Le premier album du groupe français Kid Parade est à l’image de son titre « The Turtle Waltz » : une succession de vignettes pop, légères mais efficaces, fluides et décontractées. La voix comme réverbérée glisse sur les mélodies et s’enroule autour des riffs, soutenue par les rythmiques sautillantes du groupe. Il est question au fil des morceaux d’une « valse de tortue » (le seul instrumental, une respiration située au milieu du disque), de matinées sensuelles avec une fille de rêve à rendre le voisin jaloux (« Moaning Mornings »), de naufrages diurnes ou nocturnes qui enterrent des restes d’adolescence (« Marnie » et « Raft on the sea »), et enfin, d’un chien contemplatif qui mène une vie de chat (« My Dog is a cat »), peut-être, à l’image de son maître distrait… Le monde peut bien s’effondrer (« I Fell Alright »), il reste encore beaucoup à rêver sur la peau des filles tatouées (« Tatooed Girl »). Tout l’album perpétue cette ligne fluide mélodique : une musique nonchalante et rythmée encore prise dans les filets d’une rêverie post-adolescente.
Avec son premier album, Kid Parade s’inscrit dans la lignée d’une écriture pop-rock à quatre assez traditionnelle (deux guitares, basse, batterie et synthétiseur), avec quelques réminiscences des années 80 (New Wave et pop synthétique), et s’ancre surtout dans l’indie-pop contemporaine. Le groupe revendique des influences à la croisée des époques – de Cure à Beach House – emblématiques du revival qui s’est opéré ces dernières décennies dans « l’indé » contemporain (notamment la retraversée des années 70-80 et du rock sixties). L’approche reste très actuelle en termes de production (pas de mimétisme vintage appuyé) tout en restant évocatrice. Il y a une recherche assez évidente de classicisme dans la clarté et l’immédiateté mélodique, et, dans le même temps, une manière de convoquer certains clichés, juvéniles et rêveurs, de la pop atmosphérique (préférer « dream-pop ») des années 90 et 2000. Un détachement amusé parcourt également le disque, comme si cette célébration connivente et joyeuse, était à prendre avec un peu de légèreté. La pochette dessinée par Guillaume Fresneau (alias « Redeye », l’une des excellentes signatures de Lafolie records, label de Kid Parade) souligne cet esprit enfantin par son bestiaire aquarellé un rien acide.
Ce parti pris musical et son univers sont à double tranchant : une musique légère et accrocheuse, presqu’estivale, mais peut-être un peu trop affectée et transparente pour s’installer durablement dans le temps. « The Turtle Waltz » reste néanmoins une réalisation très accomplie des compositions jusqu’à la production. Cet album confirme l’exigence artistique de Lafolie records, dont Jean-Baptiste Ayoub, leader et compositeur du groupe, est le fondateur.
« The Turtle Waltz », sortie le 28 octobre 2016 (Lafolie records/Differ-ant)
page du groupe sur Lafolie records et album en écoute sur Bandcamp
Kid Parade sera en concert le 16 novembre à Paris aux Trois Baudets (avec Liev et Al Maari)
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