Prisonnier d’un cube éclairé au néon avec pour seule compagnie une sorte de robot-caméra articulé, Pierre Rigal revisite l’allégorie de la caverne. Sa cellule-prison rétrécissant peu à peu, il lutte contre la fatalité d’un inexorable écrasement en usant de stratagèmes acrobatiques pour mettre en lumière la relative liberté de son corps captif.
Alternant des moments d’agitation frénétique intenses et de longs passages introspectifs, le spectacle interroge sur l’état du personnage, sur les limites physiques et morales de sa situation, et sur la projection de celle-ci à travers le prisme des normes sociétales et carcans de toutes sortes.
Le fond sonore, entre stridence électronique et musique de western, oppose continuellement asphyxie et espace. L’engloutissement par les murs ou la machine est une donnée consciente et constante. Pourtant, la lenteur des passages de réflexion et l’énergie décuplée de ce corps dans un cadre aussi réduit évoquent à chaque instant une possible dérobade.
L’optimisme et l’espoir illuminent en effet cette vision peu reluisante de la condition humaine moderne, grâce au sens de l’humour et à la poésie décalée de l’artiste. Un banal croisement de jambes où on ne l’attend pas, sa façon répétée de réajuster son costume, un tableau entier où il escamote sa propre tête, replacent l’humanité où elle tendait à disparaître. D’étonnants effets d’optique, créés par des postures incongrues, prennent le relais de la dérision et détournent paradoxalement les perspectives.
Collaborateur d’
Aurélien Bory et rappelant les travaux respectifs de
Tsirihaka Harrivel dans « Contremoi » avec un procédé de poulie et les effets vidéo de
Jean-Baptiste André avec « Intérieur nuit », Pierre Rigal réunit performance et profondeur pour un manifeste silencieux contre l’oppression de l’esprit et du corps.
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