"Le couronnement de Poppée", Jérôme Correas / Christophe Rauck – TGP

Un public éclectique dans une salle comble applaudit chaleureusement les artistes en ce frileux samedi de janvier. Dans une volonté commune d’ouvrir l’art lyrique à tous, l’Arcal et le Théâtre Gérard Philipe ont joint leurs ressources pour monter  le dernier opéra de Monteverdi, dont la passion baroque retentit encore avec force plus de 350 ans après sa création.
En prologue, la Fortune et la Vertu se crêpent le chignon : laquelle gouverne le destin des hommes ? C’est compter sans L’Amour, qui s’en mêle et les coiffe au poteau. Belle introduction métaphorique à l’histoire de la courtisane Poppée, dont le désir ambitieux la mènera tout droit jusqu’à la couronne d’impératrice aux côtés de Néron, balayant sur son passage tous les obstacles qui croiseront sa route. Course au pouvoir ? Course à l’amour ? Les nuances sont floues dans cette œuvre, où l’énergie des passions supplante leur aboutissement.
Trouvant écho jusque dans la salle, où l’ancien cadre de scène rénové côtoie la modernité technique, la mise en scène de Christophe Rauck (directeur du TGP) repose visuellement sur la beauté d’une noble atemporalité. Amples drapés d’une simple évidence, éclats d’or lumineux sur des peintures murales graphiques, divins clair-obscurs et sobres estrades à corniches, composent une ambiance qui évoque à la fois la mythologie, l’antique, le contemporain et permettent à l’œuvre une résonance universelle.
Du côté de la distribution des rôles, comme dans la Bérénice de Faustin Linyekula la confusion des genres est au rendez-vous, avec l’interprétation de Néron par une femme, une nourrice homme et un valet femme. Argument politico-social revendicateur chez Linyekula, le motif est moins clair ici, hésitant entre plusieurs possibilités de partis pris. Néanmoins coup de fouet fantaisiste à l’ensemble, le « nourricier » a le mérite d’apporter un humour certain, mais le travesti en Vespa est moins convaincant au son du clavecin. Penchons donc pour la revanche des femmes ou l’abolition des repères sexués, dans un possible degré de lecture.
Notons également que le tout semble s’accorder à mettre les chanteurs sur un pied d’égalité, sans chercher à distinguer réellement les premiers et seconds rôles du point de vue du chant ou de leur présence scénique. Chacun a ainsi son moment propre et son importance dans la partition visuelle et sonore. Cela contribue à faire de ce spectacle une expérience intime et mémorable, novatrice pour les initiés à l’opéra et/ou, comme le souhaitent les directeurs du projet, séduisante pour les nouveaux spectateurs.
A voir jusqu’au 20 janvier au Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis, puis en tournée
« Le couronnement de Poppée »
opéra de Claudio Monteverdi et livret de Giovanni Francesco Busenello
Direction musicale : Jérôme Correas
Mise en scène : Christophe Rauck
Musique : Les Paladins
Durée : 3h avec entracte
TP : 24€ / TR : 15€ 

le couronnement de Poppée Christophe Rauck

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