Stefano Bernardi – « Lux Æterna. Ein Salzburger Requiem »

Musicale cathédrale

Connu avant tout pour son Requiem, Stefano Bernardi a fait oeuvre considérable, en particulier pour qui veut comprendre le passage de la Renaissance à l’art baroque. Inventeur du stile concertato, faîte de l’art polyphonique, Stefano Bernardi fut à la fois un grand compositeur, et aussi, l’auteur de riches de travaux théoriques, qui enrichissent considérablement l’approche et l’interprétation de la musique ancienne. Parue à la fin de l’année 2019, la très belle interprétation du Requiem de Salzbourg est à coup sûr l’une des révélations musicales de cet automne, à offrir sans modération pour Noël.

Créé pour la consécration de la cathédrale de la ville de Salzbourg, où a longtemps officié Stefano Bernardi, le Requiem est écrit pour un ensemble de douze choeurs, dont singularité et complémentarité sont merveilleusement restituées. L’ensemble des Voces Suaves réussit en effet à concilier gigantisme et intimité, pour le plus grand plaisir des initiés comme des profanes. La très remarquée Sequentia illustre donne le ton de cet alliage remarquable, faits de contrastes saisissants entre d’une part le cantus firmus et l’entrelacs des voix, mais aussi, d’autre part, entre les lignes mélodiques. La personnalité des voix se fait entendre jusque dans le cantus firmus et la monodie, préludes aux envolées délicatement négociées vers le contrepoint. L’architecture musicale se dessine à l’écoute, dans un élan figural qui évoque l’art de l’enluminure et son infinie précision.

On devine les longues heures de travail, pour arriver au résultat final. L’attention portée aux voix se double d’ailleurs d’un souci de faire entendre chacun des instruments des sinfonias. Ce dernier transparaît tout particulièrement dans la Sinfonia seconda concertata, où la conversation entre les diverses lignes mélodiques est particulièrement belle. Loin d’occulter les voix, ces parenthèses instrumentales semblent au contraire les transposer dans un univers plus incarné, non moins divin.

Réunis par Tobias Wicky, baryton de son état, les Voces suaves sont de ces artistes qui parviennent à faire entendre la musique qu’on n’écoute plus assez. N’est-ce pas le sens d’un chef d’oeuvre ?

Stefano Bernardi – Lux Aeterna ein Salzburger Requiem par Voces Suaves/Concerto Scirocco
CD édité par Arcana

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