Le punk est mort parait-il, mais avant sa mise en bière, laquelle qui n’en finit pas – et en canette longue de préférence – il conviendrait d’en définir les contours, lesquels tiennent sûrement du zombi à crête. Est-il obligatoire de vivre dans des squats et de ne jurer que par les bars miteux pour être habilité à être punk ? Rien n’est moins sûr. Un poil à gratter propre à agacer l’establishment ? Une musique cathartique pour une jeunesse en mal de transgression ? Une affirmation de soi en rupture avec les codes, qu’ils soient sociaux ou de l’ordre du solfège ? Certainement davantage !

Alors que la scène se trouve phagocytée par le metal et ses composantes hardcore prétendument radicales, la vieille garde n’en est plus qu’à s’autoparodier dans une posture pseudo rock tendance has been. Fort heureusement, un vent d’une fraîcheur bienvenu souffle des Etats-Unis avec The Linda Lindas, qui avait déjà fait forte impression avec quelques titres et un premier album appelé Growing Up, déjà fort plaisant.

Dans No Obligation, on retrouve ces quatre jeunes filles (deux sœurs, une cousine, une amie proche) profitant de leurs vacances d’été pour produire une galette pimentée par un mélange magique d’ingénuité, de fraîcheur, mais aussi d’une vraie maturité. Il faut dire que malgré leur jeune âge, les quatre Linda Lindas ont déjà foulé bon nombre de grandes scènes en ouverture de groupes prestigieux. Citons par exemple les Bikini Kills, groupe essentiel du mouvement punk féministe riot girls des années 90, lesquelles ont adoubé les adolescentes californiennes en leur permettant de faire leur première partie.

Inévitablement, ces mêmes années 90 infusent le style du quatuor, oscillant au gré des composition entre l’indie rock, le garage rock ou même le skate punk, presque une évidence dans leur Californie d’origine. Pour autant, The Linda Lindas est bien un groupe de son temps : voici des filles plus ou moins latino/asiatiques déboulant sur scène entre le cours d’EPS et l’évaluation de math telles des personnages issus du cahier des charges d’une série de certaines plateformes de streaming (elles apparaissent par ailleurs sur l’une d’entre-elles). Au-delà d’une iconographie colorée qui leur est propre, et loin d’une simple posture marketing, la musique qu’elles jouent prend tout son sens, rappelant les années lycée, entre spleen, ennui et désir d’émancipation.

L’écoute de cette douzaine de titres, courts et aux refrains redoutables (All in my head semble à ce titre taillé pour l’antique bande FM), en Anglais ou en Espagnol (Yo Me Estreso) procure une irrépressible envie de gigoter dans tous les sens devant l’ampli Marshall. La seule question est celle d’un oiseau de mauvais augure : seront-elles capables de conserver cette énergie revigorante, entre hargne et candeur, dans une carrière qu’on leur souhaite longue et flamboyante ?

Date de sortie : 11/10/2024

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A propos de François ARMAND

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