Shout Out Louds – Work (archives)

(Article préalablement publié en octobre 2010)

The Wedding singer, film hautement recommandable met en scène un chanteur de mariage qui fall in love at first sight avec une serveuse, devient son meilleur ami et se retrouve à l’aider, engrenage fatal, à la préparation de son mariage avec un mauvais garçon (enfin riche quand même) qui ne jure que par Miami Vice et le culbutage de secrétaires. Oui Miami Vice car nous sommes alors dans les années 80, la bande-son accueillant ce que la pop compte de plus délectable (ou pas) comme Dead or alive, Culture Club ou encore Billy Idol.

A la fin du film (attention spoiler) Adam Sandler (car il s’agit bien de lui) chante à Drew Barrimore (car il s’agit bien d’elle) une chanson de son cru, « I wanna grow old with you ». Voilà précisément et dans la forme et dans le fond le message délivré par Shout out louds à travers Work leur 3è album, les musiciens vieillissent et nous invitent à vieillir avec eux.

Cet écho aux années 80 n’est pas incongru pour évoquer le combo suédois tant le précédent album lorgnait sur le Cure époque The head on the door, celui qui entrouvrait brièvement (l’espace de deux disques, celui-ci et Kiss me Kiss me Kiss me) la porte close pour y laisser entrer un peu de lumière. Nous avions avec Our ill wills un formidable album de pop élégante et énergique, aujourd’hui la frénésie est moindre, on ne peut certes pas parler de mollesse, plutôt d’un ralentissement, un abandon des influences Cure/Britpop (l’important étant le mot pop) pour des morceaux pas forcément moins ambitieux (ils le sont tout autant) mais plus reposés, apaisés.

On sent déjà les aficionados de la hype s’étrangler avec leur muesli en écoutant cet album lors de leur brunch quotidien (un œuf à la coque de chez Franprix mais bio, un jus d’orange Leader Price mais bio, du beurre acheté chez l’épicier du coin et les charentaises vintage aux pieds parce qu’on-a-jamais-fait-mieux, le tout face à la webcam et un chat avec un buddy live from Austin Texax) , je parle de ceux qui tueraient (et pas forcément symboliquement) père et mère pour avoir un mp3 inédit d’Animal Collective 15 jours avant les réseaux Torrent. Voilà 10 titres avec deux à trois idées à par titre (une provocation !), un chant appliqué (Codplay bouh!!) et au final un album élégant et soigné un peu à la Prefab Sprout et assimilés (on a vu pire comme références mais on a aussi vu plus actuel).

« 1999 » ouvre l’album tout en douceur, un petit piano en guise de virgule, « Fall Hard » évoque les meilleurs moments du groupe Stars, les mélodies de « Play the game », « Show me something new » et « Four by four » s’élèvent dans les airs mais sans dépasser la hauteur d’homme, elles font frétiller le gazon à leur passage, c’est frais, c’est doux, c’est le printemps déjà. « The candle burned out » est une jolie bulle qui n’éclate jamais (l’occasion de dire que la musique des Shout out louds se rapproche dans l’esprit des moments les plus récents et les plus posés d’Arcade Fire), « Throwing Stones » donne un coup de vieux dés le premier couplet (cette pop 80’s léchée) sans qu’on s’en formalise plus que ça, « Paper Moon » évoque les Trashcan Sinatras, ces artisans dans le bon sens du terme, tout est bien en place (du violoncelle lénifiant à la basse rebondie), « Too late too slow » clôture l’album comme avec des pointillés, un travail d’une belle cohésion et d’une belle subtilité qui manqué peut-être d’un titre aussi fort que « Hard Rain » ou « Tonigh I have to leave it » pour emporter totalement l’adhésion et décupler l’enthousiasme.

Work est un disque solide et plaisant, un havre de paix, un Eden musical sentant bon la feutrine.

 


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