Les Sonics sont de retour et ils sont en grande forme. De retour ? Oui , en 2015, et avec un album riche de belles promesses. Jamais au grand jamais nous n’aurions pu croire à une telle reformation et surtout à une remise en route aussi étincelante. A vrai dire, le groupe faisait tellement partie des meubles du rock-garage US – dont le groupe est l’un des piliers, pour ne pas dire l’un des fondateurs – que nous n’y croyions plus ; mais il est une évidence maintenant, dès ses premiers concerts, le groupe de Tacoma a montré qu’il n’avait rien perdu malgré l’âge avancé de ses musiciens. La verve, l’énergie, l’agressivité qui sont au fondement de leur musique n’ont pas pris une ride.
Le phénomène revival que nous connaissons aujourd’hui nous offre la possibilité de revoir de vieilles gloires d’antan sur scène. L’aventure, car c’est une aventure, pour ces musiciens peut se solder par le bon, le très bon et parfois le mauvais ou… le pathétique. Mais les Sonics ont mis le paquet pour n’offrir que le bon depuis 2007. La tournée a été bien accueillie. Le public ne s’est pas trompé en courant à leurs concerts. Les critiques dans la presse spécialisée ont fait la part belle à un grand groupe de sexagénaires remis sur les rails. Mais qui sont vraiment ces Sonics ? Et qu’ont-ils de plus puissant que les autres pour revenir ainsi en force ? Car, au final, tout cela n’est simplement que du rock’n roll.
L’histoire des Sonics commence en 1963 aux U.S.A, à Tocama dans l’état de Washington, ville où ils sont toujours basés aujourd’hui. C’est donc dès cette année-là que leurs premiers balbutiements commencent. Larry et Andy Parypa (guitariste et bassiste) achètent une guitare et ce que l’on pourrait appeler une basse enfin, presqu’une basse ! Les informations sur le site officiel thesonicsboom.com sont très intéressantes à ce sujet. Leur mère les a très tôt encouragés et les accompagne même parfois. Cette même année, viennent les rejoindre : Bob Bennet à la batterie, Jerry Roslie au chant et enfin Rob Flind, ami de Roslie qui jouera du sax. Les Sonics sont nés.
Le nom du groupe fait référence aux usines Boeing, proches de Tocama. Le groupe joue à la manière des groupes de Seattle, et ….d’un avion supersonique….un rock’n roll énergique à la manière des Fabulous Wailers (rien à voir avec le groupe de Marley !). Mais les Sonics veulent faire plus fort et ils feront plus fort car ils portent bien leur nom. Exit le rock acidulé d’Elvis et autres confrères des années 50. Le rock garage va naître avec un chant agressif, des vocaux criards, une batterie énergique et des riffs bien acérés. Les groupes poussent les saturations au maximum, les enceintes sont trafiquées. Une légende dit même que le groupe de Tacoma aurait réussi à détruire le faux plafond de sa salle de répétition. Cette vague où les Sonics sont le chef de file voit d’autres groupes émerger comme les Kingsmen et les Frantics. Et, comme l’ont avancé beaucoup de spécialistes, n’étions –nous pas alors en train de découvrir la première vague de punk rock ?
Nous sommes en 1964. Les Sonics continuent à répéter de vieux standards du rock’n’roll. Ils rendent visite au label Etiquette records et ils donnent rendez-vous aux propriétaires du label dans leur garage pour une audition. C’est donc dans le garage de Bob Bennett que le premier standard de rock garage est composé. Après avoir joué des reprises, le groupe propose un riff accrocheur mais le chant ne colle pas avec. Ils demandent alors la possibilité de le retravailler et de le proposer une fois fini. Deux nouvelles visites au garage par le label, un changement de textes, la chanson « The Witch » est née. Les Sonics réalisent ainsi sur Etiquette Records leur premier enregistrement du single « The Witch ». Les passages en radio, le bouche à oreille font d’eux les bad boys du rock’n’roll et la nouvelle sensation à ne pas manquer. Passage en radio, programmation en clubs, en discothèque, concerts : leur notoriété n’est plus à faire et la sortie d’un album devient imminente et pressée.
Ils enregistrent sur Seattle puis sur Washington dès 1964 « Here are the Sonics » leur premier album. Cette sortie les établit comme le groupe le plus progressif et excitant du nord-ouest américain.
Les Sonics restent aussi les célèbres compositeurs et interprètes et d’un autre titre très fort : « Psycho ». D’abord prévu pour la face B du single « The Witch » il figurera en véritable tube et brûlot essentiel du groupe. La chanson est une attaque en règle sur la musique qui se fait autour d’eux et de l’etablishment. Punks les Sonics ? Certainement et avant tout le monde. Le morceau marche du tonnerre à la radio et Etiquette Records leur commande un second album.
Ils enregistrent à Tacoma « Sonic Boom » qui sera le second et dernier album enregistré chez Etiquette Records. « Sonic Boom » sera finalisé en 1966. Les fameux Wailers de Seattle y font quelques apparitions en guest stars. Blanc et noir, ce seront les couleurs de la pochette. Les Sonics y trônent sur un cliché du photographe Jimi Dellaciao et l’artwork de la pochette est confié à Zane Baker. Les Sonics quittent alors le label Etiquette Records et rejoignent la scène de Seattle et rentrent au label Jerden Records.
Le label Jerden Records veut faire des Sonics un groupe bien plus grand qu’ils ne sont, c’est l’inverse qui se produira :Ils sortent en 1967 leur troisième album « Introducing The Sonics ». Décevant, la couleur psychédélique n’y change rien, un son creux mais, reconnaissons-le, une vraie base de rock garage. La formation originelle se sépare juste après cet échec mais en laissant une forte source d’influence qui courra jusque dans les années 70 pour des groupes comme Stooges, Cramps, plus tard Fleshtones.
Il faudra attendre les années 80 pour retrouver le groupe. En 1980, il ne reste que Gerry Roslie. Il reforme les Sonics avec d’autres membres et propose un album « Sinderella » tendance punk et new-wave. Et puis cela sera à nouveau de longues années de silence jusqu’en 2008 où l’on retrouve leur nom sur des affiches de concerts. Ils sont invités dans les plus grands festivals. En 2009 ils jouent à Austin puis à Toronto. Plus tard ce sera la tournée en Europe et les critiques seront unanimes : Les Sonics sont de retour et ils tiennent la route. La formation est alors quasiment celle des origines. Ils s’accompagnent d’un nouveau batteur Dusty Watson qui a beaucoup d’expériences derrière lui (Dick Dale, The Surfaris, Davie Allan and the Arrows, Agent Orange, Lita Ford).
Et en avril 2015 tombe dans les bacs « This is The Sonics » qui confirme en studio ce que le groupe donne en live. Les Stooges, White Stripes, Hives, Jim Jones Revue les ont souvent cités en influence majeure, aussi, rien de plus normal que le groupe de Washington leur ait fait confiance.
C’est ainsi que l’on retrouve Jack Endino, le cerveau sonique du grunge pour l’enregistrement analogique et Jim Diamond, ancien producteur des White Stripes pour le mix final et en mono. Ils s’épaulent d’un bassiste haut en couleurs en la personne de Freddy Dennis (ex-kingsmen). Là encore, il y avait un gros risque commercial, pourtant le groupe enfonce le clou en offrant sur l’album 4 compositions inédites et des reprises très enlevées, comme I don’t Need No Doctor, qui laissent augurer du meilleur dans le futur du groupe de sexagénaires. Leur rock est là et bien là. Il rivalise de manière magistrale avec leurs premières et légendaires créations. Nous sommes devant un monument, un grand monument, un groupe en pleine possessions de ses forces vives malgré les années. Ils sont peut-être là pour nous rappeler ce que signifie le mot de 4 lettres dont nous nous affublons pour parfois nous démarquer :ROCK. Ici, sur album, sur scène et dans leur histoire ce mot-là prend une dimension particulière, sa dimension. Ce sont les Sonics ! Bienvenue chez nous !
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Hubert Bonnard
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