Gengis comme « dans les gencives » : en s’armant de métaphores crues, parfois violentes, souvent drôles, Motton parle de la société de consommation et du devenir des hommes. Gengis et ses sujets bioniques évoluent dans une entité sociale indéfinie, animée de soubresauts, d’envie, de jalousie et de luxure. Monarchie et entreprise s’y confondent, et les personnages trompent leur ennui en développant de nouvelles gammes d’asservissement du peuple et d’optimisation des profits. La pièce pique, interpelle, malmène, provoque, en empruntant beaucoup au théâtre de la farce, aussi bien dans le texte que du point de vue de la mise en scène. Ca crie, ça geint, ça jure et ça pousse la caricature à l’extrême, avec le rire en soupape.
Gengis comme « les gens » : tout le monde en prend pour son grade et particulièrement les jeunes, censés en théorie prendre la relève pour rendre le monde meilleur, mais qui sont ici le cœur de cible d’une opération marketing destinée à booster les ventes de nœuds coulants. Le monde est dépeint comme une zone de non-droit fantasmagorique qui se définit par le « rien », où le peuple et les jeunes ne sont que des pions, où la société devient néant, une illusion soumise à l’impérialisme et au capitalisme. L’Homme y est un jouet aux mains des puissants, le destin des carcasses se confond avec l’appauvrissement écologique, le confort augmenté de l’économie. La conscience collective est en veille, l’Homme se définit non plus par son mode de vie, mais par son mode de mort.
Gengis comme « genèse » : jusqu’au jour où Gengis rencontre Lilipuce, une ouvrière philippine exploitée dont il tombe amoureux, et quitte son état de machine pour devenir homme. Sous les traits d’une marionnette, Lilipuce représente à contre-pied la figure de l’humain, de la responsabilité individuelle, du libre-arbitre et de l’espoir. Porté par l’amour, Gengis part alors en quête identitaire, vers une renaissance salutaire.
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