Il n’y a pas à attendre de rebondissements à la Madame Bovary dans ce roman de Zoyâ Pirzâd. Contemplative et délicate, l’écriture coule lentement jusque dans les petits détails du quotidien de Clarisse, les fleurs du jardin ou les péripéties de ses enfants. Plutôt qu’un éveil, c’est davantage un questionnement qui s’installe chez cette mère au foyer, un léger pincement qui l’amène à s’interroger sur l’authenticité de ce bonheur apparent et assumé. Mystérieuse sans être bouleversante car suggérée, l’intrigue se déroule progressivement à travers les yeux de cette héroïne attachante qui perçoit plus qu’elle ne partage, comme le remarque sa nouvelle voisine : « Tu fais attention à certaines choses que la plupart ignorent. Tu accordes de l’importance à ce que toutes les autres négligent. En cela, tu me ressembles, du moins quand j’étais jeune. » En filigrane, se dessine la condition féminine en Iran : « les jumelles l’une après l’autre me demandèrent : « Mama, c’est quoi les droits de la femme ? » « Vous comprendrez quand vous serez plus grandes. » » « C’est moi qui éteins les lumières » est un roman agréablement fin et sans prétention, un de ceux dont le parfum singulier flotte encore quelques jours dans l’atmosphère une fois le livre refermé.
Paru aux Editions Zulma.
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