Babx – "Cristal Ballroom"

Quel est le point commun entre une boîte à outils, une malle à déguisements et une pochette surprise ?

C’est le nouvel album de Babx, qui trace sa route bien à lui dans les sillons de la chanson française en empruntant aux bons avec parcimonie et déférence, et en évitant le(s) pire(s). Avançant périlleusement sur le fil du parlé/chanté, Babx n’est pas trop gouailleur, même s’il racle les « R » et scande les consonnes à la Brel, il n’est pas terre à terre au ras des bons sentiments et du consensus, non, il a plutôt l’envol d’un Arthur H. Il est plus bobo que Fersen, plus rêveur que Dominique A mais pas moins littéraire, et rien qu’un peu ébréché par rapport au rafistolé Biolay.
La richesse musicale du disque est tout de suite frappante : c’est surprenant, maîtrisé et soigné sans fioritures ni emphase. L’ensemble sonne très personnel, dans l’imagination et la fantaisie. Les textes sont intelligents et forts en références culturelles sans tartine, ça n’est pas sa faute il est tombé dedans quand il était petit… Pas de morale ni de grande leçon de vie, les seuls messages qu’on devine sont politiques, mais pas moins artistiques, comme par exemple un clin d’oeil à Big Brother avec 8h04 ou un balayage de l’actualité avec Bons Baisers d’Islamabad. Le reste, c’est de la dentelle d’univers insolites et cosmopolites, dont la beauté bricolée surprend et séduit.
D’humeur un peu moins aérienne bien que prometteuse, son précédent album ne présageait que du bon talent d’orfèvre, doué pour les allitérations et les assonances. On a retenu notamment de cette première cuvée Lettera (rien que pour un baiser je t’attendrai en chaussettes) et Quand tu m’embrasses (…c’est comme un film muet), annonciateurs d’un fort potentiel poétique, désormais complètement assumé.
Aujourd’hui, on frissonne sur Cristal Ballroom (j’suis l’roi d’un palace antarctique, quand t’es pas là j’ai le myocarde Titanic), on voit la vie en noir et blanc avec Remington Requiem (nana narcotique claudique sic Marlène), on soupire sur L rêve d’il, hommage à Bashung à ne pas s’y tromper (L rêve d’il, de paradis indélébiles, la nuit fendue, fermez les cils) et on en redemandera, certainement après L’orage (après la pluie, seras-tu là ?).
A voir en concert le 12 mai au Café de la Danse.

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A propos de Sarah DESPOISSE

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