Culturopoing et le Capitaine sont ravis de partager quelques pépites glanées au gré de bien des pérégrinations durant ce printemps aussi pluvieux que maussade. Afin de se préparer efficacement pour les échéances sportives à venir, voici donc quelques morceaux à même d’assurer une préparation physique optimale, d’assouplir quelques articulations, voire de favoriser un corps de rêve dans la perspective de la plage (ou des manifs) à venir.
Benighted – Ekbom
D’albums en albums, Benighted confirme sa maîtrise de la brutalité absolue, comme si le groupe vouait un culte maudit à une déviance alors élevée au rang de divinité. Toujours aussi généreux quand il s’agit de défoncer les ratines de ses auditeurs à grands coups de pompe dans les gencives, les Stéphanois sortent Ekbom.
Ce nouvel opus continue d’explorer leurs thématiques propres, dans un monde inquiétant où la perception de la réalité se trouve souvent corrompue, tordue, pervertie. Bienvenue dans un univers peuplé d’un bestiaire de monstres, non physiquement, mais affligés de toute une série de troubles psychologiques, de névroses perverses, de psychoses terrifiantes, bref un univers où les enfants se repaissent en babillant des entrailles de leur génitrice.
L’horreur serait bien présente, enfouie en chacun de nous, prête à nous submerger. En la révélant avec ce death metal hors de contrôle et cette douce voix fleurant bon le grindcore, Benighted s’emploie à évoquer une expérience véritablement cauchemardesque, tapie dans les replis de nos anxiétés et nos angoisses, le tout avec une sorte de jubilation morbide.
Sortie : 12 avril 2024
Folterkammer – Weibernacht
Quand le black metal se compromet pour prendre une dimension symphonique, le résultat peut s’avérer malheureux, donnant dans le pire des cas une bouillie pompeuse et grandiloquente propre à rendre acceptable un genre sulfureux.
Ce serait alors une sorte de Macronie du metal, se voulant fédératrice mais incapable de maintenir l’illusion de son abyssale vacuité.
Folterkammer (chambre de torture en Allemand), c’est autre chose. Si le chant de la soprane Andromeda Anarchia adoucit des compositions, lesquelles ne souffrent par ailleurs aucune compromission, c’est pour mieux distiller gêne et infâme perversion, dans un mélange tout à fait enthousiasmant célébrant une puissance aussi indomptée que féminine.
Fustiger les oppressions religieuses tout en assénant quelques coups de fouet bien sentis, le tout dans la langue de Goethe et pour un plaisir coupable, voilà quel pourrait être l’ambitieux projet de la formation Suisso-Américaine.
Oserez pousser la porte du donjon aux milles tourments, avec ce nouvel Weibernacht ? Gageons qu’il vous en résultera que supplice rime avec délice.
Sortie : 19 avril 2024
Knocked Loose – You Won’t Go Before You’re Supposed To
Les monstres du metal hardcore sont de retour avec un nouvel album qui va poser encore une fois énormément de problèmes de nuques brisées. Le groupe confirme, avec ce You Won’t Go Before You’re Supposed To, non seulement qu’il est un mastodonte de la scène extrême nord-Américaine, mais aussi qu’il démontre d’autres ambitions, en dépassant les limites la scène hardcore à proprement parlé.
Sur une fine ligne de crête, les natifs du Kentucky vont chercher (par des collaborations ou en jouant sur des scènes plus généralistes par exemple) un autre public sans faire aucune concession sur la violence de leur son.
Ce dernier opus, placé sous le signe plutôt écrasant d’une croix immense, seule source de lumière dans la nuit noire, mais source toutefois bien artificielle et factice, fait la part belle aux doutes de ses auteurs.
Appuyer des réflexions tout en nuance (si le groupe fustige l’aveuglement des dévots et leur hypocrisie, dans un morceau comme Blinding Faith, la religion est davantage critiquée que rejetée) par un son pour le moins massif, en voilà un paradoxe. Qu’il est intéressant d’exprimer avec des beatdowns décérébrés que les défis de l’existence ne peuvent être abordés qu’avec finesse, doutes abyssaux et questionnements sans fin.
Sortie : 10 mai 2024
Ancst – Culture of Brutality
Quand les chemises brunes et autres nazillons pointent le bout de leur nez aux portes du pouvoir en France, les Berlinois de Ancst affirment une fois de plus, avec ce savant mélange blackened hardcore qui les caractérise, métaphore d’un feu jamais éteint couvant une colère toujours plus vive, que ce que vous détestez, c’est toujours et encore le capitalisme. Moins « pop » que leurs efforts précédents, ce nouveau Culture of Brutality se caractérise par un concentré de violence (20 morceaux pour 34 minutes) pour le moins sombre et radical.
Entre une profusion de blasts ravageurs et des riffs aussi légers qu’un pain d’osmium, parvient malgré tout à surgir une subtile mélancolie. Peut-être est-ce là une synthèse de leur travail, entre un Summits of Despondency qui faisait la part belle à quelques envolées lumineuses malgré une extrême densité, et leurs productions dark ambient telles que Desolation, comme une bande-son d’un univers de science-fiction dystopique à la froideur sépulcrale.
Il est étonnant de constater avec quel naturel Ancst parvient à trouver le temps de distiller ces moments suspendus, au milieu de ce déchaînement brutal et rêche, conférant à l’ensemble une dimension épique absolument enthousiasmante.
Sortie : 3 mai 2024
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