Seulement présent en vidéo cette fois, Christophe Salengro ne parvient pas à insuffler un minimum de légèreté à l’ensemble avec ses mimiques filmées, au charme pourtant irrésistible et célèbre. D’une oreille incrédule et larguée, on écoute les textes qu’il a écrits pour le spectacle en collaboration avec Gherasim Luca sans parvenir à saisir le rapport avec le propos. Si on ajoute à cela le chant lancinant et geignard de Nosfell en live, il faut compter sur la seule contribution discrète de Pierre le Bourgeois au violoncelle pour rasséréner les troupes. Le réconfort n’est que temporaire, puisque la tension dramatique va croissante et en disproportion jusqu’à une triple agonie finale incluant un tableau collectif autour de la crucifixion, en passant par une référence au bondage sur fond sonore strident. On a connu la troupe plus insouciante, en maillot de bain à l’ombre d’un sombrero…
Bavard et opaque, « Octopus » utilise aussi le procédé vidéo à outrance, notamment à l’aide d’une caméra surplombante dont la répétition hypnotise et fatigue. A l’écran, de l’empreinte thermique au kaléidoscope, les idées fusent en détournant un peu trop longuement le regard de la scène et éclipsent à jamais la fraicheur d’antan qui subsistait, fugace, dans un jeu de jambes ou un coude à coude bien (re)trouvés. Sans oublier les références au cirque, qui nous valent un final plutôt kitsch aux couleurs du Cirque de Pékin, ni l’incongruité d’un message multiculturaliste au détour de la nudité ambiante. Trêve d’hommage à Béjart, cette marée des corps n’inspire qu’une saturation désolante étant donné le crédit accordé à Philippe Decouflé, le bien-aimé chorégraphe, qui vient de sombrer dans la surenchère anxiogène.
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