Lysistrata – Other Half – Concert à la Maroquinerie

Quoi de mieux qu’une joyeuse sarabande résolument rock pour célébrer la fin de l’hiver ? Cela semble en tout cas être la généreuse proposition de Other Half et de Lysistrata, alors qu’une trompeuse douceur printanière envahit la Capitale. Lorsque le groupe originaire de Saintes pose ses amplis à la Maroquinerie, ce n’est certes pas seulement pour profiter des terrasses du 20ème arrondissement ! La date initialement prévue du 19 mars ayant été rapidement complète, une deuxième a été ajoutée la veille. La salle sera donc archi-pleine deux soirs de suite, témoignage d’un réel engouement autour du groupe. Fort de grands coups d’éclats scéniques et de The Thread, premier album tout à fait remarquable sorti en 2017, Lysistrata compte à présent sur un public déjà fidèle. Leur dernier opus en date, Veil, sorti tout récemment, comble l’attente de fans qui n’ont eu qu’un (toujours très bon) EP à se mettre sous la dent depuis tout ce temps.

Pour ouvrir dignement les festivités, dans une Maroquinerie qui commence à se remplir timidement, ce sont les anglais de Other Half qui ont la lourde tâche de démarrer. Le trio de Norwich investit pleinement la scène avec un naturel charmant et un humour tout à fait délicieux, que l’on qualifiera de Britannique par facilité. Le déferlement de décibels qu’ils ne tardent pas à faire pleuvoir, dans un style post punk pour le moins noisy trouve très vite un écho dans la foule, laquelle commence à rapidement à dodeliner de la tête, captivée.

Le groupe Anglais propose un set plein d’énergie, où les titres s’enchaînent à vitesse grand V. Le groupe démontre une vraie sensibilité et se révèle très punk, autant dans sa manière d’être, naturelle et dénuées d’artifice, que par leur son, à la fois lourd à souhait et enlevé. Le trio parvient à dépasser quelques problèmes techniques devant un public aussi bienveillant que vite conquis. Avec intensité, ils défendent en grande partie l’album Soft Action, sortie en 2022, lequel est par ailleurs à découvrir par ailleurs de toute urgence.

C’est ensuite au tour du trio de frenchies de prendre place et de laisser libre court aux grandes envolées rock qu’on leur connaît. Bien qu’inspirés par la scène hardcore (nous aurons l’occasion d’y revenir dans une interview à venir très prochainement), l’adn de Lysistrata semble davantage hériter des heures de gloire du bon vieux rock’n’roll et des désirs de liberté de ses héros que du son abrupte et direct des coreux de Brooklyn. D’ailleurs, comment ne pas se rappeler ces légendes (The Who, Hendrix…), brisant les codes musicaux au moment où la société tentait de briser ceux de la société, refusant mélodies et refrains trop faciles, à l’écoute de ces déchaînements à même d’emmener son public vers une véritable transe ?

Mine de rien, Lysistrata est parvenu à parfaitement s’affranchir de cet héritage musical, lequel aurait pu s’avérer pesant, par leur ingénuité. Pour autant, et leur prestation scénique entière en témoigne, le fait est qu’il ont trouvé leur style avec naturel, presque à l’instar des textes de leur premier album, c’est-à-dire sans intention ni pensée trop consciente. L’alchimie qui lie Ben, Théo et Max agit comme celle de vampires – très sympas – à l’affût de l’énergie du public. Celui-ci ne paierait pas en  sang, mais sa sueur, laquelle se trouve vite dépensée sans compter.

Leur nouvel album Veil évoque une sorte de mue, celle qui conduirait à l’âge adulte, et la manière dont l’enfant qui grandit se présente au monde. Surtout, Lysistrata interroge les filtres et les miroirs qui influencent la manière dont l’individu pense être perçu et se perçoit. Le groupe évoque des angoisses profondes et personnelles, ce qui parait paradoxal à la vue de ce concert. En effet Lysistrata n’est à présent plus un groupe de jeunes ados audacieux, mais bien un groupe sûr de son fait, de sa force et de sa puissance. Plus encore, en ayant mûri leur son et jamais avare d’une énergie débordante, la scène reste l’endroit privilégié pour découvrir ce groupe définitivement à part.

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A propos de François ARMAND

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