(Article préalablement publié en octobre 2009)

Family, voilà tout un programme pour ce disque, le second en date du groupe américain Le Loup. Le Loup ce n’est pas rien avant même d’écouter cet album pour la première fois car l’effort vinylique premier, sorti fin 2007 et répondant au nom de The Throne Of The Third Heaven Of The Nations’ Millenium General Assembly, était déjà impressionnant dans une veine de pop éclatée et expérimentale que n’aurait pas reniée des Animal Collective unplugged et plus équilibrés du côté de la tête. Ce travail initial qu’on pouvait voir comme l’œuvre individuelle du chanteur/leader Sam Simkoff a laissé cette fois la place, après de multiples tournées, à un travail collectif soudé et inspiré, oh combien inspiré.

Ce premier essai est en tous les cas brillamment transformé, on peut même dire que la musique du groupe prend une envergure tout simplement exceptionnelle en rognant sur les éléments non-organiques (quelques effets et bidouillages électroniques qui disparaissent, exit Animal Collective donc) pour mieux célébrer et faire ainsi élever la pureté insondable des mélodies et du travail des chœurs, le tout nappé d’effluves éthérées du meilleur effet. Le vertige nous guette dés les premières minutes d’écoute c’est dire. Voyons ça de manière plus précise.

Cet album de Le Loup c’est  avant tout un cœur, un battement de cœur rythmique qui vient éclairer de bout en bout les 11 pistes de l’album. Cet album c’est aussi une voix, quelques unes plus précisément, des harmonies constamment en apesanteur et qui nous invitent à entrer avec elles dans la danse.

Développons.

Percussif le disque l’est avant tout et ce malgré 3 coups de grosse caisse au maximum de tout l’album. Tout est dans le tom, la cymbale ou encore le handclap, une mise en avant accentuée par le mix qui a baigné la voix, dans le fleuve musical, même si elle surnage sans peine dans cet élément qu’on lui jurerait naturel. C’est là une grande qualité de cet album, cette atmosphère ainsi dégagée lorgnant sur l’éthéré, l’évanescent sans jamais se laisser gagner par le vertige de l’altitude (là où le premier album était par contre franchement (mais agréablement) perché), nous avons le sentiment de posséder là la bande-son rêvée (c’est le cas de le dire) pour flâner et rêvasser au contact d’un irradiant sourire de 11 titres et 45 petites minutes.

Par cet imagerie du soleil et de l’optique éclatante (cf. la pochette aussi qui rend chèvre après de longues minutes de fixette)comme par ces mélopées hardies et enjouées, on pourra rapprocher Le Loup des Polyphonic Spree mais par ce biais-là seulement car Le Loup reste une chorale discrète et presque pastorale là où les toges colorées des Polyphonic passent en force et en nombre.

Si on évoque une chorale pastorale et des ambiances éthérées c’est donc bien entendu aux Fleet Foxes que l’on pense très souvent en écoutant ce Family. Une référence majeure sans doute même s’il faut parler là de cousinage bien plus que de clonage. Et oui, on l’a déjà dit souvenez-vous, le premier album portait déjà en lui les germes ici émergeants avec ce ciel constellé d’étoiles et cette pop céleste et planante, presque dénuée de substance par excès de transparence. Le propos cette fois culmine un tantinet moins haut, une pop pas encore à hauteur d’hommes (comme celle des Fleet Foxes peut l’être, elle qui cumule les joies d’un folk terreux et altier et d’une pop psyché aérienne) mais tout de même facilement accessible pour qui sait lever les yeux vers le ciel de temps à autre et s’émerveiller ainsi du spectacle.

Comme chez les Fleet Foxes  la structure est folk (banjo, guitare acoustique, percussions) et les harmonies vocales lumineuses mais Le Loup délaisse la trame presque rurale qu’affectionne le renard, ce folk terre à terre où il excelle, pour développer un univers presque unidimensionnel fait de vaporeux et de pastoral : cet album c’est une formidable machine volante sans structure apparente.

Il est presque impossible de citer un titre plutôt qu’un autre sinon pour les louer les uns après les autres ( quoique Sherpa soit un poil linéaire peut-être), on mettra donc arbitrairement en avant le Saddle mountain inaugural et sa mélodie trottinante semblant nous arriver tout droit des rives du Tennessee, la grâce folle de Beach Town, la transe extatique de Forgive me et les presque 8 minutes sinueuses du A Celebration terminal, un titre appelé à devenir un fier étendard sans doute lors des futurs concerts du groupe.

Celebration c’est le titre du dernier morceau de l’album, Celebrate c’est le premier mot du texte de la première chanson, cela résume tout l’impact de cette belle musique, une célébration de la dynamique du travail collectif, une célébration de la musique, une célébration de la vie.

 

 

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