médiatisation.
© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).