En écrivant il y a sept ans de cela quelques mots sur la mort de François « Bronco Junior » Lebleu, l’idée de devoir remettre le couvert nécrologique à propos de L’Affaire Louis Trio » sur la timeline de Culturopoing nous semblait bien improbable. C’est pourtant le cas aujourd’hui avec l’annonce du soudain et brutal décès d’Hubert Mounier à l’âge de 53 ans.
Les premiers tubes du groupe (« Chic Planète » et « Tout Mais Pas Ça », tous deux issus du premier album de 1987), avaient popularisé la trogne « ligne claire » d’Hubert, grand fan de BD s’il en était. La France découvrait alors Cleet Boris (le nom de scène d’Hubert, son frère Karl Niagara et l’acolyte Bronco Junior) entre deux clips estampillés Top 50, le plus souvent flashy et sautillants, à bonne distance d’un chanteur bien plus grave et tourmenté que son image publique ne le faisait alors deviner. D’autres jolis succès suivirent pour le groupe (la belle ballade « Succès de Larmes » par exemple) avant que le trio, à l’instar des Innocents par exemple au même moment ou presque, plonge tête la première dans ses obsessions pop avec deux disques de haut qualité, Mobilis On Mobile puis L’homme Aux Milles Vies. Le premier surtout, copieux concept album, reste aujourd’hui encore un trésor de cette french pop de toujours aux arrangements fournis et aux ambiances marquantes (la perle absolue « Mobilis In Mobile », la furibonderie classieuse du « Capitaine », la joliesse de « Vers Des Jours Meilleurs » ou encore la classe folle de « Loin », au hasard).
Après l’aventure collective et une période de « flottement » (comme on le dit pudiquement pour évoquer aussi bien le sevrage de cet ancien alcoolique que les turpitudes contractuelles et même judiciaires avec son ancien label), viendra ensuite le temps du périple en solo au début des années 2000 avec un album intitulé Le Grand Huit réalisé, par Benjamin Biolay, intime lyonnais du chanteur. Un disque d’atmosphères (ambiance apaisée en lieu et place du toho-bohu de l’AFT) dont ressortent les ravissants « La Vue Sur La Mer » ou encore « La Rivière ». Biolay accompagnera Mounier tout au long de son périple discographique qui oscillera entre pop soignée et élégante croonerie (trois autres albums à paraître dont un projet livre/BD La Maison de Pain d’Epice ou encore un disque de reprises remaniées de l’Affaire Louis Trio en version épurée). Auteur également d’un roman (le Nombril du Monde paru en 2014, un poil surréaliste), cet amoureux de la BD était en train de travailler sur un Tarzan pour les Editions Dupuis. Un mot enfin sur son activité sur les réseaux sociaux, riche de milles actualisations journalières qui faisaient agréablement ressentir le goût d’Hubert Mounier pour le chic vintage et l’âge d’or créatif et artistique des années 50 et 60.
Sa disparition soudaine nous laisse bien triste tant sa douce voix et sa belle personne accompagnaient à sa manière nos jours, nos mois, nos années depuis près de trente années et avec la discrétion et l’élégance qui le caractérisaient, le talent aussi.
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