Un spectacle, un homme, des mains, une solitude et la rage au milieu.
–
De mes propres mains est l’histoire d’une chute, celle d’un homme perdu et détaché de tout. De son ami, Hans, de l’amour de sa vie, M., de ses voisins, de sa crémière, de son droguiste et de sa si régulière prostituée : le monde de cet homme tombe avec lui, contre lui, en lui.
Il est seul. Désespérément isolé qu’il est dans une colère qui l’entraîne et l’emmène jusqu’au bout des spectateurs à mesure de tripes lancées.
« nous sommes des hommes sauvés parce que nous savons que vivre, c’est se lever marcher manger travailler et dormir et puis recommencer tout simplement
nous sommes des hommes sauvés parce que notre peau aime qu’une autre peau contre elle vienne se poser
tout simplement
nous sommes des hommes sauvés car la terre nous a été donnée immense et peuplée
couverte de livres de musique et d’images
nous sommes des hommes sauvés enfin
car comme ceux qui vinrent avant nous
nous avons construit notre vie sur l’amour
et moi je dis
dans tout cela je ne me reconnais pas », De mes propres mains, Pascal Rambert (Editions les Solitaires Intempestifs).
Sur scène, seul donc, tendu, Arthur Nauzyciel, comme avant lui Eric Doye, Charles Berling ou bien encore la performeuse américaine Kate Moran, donne et balance tout. Quelques fois il reprend contenance, se repositionne et fait silence. Il souffle dans ses mains comme s’il y tenait un petit oiseau mort. Il est fou, très à la brèche, il est démon, tueur, manipulateur, dangereux, puis il se radoucit, semble possèder toute la connaissance du monde lorsqu’il se fait chien.
« Je jappe je fais tourner les ballons sur mon nez je renifle les femmes sans trouver la vallée odorante de M. je dis à un enfant prends-moi comme peluche morte et enterre-moi dans le sable qui est sous la mer », Entre mes Mains, Pascal Rambert (Editions les Solitaires Intempestifs).
Sans concession le texte de Pascal Rambert frappe le spectateur sur 50 minutes à la façon d’un uppercut. Il lui est jeté au visage sans aucune esbroufe ni effet.
« tue-toi
abrège-toi
ose le crime fou d’oser te supprimer », de mes propres mains, Pascal Rambert (Editions les Solitaires Intempestifs).
C’est un moment violent, dense autant qu’intense qui, comme toujours chez Rambert, place le texte au centre de tout.
A découvrir jusqu’au 31 janvier au T2G, Théâtre de Gennevilliers.
© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).