Avec plus de 150.000 spectateurs cumulés le long de trois beaux et longs jours caniculaires, l’édition 2014 du Hellfest restera celle de tous les records, tant du côté donc des résultats chiffrés que d’une affiche qui n’a jamais été (et ne sera peut-être plus jamais) aussi dense et riche.

 
Comme chaque année, quelques améliorations du site sont relevées (davantage de toilettes, l’extrême market déplacée avant l’accès au site pour dégager de la plage devant les mainstages, le coin restauration prenant sa place non loin de l’entrée principale) ainsi que quelques innovations (la grande roue ou encore l’accès au site côté VIP/Presse déplacé, toujours dans l’idée de dégager de la plage face aux principales scènes). L’essentiel cela dit est toujours là, six plateaux proposés histoire de balayer le plus largement possible toutes les facettes et toute la diversité du metal, du plus rock au plus lourd, du plus punk au plus grind.
Du punk et du grind il y en eut peu sur les deux grands scènes principales du festival, ces mainstages numéros 1 et 2, identiques en taille mais avec l’une, première du nom, proposant un surplus de possibles côté mise en scène (cf. Kiss auparavant et Aerosmith cette année). Sises face à la grande roue et raison première de la hausse constante de la fréquentation de par les têtes d’affiches qui s’y déploient, les mainstages ont cette année encore permis à un énorme public de combler yeux et oreilles, avec toujours cette idée tenace qu’il faut se pincer pour imaginer faire figurer dans un festival strictement metal organisé en France autant de noms ronflants et populaires.

Photo : Benoit Pé

Vendredi – Scream For Me Clisson
C’est à une heure précoce et sous un déjà beau cagnard que l’équipe Culturopoing arrive sur les lieux, le temps de s’enregistrer, de deviser narquois sur un jeune homme déjà fortement imbibé et cuvant au soleil (10h du matin enfin quoi) puis de s’imprégner des nouveaux aménagements et déjà le calepin et le crayon sont de sortie pour notre mainstreamiste, notre préposé aux scènes principales.
Mélangeant metalcore et mangcore, Crossfaith est un groupe japonais trop rare dans nos contrées. Il a l’excellente idée de mettre le feu au Hellfest en ce début d’après-midi, rasant ainsi le dernier brin d’herbe encore potable et libérant ainsi les poussières de l’enfer qui n’allaient pas tarder à envahir le moindre pore des cuisants métalleux. Entre voix rageuses et passages électro déjantés, Crossfaith marque d’emblée d’une croix évidemment inversée cet assez inoubliable vendredi. Après ce set éminemment jeune et moderne, le fourni public qui cuit plus ou moins doucettement devant les maintages retrouve ensuite de grasses volutes old school. C’est d’abord le thrash à l‘ancienne de Toxic Holocaust qui tonne, efficacement violent même si en déficit de vraies bonnes chansons. Ensuite le public frissonne car Satan en personne fait une courte apparition (trente petites minutes). Il a certes pris un bon coup de vieux depuis ses premiers méfaits aux belles heures initiales de la NWOBHM mais ce combo anglais contribue à donner à cette journée une teinte classiquement heavy de bon aloi, alors que derrière les deux grandes scènes Maiden, la figure émérite de la NWOBHM, arrive dans la place. Au programme pour Satan, un concert solide et carré exécuté avec un plaisir visible et somme toute contagieux. Full stop.

Crossfaith

Changement de ton total ensuite avec Powerman 500, groupe inclus dans le ticket Rob Zombie (le chanteur Spider One est en effet le frère cadet du mort-vivant, ça aide) et œuvrant dans une veine techno metal un poil light côté guitares (surtout après la double messe métallique décrite plus haut) mais plutôt agréable au final, au gré de l’inspiration (ou pas) de certains refrains. Retour aux vraies valeurs immuables avec M.O.D, le gang fondé dans les années 80 par l’ex S.O.D Billy Milano. Avec un look à mi-chemin entre Ron Jeremy pris au saut du lit (cette bedaine, cette moustache, ce survêtement) et Axl Rose pris au saut de la scène (le retard pris en attendant l’arrivée de môssieur), Billy Milano et son gang de petites frappes new-yorkaises vont dérouler durant une petite heure un catalogue raisonné et équilibré de l’œuvre du bonhomme. Toujours entre prêche politique (« Obama is George fuckin’ W Bush in blackface ») et déflagrations musicales, le set de M.O.D comble la majeure partie d’un public qui réussit à émouvoir Milano, notamment après les diverses ovations faisant suite aux compos du cultissime S.O.D. Un vrai bon concert d’après-midi dira-t-on. Sans que cela ne soit aucunement péjoratif.

M.O.D

Prenant la suite de Powerman 500 dans la catégorie du non-metal de base, les irlandais de Therapy ? font ensuite parler poudre et talent pur. La poudre c’est la saine et positive énergie déployée par nos trois sympathiques irlandais visiblement heureux d’être là et ravis de se sentir aussi attendus (belle ovation du public qui va ensuite manger dans la main de Cairns tout du set durant). Le talent pur c’est un catalogue impeccable de classiques, démarrant avec « The Knives », enchaînant avec « Trigger Inside », « Die Laughing » et terminant par « Nowhere », pour n’en citer que quelques-unes (ne cherchez pas les autres, elles y sont toutes). Certes, les Therapy ? ont donné ici un concert identique à celui qu’ils auraient pu donner il y a 20 ans (énergie et setlist comprises) mais ils ont surtout comblé un public plus que réceptif et donné simplement l’un des meilleurs concerts de tout le festival. Et puis, qui d’autre peut comme eux se permettre de reprendre avec pertinence à la fois Judas Priest et Joy Division, le tout sur la scène principale du Hellfest ?

Therapy?

Abonnés au Hellfest comme de nombreuses autres formations, les fougueux de Trivium remontent ensuite de plusieurs niveaux la jauge purement metal. Le public, du moins celui hermétique à Impaled Nazarene qui fait le plein sous l’Altar au même moment, apprécie bruyamment cette tranche de thrash 2.0. Donc acte. Premier gros show de cette édition 2014, même si identique ou presque à celui proposé pour sa première venue il y a trois ans, Rob Zombie et son backing-band de malade (Johnny 5 à la guitare notamment, entre riffs monolithiques et soli étourdissants, un peu comme si Steve Vai avait été mordu par une chauve-souris enragée). Visiblement de meilleure humeur que la fois précédente, Rob Zombie délivre un set moins froid et clinique, professionnel avant tout certes mais surtout plus qu’agréable, spécialement lorsqu’un peu de fun s’y invite via moult clins d’œil musicaux (le premier couplet de « Enter Sandman » par exemple) sis entre deux classiques du bonhomme, sans parler des reprises finales en mode fun de Blitzkrieg « Am I Evil ? » et du « School’s Out » d’Alice Cooper. Sepultura prend la suite et délivre un set carré et sans surprise aucune. On pourrait d’ailleurs dire la même chose des concerts cousins donnés par Sepultura et Soulfly régulièrement ici, souvent à une petite journée d’intervalle, à la différence que l’un (Soulfly) serait le brouillon de l’autre (Sepultura), voire le concert poussif donné par la bande de Max Cavalera ici-même le lendemain. Set ultra-brutal et surtout ultra-efficace, du bétonneux, les brésiliens ouvrent ainsi officieusement le rideau d’Iron Maiden, un vrai lever de rideau de fer.

Sepultura

 
Il n’est pas même 21h et les anglais entrent dans l’arène comme de bien entendu avec « Moonchild ». Malgré l’heure précoce et la curiosité inédite de voir un concert d’Iron Maiden à la lumière du jour, le concert d’Iron Maiden fut comme attendu le point chaud de cette première journée côté Mainstage. Raccord avec le match de Coupe du monde des français contre la Suisse (dont le score sera donné au fil du match par Dickinson, rassurez-vous), il est difficile de pinailler devant six gaillards heureux d’être là et jouant avec maitrise et enthousiasme un répertoire parmi les plus forts de toute l’histoire du metal. Avec un Dickinson très en voix et autant de moments précieux à défaut de rares (« The Prisoner », « Seventh Son Of A Seventh Son », « Two Minutes To Midnight », « The Number Of The Beast », « Fear Of A Dark », vous rajouterez de tête tous les autres), Iron Maiden a donné au nombreux public présent ce qu’il était venu chercher : une tranche de plaisir et d’histoire, le tout sans naphtaline ni postures, grande classe.

Iron Maiden (Photo Benoit Pé)

Il fallait donc s’appeler Slayer pour passer derrière la Vierge de Fer. Ce qui fut fait avec éclat tant les quatre californiens vrillèrent la tête du public encore sous le charme des refrains à chantonner de Maiden et se retrouvant sans transition aucune à headbanger férocement sur des riffs irrésistibles. Superbement mis en lumière, le jeu de scène (oui c’est ironique) de Slayer, arc-bouté sur un répertoire qui a plus que fait ses preuves, s’avère une fois encore pleinement jouissif avec un Arraya fidèle à lui-même et un King tête dans le guidon du début à la fin sans parler du revenant Bostaph aux futs et d’un Holt à la hauteur de son immense tâche, remplacer le démissionnaire et trépassé Hanneman. .
Les deux derniers concerts du jour, plutôt de la nuit, les suédois à treillis de Sabbaton et les thrashers cultes et inspirés de Death Angel ont été réussis et plaisants, du moins à en écouter les échos du lendemain (oui, Slayer aura été le dernier concert vu sur les scènes principales, human after all et tout et tout, il fallait rentrer surtout que, story behind the scene, le véhicule était malicieusement garé dans les rues de Clisson mais plus loin cette fois que les années d’avant, le festival grossit que voulez-vous). De quoi en tous les cas clôturer une journée historique côté Hellfest, celle qui aura vu enfin Iron Maiden poser ses camions non loin du gymnase Clissonnais, il n’était que temps, et Bruce Dickinson faire mieux encore que son « Scream For Me Palavas » lors du concert donné aux Arènes de cette charmante bourgade du sud lors du World Slavery Tour de 1984/85 en y allant de son « Scream For Me Clisson » à la périphérie d’un carré de vigne de Loire-Atlantique, presque comme une boucle enfin bouclée.

Photo : Duclock

Samedi– Love In A Grande Roue (Livin’ it up when I’m going down)
Ce samedi est une journée là-encore gavée de soleil qui commence avec les basques de Killers qui s’éclatent sur la grande scène avant que les demoiselles de Lez Zeppelin ne suivent ensuite avec un set déconcertant et pour tout te dire un peu à côté de la plaque. Non que les anglaises ne soient pas sans qualités à reproduire ainsi avec talent la musique du grand Zeppelin, plutôt que nous serons plus d’un à nous demander ce qu’un cover-band peut bien faire sur la scène principale du Hellfest (ou alors amenez-nous Dread Zeppelin) alors qu’il serait bien plus à sa place sous la halle du marché du centre-ville clissonnais, passons. Premier gros événement de la journée, les glorieux mais poussiéreux Skid Row délivrent une set-list en forme de best-of, marquée par la classe indémodable de « 18 & Life », « Slave To The Grind » ou encore « Youth Gone Wild ». Johnny Solinger au chant fait ce qu’il peut mais il peine le plus naturellement du monde à égaler la performance vocale, physique et charismatique de son prédécesseur Sebastian Bach (enfin celui d’il y a vingt ans). Celui-ci était un vrai arc-en-ciel vocal, Solinger n’est pour sa part qu’une seule et même couleur. Nonobstant cette réserve, le set des Skids fut en tout point agréable et plaisant avec juste ce qu’il faut d’inachevé (quarante minutes vous pensez) pour en attiser le plaisir. Passons ensuite sur deux prestations conformes aux attentes. Buckcherry qui succède aux Skids assure avec talent son set devant une foule ravie avant que le Walking Papers de Duff « N’Roses » McKagan ne délivre un set passe-partout et ennuyeux au possible, une fois encore (remember le concert mitigé donné avec Loaded précédemment).

Buckcherry

Running order improbable, ceux qui furent un bref moment aux Guns N’Roses ce que Helloween fut à Maiden (les rivaux annoncés avant la brutale décrépitude, Skid Row) ainsi que celui qui fut justement 1/5è des Guns (Duff), le groupe de rock le plus chaud de l’avant Nirvana précèdent un combo américain du nom de We Came As Romans. Voilà un nom de groupe atypique pour un groupe de « metalcore à bermuda », rempli de tous les clichés du genre. Disons que le concert a plu aux aficionados du genre (car genre il y a, car fans il y a) même s’il a laissé sur le bord de la route une bonne partie du public finalement plus Roses que Core, plus Row que Rough.
Vient ensuite le choc. Non pas tant pour le concert d’Extreme qui débute que pour la vision d’un Nuno Bettencourt téléporté tout droit de 1994 sans avoir bougé physiquement et techniquement d’un cil. Le juvénile démiurge fait feu de tout bois (guitares, chœurs et même sécurité lorsqu’il dénonce un vilain gredin du public qui aurait eu un geste déplacé envers lui, mazette) avec autour de lui de brillants musiciens et un Gary Cherone qui n’est pas en reste, physiquement comme vocalement. La set-list de feu n’omet aucun passage obligé, festival de l’Enfer ou pas, c’est ainsi que nous avons droit à une superbe version de « More Than Words » accueilli avec ferveur par les fans de Deep Purple et d’Aerosmith, Extreme montre en 55 petites minutes tout l’éventail d’un talent et d’une présence scénique pour le moins impressionnantes. Chapeau bas.

Photo : Benoit Pé

 Transition improbable, les Poulidor du Jacques « Gojira » Anquetil déboulent ensuite, le mastodonte Dagoba avec une prestation plus impressionnante que jamais. Evidemment le groupe français joue à domicile ici dans le plus grand festival metal de son pays et se trouve ainsi généreusement fêté à peine entré en scène. Il n’empêche. Le groupe donne une bonne dose de metal bourrin mais technique, exalté et fervent tant en puissance qu’en empathie. C’est d’ailleurs lui qui va déclencher le plus grand wall of death des trois jours (« Je veux voir le mec au guichet de la grande roue !). Inutile de vous dire que la poussière va mettre ensuite un temps certain à retomber. Pas après pas, album après album, Hellfest après Hellfest (les années paires ou presque), Dagoba monte joliment en puissance jusqu’à être aujourd’hui une vraie locomotive à son tour. Tchou tchou.

Dagoba

Instant Age Tendre et Têtes de Metal, comme tous les ans désormais le samedi en fin de journée (Lynyrd Skynyrd/ZZ Top déjà l’an dernier), c’est Status Quo qui monte alors sur scène, catogan en vent, joues rougies par les ans et le soleil breton et boogie hard de la première à la dernière note. Contre toute attente, ou presque, le set des vétérans britanniques s’avère réjouissant et joyeux, impossible en effet de ne pas taper du pied d’un morceau à l’autre devant un groupe et une recette figés certes dans l’espace-temps mais toujours agréables à écouter, pourvu que cela soit sur les planches devant nous et notre bière fraiche à la main.
Après un intermède assiette mexicaine/bière fraiche/tiens t’es là toi ça va ?/coupe du monde de football, l’heure sonne de la seconde mi-temps du match des vétérans avec Deep Purple. Le meilleur moment du concert sera en fait l’entrée en scène et la belle ovation qui l’accompagne, un public heureux de rendre ainsi hommage à ceux qui font parmi de ceux sans qui le metal n’aurait pas existé…blablalbla…Richie Blackmore…blablabla…In Rock… David Coverdale…blablabla… Vous connaissez l’histoire. Malgré une chemise improbable (une constante chez lui) Gillan assure tant bien que mal, du moins autant que le poids des ans et les tonnes de concert donnés par le groupe lui autorise et l’ensemble est bien entendu impressionnant de classe même si, vous l’aurez deviné, le rythme pépère sonne bien plus Foire aux Vins de Colmar et Vieilles Charrues que prestation au Hellfest à la suite de Hatebreed et Soulfly. Voilà pour le côté mi-raisin. Pour la figue, il faut reconnaître que Deep Purple comble un public ravi en enchainant les classiques fédérateurs, jusque « Smoke On The Water bien entendu. Deep Purple est un groupe renouvelé mais il vit désormais sur ses (nombreux) acquis, un concert de plus pour eux dirons-nous, une première fois pour le Hellfest cependant.

Deep Purple


Une grande avancée d’une vingtaine de mètre aura toisé toute la journée les frontmen de la Mainstage 1, elle s’offre pleinement et entièrement désormais à la star du jour, Steven Tyler lui-même (et Joe Perry, occasionnellement). Que dire du set d’Aerosmith si ce n’est qu’il s’avéra le parfait show à l’américaine promis, un mélange de grand et méthodique professionnalisme et d’un répertoire franchement enthousiasmant, le tout avec un Tyler jouant le remake du petit cheval blanc de George Brassens, tous derrière (sauf Joe Perry occasionnellement) et lui devant, dix mètres devant. Très en forme et en voix (presque trop, sa voix parfaite même si moins aérienne qu’avant bien sur semble par moment suspecte), Tyler n’est pas né de la dernière pluie et la canicule du Hellfest ne lui fait pas peur non plus, le public lui mange dans la main, ici comme ailleurs, rien ne change, c’est toujours la même chanson et la même danse. Deux heures de haute volée qui auront cependant raison des derniers râles d’Avenged Sevenfold qui clôtura cette belle journée et nous accompagnera de loin sur le chemin du retour.
Dimanche– Figure in black which points at me
Dimanche, le jour du Sabbat Noir la nuit venue et toujours celui du Soleil Jaune toute la journée durant. Le black hole sun cogne déjà fort en effet quand Lofofora featuring le gars-rigolo-du-petit-journal-de-canal-plus monte sur scène et sert l’apéritif avec sourires aux lèvres et pastis tiède à la main. Des en-cas qui s’avèrent un peu trop lourds ensuite avec les pachydermiques de Crowbar en pilotage automatique, entre grosse caisse obèse et guitares enrouées, toujours aussi impressionnants quoiqu’il en soit. Powerwolf s’invite ensuite à la fête. Dès le premier morceau intitulé « Sanctified by Dynamite » le ton est donné pour un groupe pétri d’énergie et de second degré. Le concert de ces prêtres loups garous nous entraîne plaisamment dans des histoires de vampires se réveillant à minuit bercés par du power metal allemand, un kamoulox comme un autre. Groupe fun et sans prétention avec ses grands orgues et ses gros refrains à reprendre en chœurs et aussi un humour bien gras qui colle parfaitement aux torses velus et dodus des festivaliers déjà tout gluants (cf le petit speech avant « Resurrection By Erection », le titre déjà). Un moment bien fun en tous les cas pour commencer l’après-midi même si l’heure du concert ne permit pas au groupe d’offrir tout le décorum habituel (décors, costumes, éclairages).
Caution alternative de la journée (le Skid Row d’Aeromisth pour le Soundgarden qui s’annonce pour le prime time), Seether monte ensuite sur scène à 15h, un dimanche, le soleil, l’été, tout ça. Il n’y a pas pire conditions sans doute pour découvrir ou bien se régaler du metal-grunge (mouarf) calviniste de nos ouailles qui alternent le plus souvent couplets neurasthéniques et refrains hystériques. Les sud-africains donnent cependant un bon concert même s’ils manquent singulièrement de charisme, en particulier sous un beau soleil d’été et devant des dizaines de milliers de festivaliers qui attaquent pour la plupartle troisième jour des festivités.
Relève bréslienne même si dans une veine plus symphonique que brutal-metal, Angra délivre ensuite un set qui ennuie les uns et comble les autres, selon le degré de résistance respectif aux envolées lyriques et aux plages contemplatives de belle musicalité certes mais bien (trop) éloignées de la guitare quatre cordes sous-accordée de Max Cavalera. On penchera pour la première option pour notre part, d’autant qu’Alter Bridge vient ensuite et fait lui-aussi dans le schisme de perception. Miles Kennedy semble prendre du plaisir à arpenter comme chaque année (avec son groupe ou bien en tant que chanteur du groupe de Slash) les mainstages de Clisson et donne du bon temps au public (oui, aujourd’hui le verre est moitié plein par principe) même si d’aucuns estiment que ce fut ici un set passepartout et lisse comme le crâne de Scot Ian. La paire thrash qui suivit alors fut à la hauteur de leur rang, les vigoureux tauliers de la seconde division du genre, les canadiens d’Annhilator tout d’abord, toujours plaisants à retrouver ici, puis surtout les revenants de Dark Angel qui donnèrent tout, et plus encore, à des fans qui pour l’essentiel découvraient ici sur une scène ce qui fut à l’époque (la belle époque, la dorée, l’âge d’or du genre) un outsider parmi les plus féroces et les plus impressionnants.

Angra

Heureux choix de programmation pour un festival qui, depuis les six scènes thématiques, a malheureusement un peu trop tendance à renvoyer l’essentiel du genre extrème sous la grande et double tente (Altar/Temple), Behemoth prennent la suite sur la Mainstage 2. C’est le début de soirée, le ciel est encore bleu même s’il se renfrogne un peu, cela n’empêche pas les polonais de sortir la grosse armada visuelle qui colle parfaitement à une musique d’une puissance peu commune. Certes, le public, arrosé par les trop chauds rayons du soleil à peine couchant et la pluie fine et rafraîchissante des lances de pompiers, n’était pas sans doute dans les meilleures conditions pour apprécier le show impressionnant des lugubres de Pologne mais il fut cependant hypnotisé pour une large part par un set marquant et mémorable, un de ceux qui fait plaisir à voir et à entendre sur une des scènes principales du Hellfest, surtout à cette heure avancée du jour et surtout devant ceux et celles qui attendent avec impatience la version live de « Black Hole Sun ». Le jardin du son justement, le voilà qui arrive, Soundgarden déboule sur la scène et sous une belle ovation avec un batteur efficace mais discret, un Ben Cameron fidèle à lui-même (soit perché quelque part entre les tréfonds de son cerveau et là-haut, tout là-haut dans le ciel qu’il fixe longuement du regard à de nombreuses reprises), un Kim Thayill plus replet que jamais mais dont on retrouve avec un immense plaisir le jeu très fin de guitare et enfin avec un Chris Cornell éclatant de vitalité et de charisme avec sa voix préservée et un jeu de scène certes convenu et expérimenté (le coup du « Vive la France » quand on sent que son petit couplet flatteur sur l’équipe de France de foot tombe à plat, mouais). Avec bien entendu une setlist de malade (et dans des versions fidèles et jouissives, ce qui n’est pas évident quand on se rappelle en particulier les envolées vocales du jeune Cornell il y a 20 ans de cela), Soundgarden a assuré comme il fallait ce début de soirée, donnant de lui-même une belle et saine image. Second choix extrême, les Heckle du Jeckle Immortal qui foula également la scène principale il y a quelques années de cela, Emperor et son black metal symphonique ou assimilé fît parler la poudre avec talent dans l’attente, devenue impatience, de voir monter sur scène Tony, Geezer, Ozzy et puis l’autre gars aussi à la batterie.

Photo : Benoit Pé

Lorsque Black Sabbath monte sur scène, on ne peut s’empêcher de penser que c’est la troisième fois en quatre éditions qu’Ozzy est à ce jour et à cette heure en tête d’affiche du Hellfest, même si le concert foiré de l’an dernier était un concert de secours suite au désistement justement de Black Sabbath de toutes ses dates estivales en raison de la maladie de Iommi. Ozzy est content d’être là mais il est un peu à l’ouest, clairement, le groupe joue pour lui et avec lui, peut-être malgré lui pourrait-on dire. Nous avons ainsi droit à des versions plutôt lentes et bonhommes des standards du groupe, une sorte de bande-son certes plaisante (plus dans l’idée de ce qui est là debout face à nous que pour son résultat brut) mais qui manque singulièrement de patate, de vitalité, d’enthousiasme. Nous vient alors une pensée, celle d’une discographie du Sabbat Noir (et pour en parler que de l’époque Ozzy, première du nom) beaucoup plus riche et diversifiée que ces perles (car perles il y a, bien entendu) ici enfilées les unes après les autres, un peu comme un Digest metal. Car Black Sabbath est un groupe beaucoup plus riche que sa légende semble dire, un groupe capable par exemple de pondre des merveilles célestes et psyché comme « Solitude » ou « Planet Caravan » dont les versions live jouées en ce dimanche estival auraient sans nul doute marqué plus d’un spectateur. Il est vraiment dommage de le voir ainsi comme brider dans son propre génie, comme s’il ne fallait décidément retenir que les pierres philosophales du genre metal (certes de grande qualité) au lieu de tous ces petits cailloux disséminés ici ou là sous forme de trésor caché. Alors prenons simplement ce qu’il y à prendre, et tant pis pour ce qui aurait pu être un des plus beaux concerts vus, ever. Contentons-nous de cette grande messe métallique donnée à une assemblée recueillie et toute acquise à la cause, et tant pis sur le prêtre donne l’impression d’avoir avalé une Ostie de travers ou d’avoir confondu vin de messe et tranquillisants. « Paranoid » clôture sans surprise un concert solide même si sans passion débordante, il clôture surtout une affiche de rêve (ou presque) sur les mainstages trois jours durant. Et le plus beau, car plus beau il y a, c’est que ce n’était pas que le tiers des réjouissances.

Photo : Duclock

PHOTOS : Cycy (sauf mention). Retrouvez toutes les photos du Hellfest 2014 (et autres) sur le site perso de Cycy
REDACTION : Cycy, Dj Duclock, Alexis Hunot, Benoit Pé, Bruno Piszorowicz

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