Foals – Total Life Forever (archives)

Le second album des Foals débute par une curieuse impression, un peu comme si les Fleet Foxes étaient tombés sur la tête et prenaient la place de Xhixho à siffler dans la bouteille de coca et produire ainsi quelques notes de musique. Saisissante intro pour ce premier morceau, Blue Blood, qui illustre parfaitement l’optique du groupe d’Oxford sur ce second effort vinylique, étape oh combien importante on le sait ou pour enfoncer qualitativement le clou ou pour que celui-ci ne serve qu’à fermer définitivement le cercueil. Une illustration exemplaire car le tempo y est plus chaloupé, les rythmiques plus ensoleillées, la musicalité plus spirituelle aurait-on envie de dire, une tendance de fond au fil des titres. Cherchant une formule synthétique on pourrait dire que le guitariste Yannis a cette fois pris le dessus sur le chanteur Yannis.
Antidotes posait les jalons d’un rock nerveux mais toujours inspiré et dansant (cette saloperie de notion de Math Rock qu’on leur accolait), du swing de blanc-bec (on pense de loin aux Talking Heads bien sur) il en est toujours question sur ce disque bien qu’il semble suivre le chemin ouvert par les titres les plus lancinants du premier disque, les Olympic Airway et autre Red sox pudgie (le monde est bien fait puisque l’un et l’autre étaient les meilleurs du disque, de la graine d’éternité) et non les titres plus immédiats et directs, le collectif suit donc ce chemin-là mais en continuant l’exploration, sans éprouver une quelconque formule, de quoi donner envie de citer Pearl Jam dites donc, « There is a trapdoor in the sun : Immortality ».
10 titres et un interlude, le tout gavé de mélodies bonhommes et d’un chant plus posé, les guitaristes évoquent plus que jamais un concept afro-pop (des enjolivures avant tout et non le corps même des chansons, celui-ci reposant sur le rythme). Il faut dire aussi combien les Foals sont de grands musiciens qui expriment ici leur propre substance au lieu de « simplement  » composer de belles mélodies. De quoi marquer nettement la différence entre les Foals et quelques contemporains comme Grand National par exemple (sur la chanson Total life forever au hasard, qu’on aurait pu trouver sans problème sur Kicking the national habit), les racines africaines de notre gréco-sudaf de compositeur/chanteur donnant sans doute une épaisseur naturelle et supplémentaire à leur musique là où les Grand National se contente d’encanailler leur pop avec un supplément percussif et rythmique venu d’ailleurs. De la différence entre le plaisant collage et la natural essence.
Le bémol à donner au disque est une certaine homogénéité dans la construction des titres, commençant le plus souvent doucettement avant de subir une brève ou éruptive montée de sève, un schéma un peu trop systématique même si la force des chansons fait toujours pencher du bon coté l’attelage. Car Spanish Sahara est une pure merveille, elle bouleverse, This Orient plus classiquement pop tout autant, la quadrature entamée par Blue blood et terminée par Black gold en début de CD suinte bon le chaud, le joyeux et la fièvre métronomique, un son qui évoque plus que tout autre musique à qui l’on colle pareille étiquette l’ambiance fantasmée d’une afro-pop. Le dernier tiers de l’album lorgne un poil plus du coté de l’atmosphérique, le travail sur les voix de Alabaster étant par ailleurs superbe, une tendance exacerbée sur le titre final What remains et l’image fugace et curieuse d’un Peter Gabriel, celui de Come talk to me mort puis ressuscité sous les traits hirsutes et pileux d’un jeune chanteur/guitariste nommé Yannis, capitaine d’un formidable équipage amené à voyager encore plus loin, et nous avec.

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