L’oeuvre sans fin
Tel pourrait être le surnom d’Orphée descendant aux enfers de l’ensemble Vox Luminis, paru au crépuscule de l’année 2019.
Conçue en deux volets aux caractères contrastés, la cantate de Marc-Antoine Charpentier rend hommage à l’une des figures les plus populaires de l’opéra depuis le XVIIe siècle. L’Orphée de Marc-Antoine Charpentier fut composé pour la Duchesse de Guise, Marie de Lorraine, en 1686 ou aux prémisses de l’année 1687. C’était la première fois qu’Orphée inspirait un opéra français.
Fait de deux actes et composé pour neuf voix, cet opéra de chambre raconte le mythe d’Orphée à la faveur d’une remarquable synthèse des styles français et italien.
Le premier se fait tout particulièrement entendre dans la fabrique d’une harmonie douce et soigneusement organisée, par exemple dans l’Ouverture. Son interprétation par Vox Luminis, avec le concours d’A Nocte Temporis se distingue notamment de celle des Correspondances de Sébastien Daucé, ou encore des Arts Florissants de William Christie, par un rythme lent et l’épaisseur qui s’en dégage.
D’autres passages bruissent des caractéristiques du style italien, si cher au compositeur qui, comme Lully, a contribué à façonner une cuture musicale française unique. Plus discrets que ne le sont les violes de gambe, les violons déploient de larges envolées lyriques au moment de la Descente aux enfers, qui ne laisse pas d’émouvoir l’auditeur. Quant à l’Entrée des fantômes, elle frappe par son grand figuralisme musical, qui s’appuie sur d’éloquents effets techniques. On reconnaît bien là le goût prononcé du compositeur pour les Beaux-Arts et l’esthétique de la description.
Servie par les voix d’artistes accomplis (notamment Deborah Cachet dont on admirera la précision) cette nouvelle interprétation du mythe d’Orphée aux enfers est un régal inachevé, qui ne laisse pas sur sa faim.
Charpentier: Orphée aux enfers
par Vox Luminis, A Nocte Temporis, Reinoud Van Mechelen, Lionel Meunier
CD paru chez Alpha
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