Organ Mug, artiste lausannois, encore inconnu chez nous en France, sort ce 8 février Here And There, un EP de toute beauté. Il y a un peu plus d’un an encore, son premier album Spinneret nous avait déjà considérablement séduit.

Difficile de mettre le musicien suisse dans une case précise tant il se plaît à varier les textures et à se balader sur des plages sonores qui évoquent des paysages à la fois volcaniques et désertiques. Il pourrait nous faire penser à un Sigur Ros – sublime « Secret Island », qui ouvre cet EP – ; à un Sébastien Schuller – troublant morceau, que ce « In a passenger seat » – ; voire à un Thom Yorke en mode bande  originale  – « A somewhere place »… pour finalement exploser dans la cavalcade techno étourdissante de « Caballus », que nous aurions bien du mal à raccorder à quelque influence que ce soit.

« A Somewhere Place » (4’02 »)

Car il ne faut pas chercher plus loin, Organ Mug possède un univers bien à lui, mystique, lunaire, minéral, avec un noyau sous-terrain souvent inquiétant, qui semble tout droit venu d’une autre planète. Tel un James Blake, le jeune trentenaire compose très souvent à partir d’un piano, puis s’amuse à jouer des sons, des vertiges et des innombrables possibilités et variations que lui offrent ses machines. Des machines qui, curieusement, sonnent comme profondément humaines, à l’instar de cette voix filtrée immédiatement identifiable quand on suit l’artiste depuis quelques années – au moins depuis son glaçant et fascinant « Sublime All Around You », issu de son EP Is this real life (2015).

« Sublime All Around You » (4’12 »)

Qu’on se le dise, Organ Mug est un artiste qui ne laisse rien au hasard, en témoigne le soin apporté à ses clips et à ses illustrations photographiques. Sans nul doute, et c’est le moins qu’on puisse espérer, ne tardera-t-il pas à se faire un nom au delà de sa Suisse natale. Notons bien qu’en ce début d’année, il lui a déjà été proposé d’assurer de prestigieuses premières parties, comme celle des Américains LOW et de l’Anglaise Anna Calvi.

Pour se faire une idée, rien de tel que l’écoute d’« Esteban », parfaite synthèse des différentes expérimentations du petit génie suisse.

« Esteban » (2’47 »)


Organ Mug, Here And There (2019) © Irascible Records

  1. Secret Islands
  2. A Somewhere Place
  3. Esteban
  4. In A Passenger Seat
  5. Deaf, Dumb And Blind
  6. Caballus

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