Changer les couleurs sur la ville

Top To Bottom Festival 2017[1]

Du 16 au 17 septembre s’est tenu le Top to Bottom Festival à Paris. L’occasion de belles retrouvailles pour différents artistes, des murs jusqu’aux mots.

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 Dans le documentaire unique est historique (puisqu’il dresse un état des lieux de la culture Hip Hop en 1996) de Jean Pierre Thorn, « Faire kiffer les anges[2] », il y a une scène d’ouverture qui plante le décor. Dans les pires blocs de béton qu’on dit « cité », (ici les Minguettes[3] à Vénissieux 69), un jeune homme, Noredine, livre un réquisitoire aussi court que sans illusion. (On peut regarder le reste de ce documentaire exceptionnel)

Tout le paradoxe du graff officiel qui risque de finir en tableau d’exposition, n’échappe pas, plus de vingt ans plus tôt, à Noredine, qui s’est efforcé, justement, d’inscrire tout en haut du panneau : «Le graffiti n’est pas un art, c’est une pulsion.»


Interview du graffeur Saner

Qu’en est-il de cette pulsion aujourd’hui ?

Rencontre avec Saner, vingt-neuf ans,  graffiti artiste originaire des Yvelines, à l’occasion du Top to Bottom Férial.
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Vk : Comment es-tu venu au graff ?

Saner : Avec un copain de classe. On s’est trouvé au fond de la classe, et c’est lui qui m’a donné envie. On a trouvé un terrain vague à côté de chez nous, dans une zone désaffectée. C’est là qu’on a fait nos premiers graffs, à l’âge de quatorze ans.

Je lui parle alors de Noureddine  et de l’esprit des premiers graffeurs  des années 90 et de maintenant.

Vk : Est-ce que tu mesures l’écart entre cette période et ces mecs-là qui pouvaient dire nous « on est la génération grillée » et maintenant où le street art est presque au musée, en galerie d’art et etc….. ?

S : Il y a, oui, un contraste énorme mais ça ne touche pas cent pour cent des protagonistes. Tu as justement utilisé le terme de street art, ce qui est quelque chose qui n’est pas forcément apprécié dans le milieu du graffiti. Personnellement je tiens à ce que ce soit du graffiti et pas un four tout qu’on appellerait street art. Tu prends les collages, les pochoirs, ce ne sont pas du tout la même chose. Comme si on mettait le rap et le rock dans la même case. Ce sont des domaines différents. Alors peut-être, parce que c’est fait dans la rue, on veut tout mettre ensemble sous une même étiquette. Mais ça ne l’est pas. Le graffiti pour moi, c’est fait dans la rue, pour la rue. Pour être entre potes et se faire plaisir. Je respecte pour ma part une base de lettres que j’ai gardé du début jusqu’à la fin. Par contre ce n’est pas parce que je ne fais pas des lettres que ce n’est pas du graffiti. Le terme de street art ne correspond pas vraiment au graffiti.

Vk :   Il y a une histoire de ce type de lettrine ?

S : Oui. Au début on est à New York où des mecs écrivent tout simplement leur nom sur des murs, avec ou sans style, dans une démarche plutôt primitive pour marquer son terrain. Puis le style à évolué en tordant les lettres, les déformant pour entrer dans différents codes qui ont été mis au fur et à mesure. Encore une fois, ce qui est important c’est la notion de plaisir, qui est présente à l’origine du truc. Comme on dessine dans sa chambre, nous dessinons sur des murs.

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Vk : Si tu n’avais pas fait ça tu penses que tu aurais fait quoi pour t’exprimer ?

S : Aucune idée. Peut-être que je me serais mis à faire du sport, peut être j’aurais fait de la sculpture, que je serais en train de bouquiner ou d’être collé sur des jeux vidéo….J’en sais rien ! C’est vrai que cela m’a occupé depuis l’adolescence, et malgré l’image que ça peut avoir, c’est une activité relativement saine.  On sort, on s’exprime, on dessine sur des murs, on est entre potes.

Vk : Est-ce que ça te fait vivre ?

S : Non absolument pas. Je suis responsable d’un magasin. Rien à voir avec la peinture. D’ailleurs pour moi c’est important de dissocier les deux. Je n’aimerais pas être dans l’oblisgation de peindre pour remplir mon frigo !

Vk : Il y a une histoire de l’évolution du Graff j’imagine ? Toi tu te situes comment par rapport à ça ?

S : Oui, comme tous courants. Je ne suis pas intéressé par me situer.  Bien sûr je regarde ce qui se passe, cela stimule mon envie de peindre. Mais on prend de l’inspiration partout, autant dans un film, une bd, une musique, une pub, de l’architecture….tout un tas de choses qui rentrent en compte dans l’utilisation des couleurs et du trait. Perso j’aime bien les choses un peu pop du coup ça vient pas du tout de l’univers graffiti.

Vk : De  quoi à besoin cette culture aujourd’hui pour avancer. A moins qu’elle soit à maturité ?

S : Tant que les gens peindront nous serons loin d’une quelconque maturité. On doit développer les choses, les techniques, les formes, tout en restant sur les bases. D’où nous venons. Longue vie au graffiti et à l’expression sous toutes ces formes. En tout cas une chose est certaine, le graff n’est pas du tout à maturité.

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Pour suivre (ou en un seul mot aussi) :

https://www.facebook.com/sanerhvakgb/

https://www.instagram.com/sanerlipopette/

https://www.flickr.com/photos/sanersa/

 

[1] http://www.toptobottomfestival.com/

[2] Les Anges ce sont le gens en verlan

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Minguettes

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A propos de Vasken Koutoudjian

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