Avec Peter von Poehl en plénitude et Jay Jay Johanson au bord du gouffre, c’est peu de dire que les Suédois ont du mal récemment à nous faire taper du pied… Mais dès les premières notes de What I Have Done, leur compatriote Anna Ternheim nous fait hocher la tête avec détermination. Sans pour autant sauver le monde, cette trentenaire met ses talents d’auteur-interprète au service d’une pop intelligente, classieuse et vibrante.
Témoins de la vie, du temps qui passe et de l’eau qui coule sous les ponts, les cordes sont associées à la basse et aux percussions, remparts contre le laisser-aller. Piano martelé, mélodies entraînantes, tambours battants et voix caressante balayent les tourments de l’âme, du cœur, du souvenir… Quelques morceaux plus minimalistes complètent avec finesse cet univers à la fois personnel et universel, développé à travers dix chansons salées-sucrées.
En explorant les strates du sentiment amoureux, Anna Ternheim nous fait voyager au-delà des grandes vérités. Et passe aussi par la case identitaire, sur la trajectoire de cet album vallonné. On part ainsi de l’énergique What I Have Done, tendu vers l’espoir d’un amour réciproque, puis on fait un détour par Damaged Ones qui convient des blessures du passé et tente vaillamment de s’en affranchir. Surgit alors un majestueux Terrified, qui demandera l’audace et le courage d’un pas en avant, fraichement suivi de Let It Rain, ode à l’évolution naturelle des choses. Légère embuche, My Heart Still Beats For You sonne le rappel des cicatrices à vie, puis No I Don’t Remember soutient la fragilité et la fugacité des sentiments. Et là c’est le drame de Summer Rain. Un dernier sursaut avec Losing You et la route s’élargit à l’infini vers Off The Road, hymne au road-trip loin des sentiers battus. Le périple s’achève sur le poétique Black Sunday Afternoon et l’idée de basculement, de hasard…
Déjà repérée pour ses talents d’auteur, mais quelque peu confinée dans une jolie pop basique, Anna Ternheim prend son envol avec ce troisième album bien plus musical : Leaving on a mayday. Les arrangements sont d’une qualité et l’ensemble d’une originalité telles que ses textes trouvent désormais leur plein sens parmi une large palette de couleurs et d’atmosphères, des BOF asiatiques aux paysages semi-désertiques ou personnages solitaires à la Hopper.
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