Girls – Broken Dreams Club (archives)

(Article préalablement publié en janvier 2011)

Après un premier album couronné de succès critique (en bonne place dans nombre de palmarès annuels, « révélation » et tout le toutim) le combo américain Girls trace sa route discographique avec cet Ep. sorti en fin d’année dernière, mini-album de six titres certes mais dépassant tout de même la trentaine de minutes de musiques. L’impression laissée par Girls sur leur premier disque était semblable à la sensation qui nous étreint face à une large baie vitrée gavée de soleil, une sorte de halo à la Virgin Suicides de Sofia Coppola, dénué cependant du moindre trauma ; une sorte d’hymne à l’instant, un hymne naïf et spontané, enjoué. Le soleil brille toujours sur cet Ep. mais différemment, il passe cette fois l’obstacle et s’invite à l’intérieur, à travers les volets mi-clos d’une chambre par exemple, plus près de nous. Girls just want to have sun ?

On retrouvera en effet pareille atmosphère sur cet Ep., peut-être (surement) avec une dimension supérieure, un petit supplément d’âme. Le tempo général s’est ralenti au bénéfice d’arrangements plus chiadés, le tout oscillant entre des midtempos relaxants et une pop ligne claire plus que brillante.

Du tempo langoureux comme sur le « Oh so protective one » inaugural où une trompette Chicanos s’agite dans un hamac sur une rythmique qu’il nous semble avoir déjà entendu sur « Can’t seem to make you mine » des Seeds (en deux fois plus vite), un titre délicat que des Troggs 2.0 auraient pu produire. Langueur pas monotone encore sur l’éponyme « Broken dreams club » où il nous semble que Christopher Owens, le chanteur, ne s’adresse qu’à une seule personne (une demoiselle sans doute) ou encore sur un « Substance » sensiblement plus creusé et musical (comprendre sinueux, comprendre à tiroirs, comprendre songwrité à mort) que ses comparses de tracklisting.

La ligne claire c’est en mode home-bricolage ce « Heartbreaker » dont le début nous laisse imaginer qu’Owens va encore nous chanter Oh I wish I had a boyfriend du titre « Lust for life ». Mais non. C’est aussi « Alright » en guise de second sommet du disque, simplement parfait musicalement.  Pour ce qui est du toit du monde il faut aller tout au bout, jusqu’au dernier titre, « Carolina », sa belle (et longue) introduction éthérée, une belle montée de sève finalement pacifique, l’art subtil de la séduction, un titre plus que fort, du bonheur.

Ce petit monde serait plus merveilleux encore si les chansons avaient les refrains éternels qu’elles méritent, c’est loin d’être le cas malgré une haute qualité de compos, moindre bémol à un ensemble emballant et épatant. Avec cet Ep. sorti presque en catimini Girls fait bien plus que confirmer, il transcende tout ce qu’on a pu lire (et entendre) sur le groupe pour s’imposer, tranquillement, simplement, habilement, tout près de la crème de la crème du moment.


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