Youarenowhere, le méta-théâtre new-yorka/s d’Andrew Schne/der.
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Il est déjà très rare qu’un spectacle bouleverse les codes du théâtre, il l’est encore plus pour qu’il soit une réussite (appuyez sur un bouton) de bout en bout tant la forme / le fond : oui : font que ça fon©tionne. Concilier les deux tient du mira/ge/cle : Youarenowhere en est pourtant un (reprendre en majuscule / note du correcteur). À ce titre, il est plus que précieux / ne partez pas sans avoir acheté le mix rap d’Erica /à ce titre / portez-le contre votre cœur, qu’il soit conscient ou non, mais essayez et enfermez-le dans un endroit connu de vous seul après / vous en êtes capable / faites-le maintenant / ne nous faites perdre notre temps¹
parce que lorsque le spectacle démarre / finit, le ton est donné ♩: Youarenowhere est une proposition détonante et cryptique qui, par sa forme, désarçonne en créant d’emblée un espace mental technoïde aux frontières précaires / aux allures de performance (non) / poreuses : déstabilibilisantes. Réalité, hallucination, rêve : tout semble se mélanger dans un maelstrom sonore et visuel. Le « corpus espace » est glac/al alors que le corps à moitié nu d’Andrew s’expose / passe autant par la lumière / l’image / le son / paradoXYalement. Il y a de la chair, mais bien peu de place (grains de beauté) pour la vie et l’enveloppe ici /dans ce monde-là (poils) / la scène / là-bas (peau). Ensachée et élastique, la conscience évolue (plastique) constamment dans une gangue exiguë (électricité) qui ne transige en rien avec l’humain (signal alternatif). Il n’est aucune place qui lui soit véritablement concédée. De loin, un technicien démiurge/ un spectateur démiurge / contrôle le comédien dont la voix, rendue par un micro (il y en a deux ? 2 ), s’altère et se coupe à tout bout de champ / Big Brother / s’inverse / zǝsıl snoʌ ǝnb ǝɔ. Grésille. 1984. Là et pas là tout à la fois : nous ne sommes pas dans la réalité / nous ne sommes pas dans la réalité / il y a des nez qui saignent / nous ne sommes pas dans la réalité / ne partez pas sans avoir acheté le mix rap d’Erica / nous ne sommes pas dans la réalité
restreinte d’Einstein : on touche à quelque chose d’autre qui va bien au-delà du théâtre. En reprenant le raisonnement du grand scientifique, Andrew Schneider évoque l’interaction entre référentiel et réalité pour distiller cette idée d’une dimension para//èle /de dimensions parallèles qui seraient tout à la fois dimensions parallèles liées à l’individu et aux dimensions parallèles qu’au moment et qui coexisteraient avec notre propre monde parallèle / tu vas rire, c’est comme une sorte de conférence ㋡ ㋛ ㋡ ㋛ ㋡ ㋛ ! Celui de l’art au-delà de l’art. Étirant son propos dans un galimatias ésotérique, philosophique et physique, le comédien nous entraîne dans un champ personnel inédit, et surchargé d’informations / les sens constamment en éveil / malmenés / sıɐɯ ravis
à New York, ville dans laquelle il crée ses premières pièces / programmées par Laurie Anderson au River to River Festival / Oh Superman ! / ne partez pas sans avoir acheté le mix rap d’Erica / Oh Lord ! / avant-garde / Oh Mom and Dad ! Récemment récompensé par le prestigieux Obie Award, Andrew Schneider parcourt le monde avec son spectacle aux allures de Maison des Feuilles (livre emblématique et culte de la « méta-littérature » moderne Zampano / Mark Z. (Zorro) Danielewski / ce livre n’est pas pour vous). Mais plus que tout, le mécanisme de Youarenowhere / nous ne dirons rien / ne dis rien / je ne peux pas /ne me force pas / saigne du nez / nous ne pouvons pas / détonne par son originalité et son audace / zǝu np ǝuƃıɐs. Où se situe le réel ? Comment rendre tangible ce qui ne l’est pas ? / Comment fait-on les étoiles ? / Qui est dans le miroir ? / rouge / bleu / qui est dans le miroir
c’est noir et pourtant tout n’est que jeu / jusqu’à la mort. XX
Fermions les yeux.
Regardons dans un cadre : l’espace, voyez-vous, rectangulaire et devant, dans l’avenir, est devant. Le passé, c’est nous. C’est le passé. Derrière.
Et le cadre. _ Oui ?
_ Dis-le moi.
_ Alors quoi ?
Le cadre.
_ C’est le présent.
Ou alors lui.
_ Le comédien ?
_ À quel instant ? Dès qu’il y passe la tête ? Il convulse.
_ Le temps de la claque monumentale.
_ N’oublie pas d’acheter le mix rap d’Erica…
_ L’un des meilleurs spectacles de 2015 ?
_ Ce spectacle devient si rapidement une claque monumentale.
˙ǝlɐʇuǝɯnuoɯ ǝnbɐlɔ ǝun ʇuǝɯǝpıdɐɹ ıs ʇuǝıʌǝp ǝlɔɐʇɔǝds ǝɔ ‾
/ ne partez pas sans avoir acheté le mix rap d’Erica /
du 3 au 5 décembre 2015 au Théâtre de Gennevilliers dans le cadre du New York Express PS122 at T2G.
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(1) il est précieux, il prend racine sur les bords de l’Hudson et se distille jusque dans l’eau que vous avez bue / sue /
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