Ainsi donc Valtari, sixième album studio du groupe, réutilise le matériau vieux de presque dix ans et déjà présent sur l’EP de Untitled #1 / Vaka (les titres Smáskífa A & B notamment, avec leurs voix fantomatiques que l’on retrouve sur le titre Ekki Múkk) pour s’inscire dans le présent et ainsi prolonger en 2012 l’histoire d’un groupe devenu culte pour bon nombre.
Il faudra attendre le regard pertinent d’Alex Somers, producteur de l’album et compagnon de Jonsi, pour que l’album naisse vraiment. En effet, nous retrouvons dans Valtari cette même signature musicale si particulière qui faisait de Riceboy Sleeps, le concept-album de Jonsi & Alex (2009), un album intime et ambient d’une nostalgie incroyable : quelques chœurs d’enfants (Varúð rappelle ainsi le titre Boy 1904 de Riceboy Sleeps), la présence omniprésente d’un piano, les réverbérations ainsi que l’utilisation de drones.
Et la voix si sublime de Jonsi par-dessus…
Ainsi, Valtari s’ouvre sur une longue plainte qui vous fait mourir dix fois, Ég Anda (« Je Respire ») et d’emblée, la tonalité aérienne et poétique de l’album s’impose, en contrepoint des rythmiques festives du Gobbledigook qui introduisait le précédent disque. Valtari s’écoute au casque, la nuit tombée. Dans un lit, les nappes de Sigur Rós passent par une fenêtre entrouverte parce que c’est l’été, ils tout investissent et s’accrochent à quelques rideaux qu’un vent frais vient à faire frémir de manière perceptible quand ce n’est pas la chair de poule ou en dedans des veines : la magie est là, elle est retrouvée et elle étoile bien déjà les bras, les cuisses. Le temps s’étire, Valtari investit, on se sent partir, cela fonctionne, on est bien loin déjà parce qu’on a pris quelques bateaux.
Parce que c’est comme ça. Sur le piano que Kjartan fait tourner en boucle dans la piscine du studio Sundlaugin.
Vous avez fait un beau voyage. Même si vous en connaissiez déjà le tracé, Sigur Rós réempruntant des chemins déjà connus, vous êtes heureux d’avoir retrouvé vos vieux amis l’espace d’un bel album.
(Et je me souviens avec tendresse de mon collègue d’internat qui me disait, alors que nous n’avions tous les deux que 18 ans, d’arrêter d’écouter mes chants de baleines alors que tournait dans le lecteur Ágætis Byrjun , sans aucun doute le meilleur album de tous les temps…).
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