Garciaphone nous invite à rêver sur son deuxième album. Cotonneux, entraînant et mélodique. Un petit classique de pop mélancolique. On en redemande.
Difficile de ne pas céder aux merveilles dispensées à longueur d’album par Garciaphone. Le groupe d’Olivier Perez conjugue évidence mélodique, concision musicale, et, comme diraient les hommes bleus, un feeling – une émotion inimitable. On songe pour la voix à Elliott Smith (sur Deadstar), ou plus près de nous à Andy Shauf (sur Oh sleepless word et Every song of sorrow). Pour qualifier cette pop « pointilliste », rêveuse (voir le titre « dreamy » de l’album), et subtilement electro, certains évoqueront Grandaddy, Sparklehorse et The Notwist. Et quand le groupe est davantage électrique (comme sur son premier album Constancia) : Built to Spill ou les Pixies.
La douceur et la discrétion apparentes de Dreameater pourraient faire croire qu’il est l’album d’un rejeton indie à la mélancolie un peu trop sage. Mais les aprioris tombent vite devant la consistance et l’inventivité des titres. L’atout majeur de Garciaphone reste cette écriture, précise et retenue, valorisée par la limpidité des arrangements. Peu d’albums parus ces dernières années donnent une impression semblable de cohérence, et surtout, ravivent l’enthousiasme des années 90, quand le « mouvement » indépendant, qui s’inventait encore, était en ébullition créative.
Constancia, le premier album paru en 2013 chez Talitres, présentait une face plus rock. Dreameater est d’une facture plus intimiste comme un développement des chansons les plus folk-rock du précédent. Le disque se goûte d’une lampée avec Heirmet, I’ll be the riddle, Mourning of the day, Deadstar, suite pop infaillible placée au cœur de l’album. Il se poursuit avec une poignée de titres plus acoustiques pour terminer suspendu dans les atmosphères scintillantes de Dusk. Pour Dreameater, le groupe s’est un peu étoffé. Zacharie Boissau (Zak Laughed) et Clément Chevrier (Delano Orchestra) complètent la formation en plus de Matthieu Lopez (Matt Low) qui, déjà présent sur Constancia, assure une continuité entre les deux disques. L’assise folk des chansons (voix et guitare sèche d’Olivier Perez) se fond naturellement dans les arrangements. Piano et synthés complètent, ou bien remplacent, la guitare pour diversifier les timbres et les textures des chansons.
Par rapport au premier disque qui restait assez varié, Dreameater a un style plus homogène, peut-être davantage abouti. Avec ce deuxième album, Garciaphone parvient à une synthèse de folk, de rock, et d’électro-pop, qui dépasse la somme des ingrédients. La musicalité du groupe s’est resserrée, a gagné en singularité. Douceur des lignes, riffs économes, lyrisme contenu, gout des atmosphères. Chaque composition est construite sur des changements, de petites déviations, des imbrications de mélodies. Le groupe Garciaphone fait d’ores et déjà partie des belles exceptions locales, comme Perio ou The Married Monk avant lui, pratiquant une pop anglophone qui n’a rien à envier à ses modèles.
« Dreameater » de Garciaphone – sortie le 10 novembre 2017 (Microcultures/Differ-Ant)
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