Ce qui est rare, se mérite. L’Underground, le Culte ont été, sont et seront toujours hors des sentiers battus. Cachée dans l’enceinte de la splendide médiathèque François Sagan, une exposition célèbre les 60 ans d’un voisin cultissime : le cinéma Brady (situé également dans le 10e). Mise en oeuvre avec ferveur et talent par Gilles Chétanian qui en assure des visites, cette exposition rend un hommage réjouissant au cinéma dans l’absolu et surtout, aux salles de cinémas en général et aux salles de quartier, en particulier. Elle s’inscrit dans la foulée de la sortie de l’irrésistible livre qu’un ancien projectionniste du cinéma, Jacques Thorens lui a consacré : Le Brady, cinéma des damnés.
Un bref historique : fondé en 1956 sur le boulevard de Strasbourg, le Brady reste l’un des derniers témoins d’une cinéphilie de quartier, suite à la fermeture d’autres salles telles que le Midi Minuit située sur les Grands Boulevards. C’est à partir de l’automne 1965 que le Brady, repris par Henri Douvin, le propriétaire du Styx ou de l’Eldorado, se dédie au cinéma d’horreur et du fantastiqueFilms de cannibales, mort- vivants, giallo ou encore monstres des profondeurs, le Brady est devenu depuis un incontournable pour tout amoureux du cinéma bis. Les années 70 voient se mettre en place un système de double programme qui s’arrêtera en 2003. Ce dispositif attire des spectateurs hétéroclites, souvent marginaux, faisant du Brady un véritable lieu social, à l’opposé total des multiplexes, omniprésent aujourd’hui, marqués par une certaine forme de désincarnation. De 1994 à 2011, le cinéaste frondeur Jean-Pierre Mocky reprend le cinéma, en profitant pour y diffuser sa plus que généreuse filmographie, dont la singularité l’écarte du circuit classique. Ainsi, sa propre salle deviendra le lieu principal (voire, unique) de diffusion de son œuvre iconoclaste. Mocky assurera lui-même nombreuses séances avec son bagout unique, nourrissant chaque séance d’anecdotes savoureuses. Notamment, le récit invraisemblable de la veuve Bourvil se rendant aux obsèques de son tendre et qui fut renversée par un camion Darty… Aujourd’hui, il est davantage axé sur les sorties actuelles, permettant notamment aux films qui ne bénéficient pas d’une exploitation importante de rester à l’affiche. Il s’investit également dans la projection de films étrangers et orientés vers un public jeune. Ou encore, obtient des chiffres records de fréquentation, en étant le seul cinéma parisien à projeter des films turcs.
A la fois, ambitieuse (lire plus bas) et modeste car soixante ans d’histoires de cinéma sont compressés dans un petit espace, l’exposition est judicieusement séparé en quatre époques par Chétanian. Ce que dit Gilles C du travail de Georges-Henri Rivière, un des mentors de Henri Langlois, résume bien un des enjeux de cette belle exposition : Rivière défendait une vision du patrimoine dite de sauvegarde, où l’on se préoccupe plus de maintenir une pratique en vie qu’une vision patrimoniale, dite de conservation, où l’on soustrait les objets de leur usage commun et de leur contexte d’origine pour les protéger de l’usure du temps. Entretien complet avec Gilles Chétanian, ici : https://mediathequeducarresaintlazare.wordpress.com/2016/06/18/rencontre-avec-gilles-chetanian-commissaire-de-lexposition Visible tous les jours
Un des –sympathiques-buts avoués de l’exposition est aussi de générer une occasion de rencontrer des anciens spectateurs du Brady et de découvrir d’autres pratiques de la salle à diverses époques. A vous d’aller voir de visu ce Pari(s) réussi, ce Paris parallèle.
De plus, l’expo s’accompagne de nombreuses visites et projections, cf agenda ci joint : http://www.paris-bibliotheques.org/wp-content/uploads/2016/05/CP-BRADY-OK.pdf
Exposition du 1er juin au 18 septembre- Médiathèque Françoise Sagan-8 rue Léon Schwartzenber, 75010 Paris. Séances spéciales les 17 et 18/09
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