My Latest Novel – Deaths & Entrances (archives)

(Article préalablement publié en mai 2009)

My Latest Novel n’est pas un groupe comme les autres.

Il a sorti en effet en 2006 « Wolves » un premier album comme presque chef d’œuvre, le pendant acoustique (pour faire simple) et presque égal en qualité du « Funeral » d’Arcade Fire même s’il venait une grosse année après.

Oui presque.

Car point d’égale intensité dans l’appréciation de l’album des écossais et de celui des canadiens toutefois (« Funeral » c’est l’un des deux ou trois chefs d’œuvre de la décennie tout de même) car le disque manquait par trop de « Pretty in a Panic » et « The Reputation of Ross Francis », ses deux bouleversants sommets pour en faire un disque voué à l’éternité, le reste des morceaux s’avérait certes très agréable à l’écoute mais sans la dimension au-dessus, celle qui fait la différence. C’était là juste (et c’est déjà énorme) un disque magnifique de pop lyrique (à la Arcade Fire alors) à dominante acoustique et nappé de violonneries inspirées.

Inutile de vous dire donc que ce « Deaths & Entrances » qui lui succède aujourd’hui c’est d’abord et avant tout la fièvre de l’attente, situation bancale et casse-gueule où le contenu même se retrouve accoquiné à certains errements humains dont il est loin (l’impatience, l’attente par trop importante etc.).

Le disque commence par “All in all in all is all”, le propos y semble plus carré, le son plus ample même si les composantes de la musique sont elles toujours là (les chœurs amples en premier lieu). Musicalement en effet peu de changements de fond, c’est là toujours le primat du mid-tempo, la semi-ballade lancinante et appliquée avec des montées de sève (instrumentales, la voix elle gardant solidement le même cap) qui apparaissent par soubresauts et comme par surprise. Un crescendo toutefois régulièrement modulé, sans jamais tomber dans l’excès d’un côté (la neurasthénie pure) comme dans l’autre (l’explosion céleste). Voilà la trame de l’album, du groupe.

« A dear green place » représente la quintessence du disque, son climax également.

L’ambiance fait penser quelquefois à un Shearwater sur tabouret et avec un violon en guise de passion pour l’Ornithologie (proximité que l’on retrouve aussi sur l’ultime « The greatest shakedown »). Une lente montée en puissance, un lyrisme puissant mais pudique, un moment beau comme le jour.

Comme sur le premier album, plus encore peut-être car la musique est davantage creusée et (relativement) sophistiquée c’est l’osmose de tous les musiciens qui épate et séduit ici (comme sur Arcade Fire), cette communion de corps et d’esprit, cet esprit de corps mais aussi, comme le dirait Aimé Jacquet, le dépassement constant de sa fonction (en particulier sur le travail superbe de chœurs).

Five bodies : one mind, one soul.

C’est flagrant pour “If the accident will” ou encore “Dragonhide” sans oublier l’excellent (autre tampon “genial !” à lui accoler hop hop hop) « I declare a ceasefire”

Puisqu’on en est à parler de Jacquet évoquons le titre “ Re-appropriation of the Meme » (Mémé ?), autre somment du disque.

Un duo piano/voix (proche de celle de Jason Lytle de Grandaddy, logique quand on évoqué mémé), lustré de chœurs bienveillants (ceux des anges de Wim Wenders peut-être, c’est qu’il fait gris tout de même) puis de sautillements d’une fanfare éventée qui se meure mais ne se rend pas. La seconde moitié de la chanson (comme pour Arcade Fire, les morceaux ici sont souvent construits en deux parties) voit les musiciens dégrafés un ou deux boutons de chemise (on frémit pour Laura, la jolie violoniste) et se laisser aller à l’agitation avant de vite reprendre sur la fin leur station assise et habitée, comme en s’excusant. Allez hop on tamponne « Génial ! » sur le tracklisting pour la piste 10 !

Un presque sans-faute que ce disque, c’est à peine si l’on remarque la mollesse de « Hopelessly, endlessly » ou que la voix gagnerait (à voir, pas sur) à moduler un peu plus le timbre et l’intensité. On reste là tout de même plus proche de l’achèvement que du « on achève bien les chevaux ».

La musique de My Latest Novel ne paie pas de mine de prime abord, la première écoute est comme un goulet que l’on arpente presque couché par terre tant il semble étroit, après quelques pas nous voilà pourtant bel et bien face à un spectacle saisissant et inoubliables : Les grottes de Glasgow peut-être.

 

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