La mort ce lundi 16 juillet 2012 à l’âge de 71 ans du claviériste Jon Lord pose un voile noir sur l’actualité rock.
Même s’il l’avait quitté depuis maintenant dix ans, le nom de Jon Lord reste pour l’éternité associé à celui de son groupe de (presque) toujours : Deep Purple. Groupe parmi les premiers du genre qu’on n’appelait pas encore hard rock, Deep Purple prend son envol à la fin des années 60 autour de Lord et du guitariste Richie Blackmore. C’est là une relative gageure puisque ni l’un ni l’autre ne se trouvent être à l’origine du projet, Roundabout (c’était le nom initialement choisi pour la formation) naissant à l’initiative d’un batteur dénommé Chris Curtis, batteur qui quittera cependant rapidement l’attelage, lâchant ainsi la bride à nos fougueux musiciens.
Riche Blackmore a tout juste 24 ans alors mais il a déjà œuvré pour d’illustres rockers d’un temps déjà ancien (Gene Vincent et Jerry Lee Lewis) avant de tenter l’aventure collective via moult formations en Angleterre comme en Allemagne. Plus âgé d’une poignée d’années, Jon Lord a entamé sa carrière sous l’influence de son dieu et maître Jimmy Smith, oscillant de prime abord entre jazz et rock avant de suivre plus précisément la seconde voie nommée. Lords va vivre alors le périple initiatique de tout jeune musicien anglais dans ces golden sixties à savoir une vie londonienne rythmée par différentes sessions (il aurait ainsi joué sur le « You really got me » des Kinks) et la participation à différentes formations candidates à la culbute commerciale et/ou au Walhalla artistique. Citons Santa Barbara Machine Head, quatuor instrumental avec un certain Ron Wood à la guitare, peu avant que celui-ci ne rejoigne le Jeff Beck Group puis plus tard les Rolling Stones. Ce monde-ci était vraiment petit même s’il faisait fantasmer une bonne moitié de la planète.
Purple sort son premier album quelques mois avant son flamboyant jumeau Led Zeppelin, nous sommes à l’été 1968. Shades of Deep Purple est son nom et tout, de la pochette à la musique, reflète son époque. Enregistré en une petite journée (une récurrence du moment), il est en effet bien loin de défricher de nouvelles terres musicalement vierges et s’inscrit plutôt dans cette esprit Swingin’ London suintant le psychédélisme de tous ses pores (écoutez notamment le bouillon de culture psyché qu’est « And the address », titre qui ouvre l’album et par là-même la carrière du groupe).Gavé pour moitié de reprises[1], l’album contient un véritable tube certifié avec la cover de « Hush » (titre furieusement soul de Billy Joe Royal sorti l’année précédente) qui devient contre toute attente (aucun écho ou presque en Angleterre) un succès plus que conséquent sur le continent Nord-américain où le titre se classe dans les Top 5 des singles aux Usa comme au Canada.
Un second album déboule très rapidement (dés la fin de l’année 68), The Book of Taliesyn avec là-aussi son lot de reprises prestigieuses telles « River deep/Mountain high » du team Phil Spector et « We can work it out » des Beatles que le groupe accole à un thème de Beethoven « Exposition » pour sept minutes de furieuses envolées néo-classiques (Jon Lord s’y fait plaisir en bon Premier Prix de conservatoire qu’il fut). Deep Purple (ou Deep Purple III) leur succède à la fin de l’année 1969. Même tonneau et même ivresse même si la pièce de choix « April » impressionne (ou consterne, au choix) avec ses douze minutes semi-instrumentales d’où émerge un intermède classique avec quatuor à cordes, du lourd. Cette fibre classique est plus encore développée avec un quatrième disque live sobrement intitulé Concerto for group & orchestra à sortir en 1970. Entièrement composé et arrangé par Lord, cet album est historiquement le premier disque scellant la collaboration entre un groupe de rock et un grand orchestre, bien loin il est vrai des symphonies de poche chères à Brian Wilson ou bien à Phil Spector. La formation bouge alors, Ian Gillan (chant) et Roger Glover (Basse) la rejoignent à la fin de l’année 1969 (ils jouent d’ailleurs sur le Concerto. Exit donc le chanteur Rod Evans et son feeling très sixties à la Moody Blues. Deep Purple se retrouve ainsi avec le mythique line-up qu’on appelle communément mark II (citons aussi le batteur présent depuis le début, Ian Paice), il entre en studio pour enregistrer l’album In Rock.
Comme des pièces de puzzle qui s’assemblent parfaitement, comme un alignement des planètes rêvé, le groupe semble cette fois regarder droit devant, laissant à l’arrière les années 60 pour se concentrer sur un rock sensiblement plus heavy. Les bases sont fermes avec un son en partie inspiré par le psychédélisme à la sauce Vanilla Fudge, ce groupe américain qui connut un certain succès avec des titres comme leur reprise de « You keep me hangin’ on » (et oui comme Kim Wilde) ou encore « Seasons of the witch ». Bases fermes certes mais regard au loin, un simple trampoline pour rebondir haut, le ciel comme limite.
Deep Purple frappe cette fois très fort en effet. La guitare de Blackmore explose au grand jour (ah cette souplesse de poignet à la Hendrix, ah ces soli colossaux), l’orgue de Lord lui tient tête en cadence comme sur l’inaugural « Speed King » ou encore « Flight of the Rat », la rythmique plombée colle le tout avec force et inspiration, une paire typiquement anglaise c’est à-dire tout en flegme et dégaine de mineur de fond en goguette. Ian Gillian devient presque instantanément une star derrière son micro avec sa voix haute et exaltée qu’on rapprocherait de celle de Plant par ses hautes modulations même si le timbre n’est pas le même. In Rock c’est l’album qui contient le sommet absolu tant vocal que musical que représentent les dix minutes épiques de « Child in Time » avec son double crescendo, c’est aussi « Black Night », single à succès. La pochette elle-même se fige pour l’éternité pareille à ces figures du Mont-Rushmore qu’elle reprend en y insérant les figures émérites des musiciens, pointant du doigt d’ailleurs ce qui semble être la cible privilégiée de nos anglais : l’Amérique. Produit par un dénommé Martin Birch, In Rock est l’un des disques fondateurs de tout le hard rock, concourant comme le fait de son côté Led Zeppelin et Black Sabbath à fixer les codes d’un nouveau genre, mélange d’énergie et de mélodie, d’inspiration et de tourbillon, de fracas inspiré et d’accalmie rêvée. Lord apporte son jeu de claviers mêlant virtuosité et énergie à la matrice rock et irrigue ainsi (lui et Ken Hensley de Uriah Heep) toute cette nouvelle esthétique.
Promu en première division mondiale par la grâce d’un seul disque, Deep Purple enquille alors le parcours typique des formations figurant parmi celles élues à savoir tournée marathon mondiale rythmée par des plages restreintes de composition/enregistrement.
L’année suivante voit le groupe sortir Fireball dans une veine sensiblement plus expérimentale ou du moins variée (quelques soubresauts funk ou country ici ou là) mais avec surtout la consolidation de la patte du groupe et un nouveau single couronné de succès, « Strange kind of woman » qui reprend précisément les choses (et le tempo) là où « Black night » les avait laissées. Quelques ingrédients s’ajoutent au bouillon mais celui-ci garde donc fumet et chaleur. Quelque peu oublié par l’histoire en-dehors du titre précité, Fireball a finalement le seul tort d’être sorti entre In Rock et Machine Head, les deux disques studio emblématiques du groupe, deux albums emblématiques d’un genre musical, deux albums majeurs d’une époque.
Machine Head c’est pour tout à chacun l’album de « Smoke on the water », le single absolu et l’un des titres les plus connus de l’histoire du rock (que dire donc de l’histoire du hard rock). « Smoke on the water » et son riff d’école (du moins celui étudié dans toute école de musique section guitare qui se respecte). Machine Head c’est aussi des titres emblématiques comme « Highway Star » (le thème de la route et de l’asphalte est très prisé de ce Purple seconde formule) ou le (nouveau) sommet tellurique et sophistiqué qu’est « Space Truckin’ ». Soyons clairs et concis : personne en-dehors de Led Zeppelin qui fait paraître au même moment ou presque leur album IV ne rivalise alors avec Deep Purple sur la scène rock mondiale côté popularité.
C’est là bien évidemment l’apogée du groupe qui rencontre un succès monstrueux aux Etats-Unis comme au Japon où il enregistre d’ailleurs le double album live Made in Japan, sans doute l’album en public le plus célèbre de l’histoire avec celui de Simon & Garfunkel à Central Park. La formule développée sur bandes par nos cinq musiciens trouve en effet sur scène, et plus encore à l’occasion de cette tournée mémorable, l’endroit propice à monter plus haut encore, une sorte de canevas et d’écrin pour improvisateurs géniaux et virtuoses pourrions-nous dire. Citius, Altus, Fortus mais aussi Maximus. Quatre albums donc qui sortent en trois années, quatre disques pour un seul et même sommet.
Who do we think we are qui suit est le dernier album enregistré par cette mouture majeure du groupe, du moins à ce stade de leur histoire. Les tensions en effet se font chaque jour un peu plus vives entre les musiciens et surtout entre le guitariste et son chanteur, loin d’être les meilleurs amis du monde, la pression que tous subissent (le rythme éreintant de concerts/déplacement etc.) n’arrangeant bien évidemment rien. Fortes personnalités et hyperactivité sont un cocktail détonnant si bien que Ian Gillan quitte le groupe peu après la sortie de l’album alors que Roger Glover est lui vertement invité à prendre la porte (dans la gueule). Souvent mis de côté lorsqu’on se retourne sur la discographie du groupe afin d’en extraire le suc essentiel, Who do we think we are est en effet une relative déception pour les fans encore tout retournés des trois disques précédents. « Woman from Tokyo » fait certes la transition tant musicalement que symboliquement avec la sainte trilogie mais aucun morceau n’arrive à tirer le fil un peu plus loin encore, même si un titre comme « Rat Bat blue » est époustouflant de virtuosité musicale.
Exit donc cette Mark II, celle qui reste quand il ne reste plus rien à dire sur Deep Purple. Nous sommes toujours en 1973 et l’histoire du groupe n’est toutefois pas terminée. Les chapitres à venir attestent d’une volonté manifeste, à défaut d’aller plus loin, d’élargir l’architecture musicale du groupe et d’explorer avec plus ou moins de réussite de nouveaux univers. Une trajectoire à rapprocher de celle de Led Zeppelin même si l’ampleur est moindre et le mysticisme absente, la réussite plus mitigée également. Pour pourvoir les postes vacants le bassiste/chanteur Glenn Hugues échappé de la formation Trapèze est recruté alors qu’un illustre inconnu du nom de David Coverdale devient le nouveau chanteur. Ce dernier troque en l’espace de quelques jours son boulot de vendeur de fripes pour celui de chanteur d’un des groupes les plus fameux du moment, il se débarrasse dans la foulée de son embonpoint (hop régime strict et exercices) et de son léger strabisme (hop hop chirurgie) histoire de coller au mieux à l’image supposée d’un dieu du Rock. A noter que Paul Rodgers, chanteur du groupe Free, refusa le job pour mieux se consacrer à la mise en route de Bad Company. David lui dit merci.
Burn est le nom de l’album qui fige la Mark III du groupe. Le monde découvre la voix puissante et chaude de Coverdale, bien loin des montées de sève aigüe de son prédécesseur. Le son évolue bien entendu du coté de cette sensibilité chaude et bluesy non sans que quelques teintes soul ne pointent également par l’entremise de Hugues. La chanson titre est un modèle de concision et de puissance entre le riff ultra-efficace de Blackmore, le clavier qui ondule tout autour et Coverdale qui habille le tout, un sommet de maestria furieuse et un titre qui illustre bien le regain d’enthousiasme qui pointe dans le groupe, le succès est d’ailleurs presque comparable aux chiffres de l’année passée (nous sommes alors en 1974) et l’album touche le Top 10 américain puis très vite l’or tandis que les concerts bookés autour du monde font le plein. Stormbringer en 1974, encore plus marqué soul/blues même si toujours ramené au corpus hard rock. Top 20 au maximum de son succès américain l’album reste un succès quoiqu’il fasse moins bien que son devancier, le groupe peine à renouveler son public, contribuant simplement à faire perdurer le pédigrée Purple à leurs yeux et leurs oreilles. Voilà pour le mercantile car côté artistique le groupe est encore au-dessus de la moyenne d’alors et prouve qu’il sait avancer et optimiser le feeling collégial développé par ses membres. On n’oubliera pas la chanson éponyme ou encore la classe de la ballade « Soldier of Fortune ». Richie Blackmore, assez peu porté sur le funky beat, s’évapore peu à peu du groupe jusqu’à plier définitivement bagages en 1975 pour s’en aller former une nouvelle formation du nom de Rainbow.
Contre toute attente (enfin si un peu quand même) le groupe continue sans son ténébreux mentor et recrute le guitariste Tommy Bolin, jeune et étourdissant virtuose tant rock que jazz (il a par exemple participé à l’album Spectrum de Billy Cobham en 1973). Come taste the band sort à la fin de l’année 1975 avec ce nouveau line-up, disque un poil plus funky (enfin à l’échelle d’un groupe de rockers anglais) cette fois mais globalement dans le même sillon blues et soul que le précédent et sans que le grand succès ne pointe à nouveau le bout de son nez, sans non plus que le groupe ne périclite tout à fait soyons rigoureux. Il est vrai que les fans du groupe étaient pour beaucoup et peut-être avant tout des fans de la guitare de Richie, la succession est lourde et la question même de sa légitimité est très largement posée (et pourquoi pas les Stones sans Keith Richards hein ?). Un éternel entre-deux qui n’arrange en rien la carrière de Deep Purple et la destinée de cet album. Quelques mois plus tard c’est même l’annonce officielle du split du groupe à la fin de la tournée promo de l’album, l’infortuné Tommy Bolin n’y survivra que peu lui qui fait sa petite overdose fatale en fin d’année, il avait à peine 25 ans. Deep Purple n’est plus après six ans de succès, un style musical propre et une moitié de décade passée en haut de l’affiche ou pas loin. Les membres du groupe s’éparpillent dés lors pour mener à bien différents projets musicaux.
Jon Lord n’avait pas attendu le split pour inaugurer une carrière solo avec dés 1972 l’album Gemini suite qui est une sorte de suite donnée à son Concerto for group & orchestra. Deux autres albums suivront peu avant que Lord ne rejoigne son compère Coverdale au sein de son Whitesnake avec lequel il reste jusqu’au come-back de Purple. Cette première mouture du Serpent Blanc est gavée de hard bluesy où l’orgue de Lord fait des merveilles, la session rythmique de Purple (Paice/Glover) participant aussi à nombre d’albums en questions.
1984 c’est pourtant la fin de l’association Coverdale/Lord et le retour au grand jour de la fameuse Mark II de Deep Purple, Paice/Lord/Glover/Blackmore/Gillian remettent en effet le remettent le couvert sous leur formation la plus célèbre et sortent un nouvel album, événement, Perfect Strangers. Voilà une reformation qui comble un public qui pour une large part n’avait pu voir le groupe en concert auparavant, le groupe ayant cessé son activité depuis une huitaine d’années. Ce come-back est d’ailleurs le plus spectaculaire exemple d’une tendance de fond à l’époque, celle de revoir à l’œuvre d’illustres vieilles gloires comme Yes (avec le succès commercial que l’on sait pour le tube « Owner of a lonely heart »), Blue Cheer (album The beast is back), Grand Funk Railroad ou encore Iron Buttterfly (Paradox). Notre époque actuelle n’a bien évidemment rien inventé. L’album est solide à défaut d’égaler le niveau de ses prestigieux aînés, un titre comme « Knocking at your back door » est de tout premier ordre tout comme les douces ondulations de la chanson qui donne son nom à l’album. La tournée est un événement qui culminera avec la tête d’affiche du festival de Knebworth en 1985. C’est reparti pour Deep Purple.
The house of blue light sort à sa suite en 1987, « The call of the Wild » fait son petit effet côté MTV mais le disque reste toutefois un tout petit cru dans la carrière du groupe. Le départ de Ian Gillan après le nouvel album live Nobody’s Perfect ne sonne pas même le glas de ce nouvel élan, l’ancien Rainbow Joe Lynn Turner prenant sa suite et faisant de l’agréable Slaves & Masters un Deep Rainbow du meilleur tonneau. Le succès encore plus dilué de l’album fait revenir un Gillian lui-aussi commercialement largué pour un The Battle rages on peu inspiré. Nous sommes déjà en 1993 et Blackmore prend congés, cette fois pour de bon, il est remplacé par Joe Satriani pour la tournée puis par Steve Morse, guitariste toujours fidèle au poste à l’heure où j’écris ces lignes.
Quelques années et une poignée d’albums plus tard (Perpendicular et Abandon) Lord quitte définitivement sa formation de (presque) toujours, un peu usé par la « routine » rock et désireux à ce stade de son existence (il a alors 60 ans pile poil) de mener à bien avant tout ses propres projets et une carrière solo qu’il n’abandonna jamais tout du long de l’aventure Purple/Whitesnake. Citons par exemple l’album Beyond the notes de 2004 sur lequel des chanteuses comme Sam Brown (celle du tube « Stop ») et la diva Frida de Abba tâtent du microphone. Touché par un cancer du pancréas, Jon Lord a finalement succombé à une embolie pulmonaire, il avait annulé ses dernières apparitions (un concert de Nina Hagen par exemple) et s’apprêtait en septembre à donne une nouvelle version live de son Concerto for Group & Orchestra.
On l’a dit en début d’article, l’impact de Jon Lord est essentiel dans l’histoire du rock, il fut l’un des musiciens qui, par ses influences classiques, jazz et blues, aidèrent le rock à repousser un peu plus encore ses limites. Dinosaure en tant que musicien comme avec son groupe Deep Purple, Jon Lord a marqué l’histoire du rock dans sa troisième partie, celle faisant des musiciens rock des rockstars, des dieux vivants dont Purple (mais aussi et surtout Led Zeppelin) étaient parmi les plus flamboyants représentants.
Il reste aujourd’hui ces dialogues entre l’orgue de Lord et la guitare de Blackmore sur « Speed King » ou encore « Lazy », il reste ces trois petites notes de « Child in Time », cet orgue speedé de « Highway star », celui plus chaloupé de « Gambler » de Whitesnake, il reste un géant dans tous les sens du terme, monsieur Jon Lord.
[1]Non des moindres d’ailleurs avec des versions de « Help » des Beatles, « Hey Joe » popularisé par Hendrix ainsi qu’un improbable collage entre un standard du bluesman Skip James « I’m so glad » et le « Prelude : Happiness » (« Prélude au bonheur ») du compositeur classique russe Rimski-Korsakov. A vos souhaits.