Assurément, LMA tient une place à part sur la scène rap hexagonale. Certes, le jeune Toulousain est totalement dans son époque, avec un son pop sophistiqué, parfois vaporeux, et un sujet de prédilection : lui-même. Mais loin de l’égo-trip facile, tellement dans l’air du temps, où le vide s’expose à longueur de réseaux sociaux, LMA quant à lui trifouille, exhume et contemple l’enfant qu’il était d’une part, mais aussi ses failles intimes et ses désirs d’adulte en construction.

Car Petit Prince, titre de l’album et morceau éponyme sur les mondes imaginaires peuplant une enfance révolue, évoque avant tout – à travers cette référence évidente au fameux conte de Saint Exupéry – la difficulté du passage à l’âge adulte. En douze titres, l’artiste se débat de manière touchante entre ses rêves d’enfant et son désir d’émancipation. Loin de faire un indécent déballage en s’exposant dans un acte de courage qui sonnerait bien faux, l’artiste au contraire assume d’être traversé par ses doutes et ses émotions. S’il serait déjà satisfaisant d’écouter l’émouvante thérapie de LMA, rappé – voir parfois presque chanté – avec un flow clair et limpide, la qualité de sa plume étonne.

Bien sûr, il est tentant de porter aux nues les artistes hip-hop s’exprimant dans un français irréprochable, et plus encore capable d’une poésie fine et profonde, comme si la qualité d’une expression était gage de qualité intrinsèque, ou plutôt comme si ça rendait un style aussi populaire que méprisé acceptable. Si être poli et savoir ouvrir un dictionnaire semble parfois suffisant pour se voir adoubé par la presse culturelle généraliste, LMA se place résolument du côté du rap, qu’il faudrait pouvoir polir pour qu’il soit moins un marqueur social.

Appuyé par deux musiciens beatmakers et multi-instrumentistes, auteurs de compositions électro moins anodines qu’elles en ont l’air, le MC se campe fondamentalement dans la lignée d’une culture, d’un l’esprit, dépassant la chanson ou la pop sans pour autant les rejeter. L’essentiel n’est pas là, car LMA parvient à saisir une part de vérité sur son époque, en chroniquant non seulement le deuil d’une enfance écorchée, mais en faisant transpirer derrière ses doutes le spleen d’une génération désabusée.

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