La perte d’un enfant, sa disparition soudaine, et la manière dont chacun gère ce deuil inachevé constituent le point de départ de cette nouvelle série, Birthright, signée par le prolixe scénariste Joshua Williamson (notamment auteur du très intéressant Ghosted) et dessinée par Andrei Bressan. Pas de mise en place ici (comme pourrait le faire un Stephen King par exemple), la disparition est aussi rapide que sa place dans ce premier tome, dès les premières pages, et les auteurs nous plongent immédiatement dans l’après. La destruction programmée de la cellule familiale, les déchirures engendrées par le manque, les reproches et la violence, tout est là, tout de suite, aussi brutal que la disparition elle-même.
Mais voilà, si le drame social et émotionnel est bien là tout au long de ce premier tome de Birthright, la découverte du monde de Terrenos, ombre maléfique de notre propre monde, pays maléfique dans lequel se retrouve plongé le jeune garçon disparu, Mickey, fournit un contrepoint réussi sur la déchéance physique et moral de la famille du jeune garçon. Et puis, comme si cela ne suffisait pas, le jeune Mickey revient dans son monde, avec quelques années de plus (alors que seulement quelques moins sont passés dans son monde d’origine), une carrure digne des championnats du monde d’haltérophilie et une histoire à laquelle peu de gens semblent croire. En effet, le jeune Mickey semble avoir été transporté sur Terrenos grâce à un pouvoir qu’il possède, le Birthright (un « droit de naissance » lui donnant la possibilité de naviguer à travers les mondes), et a eu pour mission, car il est l’élu, de détruire le terrible roi de Terrenos, le roi Lore.
On notera que Birthright est publié aux États-Unis par Skybound, la maison d’édition de Robert Kirkman, l’homme de Walking Dead et de, plus récemment, Outcast. Ce qui constitue, pour beaucoup d’entre nous, un sacré gage de qualité.
Alternant avec justesse récit de pur heroic fantasy servi par des dessins parfois stupéfiants de Bressan (le bestiaire maléfique de Terrenos au service du terrible roi Lore fonctionne plutôt bien) et les tentatives étranges de reconstruction d’une cellule familiale mise à mal par la disparition mais aussi par un retour magique et incroyable (un père qui a tant besoin de croire à ce fils revenu, une mère qui temporise et ne peut accepter aussi vite, un frère qui tente de renouer des liens), Joshua Williamson maintient avec brio le rythme et la tension vital de ce premier tome. On ne peut qu’espérer que les tomes suivants feront de Birthright la grande série que ce premier tome préfigure.
Publié le 25/11/2015 aux Éditions Delcourt
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