« Une (micro) histoire économique du monde, dansée » -Le titre à rallonge est parlant, soyez prêts à voir plusieurs spectacles en un et à recevoir une foule d’informations. Un soir de semaine, 50 personnes sur scène et autant dans la salle : bien qu’infortuné, l’effet miroir est inespéré. Comme le titre l’indique, il est question d’un zoom sur notre monde. A cet effet, on se retrouve en face d’un groupe hétérogène par l’âge, la taille, l’origine, la couleur du pull, mais aussi la profession car la majorité regroupe des artistes amateurs. 15 participants à un atelier d’écriture et 15 choristes contribuent au projet, aussi bien dans sa conception que dans sa représentation, et constituent l’effectif renouvelable de la future tournée, qui trouvera un ancrage local à chaque escale. L’équipe permanente compte le metteur en scène, quatre comédiennes et un philosophe.
Schématiquement, la trentaine de figurants représente notre individualité collective, notre vécu à la fois anonyme et personnel, tandis que les comédiennes travaillent sur l’aspect historique à travers plusieurs scénettes. Le philosophe est supposé relier ces deux constituantes par la théorie, improvisée chaque soir. Par ces différents niveaux d’entrée, les sujets abordés sont multiples et reliés de près ou de loin au capitalisme. A la lueur des néons blafards de supermarché, ça parle naissance de la bourse, productivité, profit, crise financière, mais aussi famille, deuil, souvenir, pêche au filet. Annoncé par un jingle récurrent, Eric Méchoulan fait ses entrées au micro et vient nous abreuver de sens conducteur. Et c’est là que ça se complique, car malgré un certain talent pédagogique, entre anthropologie, économie, sociologie et philosophie, le fond est opaque, le langage savant et la saturation rapide.
Le spectacle trouve sa force, mais aussi ses faiblesses, dans un déséquilibre constant entre abstraction et didactique, juxtaposition et liant. Si cela profite au rythme et à une tonalité ludique, l’effort perpétuel de donner du sens à l’ensemble finit par tourner à vide, en devenant parfois verbeux. La forme, quant à elle, est aussi déconcertante qu’emplie d’une beauté maladroite, comme par exemple la gestuelle répétitive liée à l’évocation du primitif, tardivement mise en lumière, ou encore le rassemblement d’objets personnels, dont l’élan inabouti pourrait constituer à lui-seul la matière d’un spectacle. Finalement pas vraiment dansée ni chantée, cette (micro) histoire économique du monde est fourmillante d’idées, certes, mais se cantonne au théâtre élitiste par son inaccessibilité aux yeux du spectateur non-initié, qui se sentira vraisemblablement à la fois inclus et exclu. Serait-ce justement le propos du spectacle, qui se termine en musique avec « Knockin’ on heaven’s door » ? Cela reste à débattre…
Durée : 1h30
TP : 22€ / TR : 15€ – 11€ – 9€
(c) Pierre Grosbois
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