Entretien avec William Schaff (Graphiste – Okkervil River)

RENCONTRE DU DEUXIEME WILL
(un entretien avec William Schaff, graphiste)
 
A l’heure où sort le nouvel album d’Okkervil River (The Silver Gymnasium),  une merveille qui s’avère l’œuvre la plus personnelle du chanteur et songwriter Will Sheff, nous avons eu le plaisir d’échanger quelques mots avec son quasi-homonyme Will Schaff.
 
Outre cette spécificité onomastique, le lien entre ce graphiste venu du pays de Lovecraft (Providence, Rhode Island) et le groupe texan le plus enflammé et littéraire du rock contemporain est étroit: Schaff est l’auteur des visuels de l’ensemble des sept albums d’Okkervil River.



 
Une collaboration fidèle qui lui a permis de creuser ses différentes veines (onirisme, morbidité, absurde, mélancolie…) et de mettre en perspective l’univers dense et complexe des chansons de Sheff et de sa bande. 
Une proche amitié s’est nouée entre les deux Will, qui culmine aujourd’hui sur The Silver Gymnasium: Schaff a travaillé à partir des souvenirs d’enfance de Sheff, pour un résultat où le fantastique dialogue avec l’intime. L’artiste multi-technique plutôt discret -de la confrérie des porteurs de masques- a accepté de lever un petit bout de voile…
 
Comment décririez-vous votre univers graphique en quelques mots?
C’est un univers d’espoir, de tristesse et de quête.
 
Votre travail avec Okkervil River y tient-il une place spéciale?
A mon sens oui, car il est à la fois représentatif de mon travail, de celui d’Okkervil River, et aussi d’une longue relation entre Will Sheff et moi.
 
Y’a-t-il d’autres collaborations entre un groupe et un artiste qui vous parlent dans l’histoire de la pop?
D’emblée: New Order et Peter Saville. Le label 4AD et tous leurs musiciens, aussi: j’adore la façon dont ils ont conservé une identité en tant que label à travers l’artwork. J’adore aussi le travail de Jo Slee avec les Smiths.
 
Lisez-vous les paroles de Will Sheff avant de vous y mettre?
Oui. Au bout du compte ça ne joue pas toujours un rôle identifiable dans le travail fini,  parfois oui, parfois non, mais je les lis systématiquement. De plus, Will et moi parlons toujours beaucoup, et longuement, de l’album avant que je me mette au travail.


 
La pochette centrale du nouveau LP est recouverte d’un plan de Meriden, la ville natale de Will Sheff, à l’époque de son enfance. Ses frontières sont gardées par un étrange saurien: cette créature renvoie au Hic Sunt Dracones des cartes médiévales et semble rappeler l’existence de la fiction…
En effet la Salamandre Rouge indique la frontière de la ville et constitue un clin d’œil au Hic Sunt Dracones («ici sont les dragons»: une façon d’indiquer autrefois les territoires inconnus -NdA), mais c’est aussi un animal très courant dans la région du New Hampshire en question. Donc au final sa présence renforce la dimension autobiographique plutôt que l’idée de fiction.
 
La dimension autobiographique sur ce disque a-t-elle impliqué une nouvelle façon de travailler?
Nous avons procédé exactement comme d’habitude, mais j’ai cette fois entendu une petite différence dans la voix de Will, lorsqu’il me parlait de sa ville natale. Je n’avais jamais entendu ces intonations chez lui… j’ai cru entendre la voix d’un petit gamin! C’était super drôle à observer.
 
Qui est l’homme-oiseau sur la pochette?
Si je vous donnais toutes les réponses vous n’auriez pas besoin d’une carte !
 
 
Pour prolonger le jeu de piste et le voyage dans le passé mi-biographique mi-fantasmé de Will Sheff, le site officiel du groupe propose un amusant et assez réussi jeu 8 bits vintage mettant en scène le songwriter enfant (et l’homme-oiseau, parmi d’autres créatures, si vous progressez suffisamment), et laissant entendre quelques arrangements malicieux sur les morceaux de The Silver Gymnasium. Un disque qui, sous sa pochette à décrypter et derrière ses atours plus simples que les récents sommets du groupe, restera comme une nouvelle réussite éclatante au fil d’un parcours sans faute.


Pour partir à la découverte de l’univers visuel passionnant et foisonnant de William Schaff, avec ou sans musique, pas besoin de carte, c’est ici.



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A propos de Rémi Boiteux

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